Sans doute l’une des plus talentueuses chanteuses de sa génération, Whitney Houston est décédée, quasi ruinée, dans une chambre d’hôtel de Beverly Hills. Elle rejoint, dans la catégorie des grands artistes musicaux qui finissent mal, son compatriote Memphis Slim (1915-1988).

Memphis Slim ne mourut pas tout à fait dans la misère puisqu’il fut décoré par Jack Lang de l’Ordre des arts et des lettres, en 1986, deux ans avant sa mort à Paris. Comme Sidney Bechet, autre grand nom du jazz, ou plus récemment Dee Dee Bridgewater, Memphis Slim avait préféré vivre le plus souvent en France. C’est peut-être ce que n’a pas su faire Whitney Houston, montée trop haut et peut-être trop vite, et qui n’a pas su redescendre, comme d’autres avant elle (je pense à Joe Cocker), de trop grandes scènes pour regrimper les échelons.

Memphis Slim, vers la fin de sa vie, n’assurait plus du tout sur de petites scènes (genre soirée d’écoles d’ingénieurs, petits galas plutôt confidentiels). Il sortit plus d’une fois sous les huées ou de lui-même, avant d’être sur le point de les entendre. Alcool.
C’était pourtant l’une des vedettes les plus en vue du Chicago Blues.

Whitney Elizabeth Houston est morte, âgée de 48 ans, après une carrière favorisée par sa parenté avec Dionne Warwick mais surtout une voix remarquable, une forte présence scénique. Elle chantait depuis l’âge de 11 ans, puis accompagne Jermaine Jackson ou les Neville Brothers. Dès la fin des années 1970, elle double sa carrière de choriste ou chanteuse à succès naissant avec des prestations de mannequin qui lui valent des couvertures de magazines prestigieux.

Son premier album, sorti en 1985, avec Saving of My Love For You, la propulsera dans l’aisance (il s’en est écoulé 24 millions). Elle sera sept fois consécutivement au firmament du palmarès Top 50 américain. Dans les années 1990, elle entame une carrière cinématographique (The Bodyguard, avec Kevin Costner), puis fait un retour sur la scène musicale avec l’album My Love Is Your Love (nov. 1998). En 2003, sixième album, moins bien accueilli. Mais le déclin s’amorce à l’été 2009. Son album I Look To You s’est fort bien vendu, mais en public, c’est déjà autre chose. À la fin de l’année, après une tournée mondiale, elle se plante lors de son concert à Sydney. Elle a perdu sa voix mais aussi son charisme sur scène, et la presse ne l’aide pas.

Une infection des cordes vocales lui fait opter pour une intervention chirurgicale à Paris, elle se remet, assure convenablement, mais ce n’est plus « The Voice ». Ce sera moins l’alcool que la drogue, et une relation difficile avec Bobby Brown, puis une série de concerts ratés, qui la feront déraper. Elle était encore financièrement assurée d’une vie décente à la fin des années 2000 et avait même quelques projets. Mais elle continuait à sauver les apparences, ce qui entraînait de fortes dépenses. Elle est morte le 11 février, quelques heures avant le début d’un gala où elle allait plutôt jouer les figurantes que les divas…

Une java de trop ?

L’avant-veille (ou plutôt la veille : jusqu’à près de quatre heures du matin), la chanteuse avait participé au Kelly Price & Friends Unplugged: For The Love Of R&B Grammy Party at Tru Hollywood. Divers supports de presse publient des photos d’une femme plutôt déjantée et imbibée. Certes, c’est de l’info. De même que la précision selon laquelle ses accompagnateurs l’auraient embarquée quasiment de force pour la ramener et qu’elle les aurait insultés, de même qu’elle aurait fait face aux photographes totalement échevelée et éméchée. Elle aurait aussi pris à partie le chanteur Ray J. Elle avait cependant repris ses esprits par la suite, après avoir dormi, et semblait disposée à répéter pour se produire lors du gala du soir.