elle gouverne, c’est la finance.

Les deux tribuns le second sur les pas du premier, document Le Monde.fr

Support Wikipedia C’est par ces mots que j’ai légèrement modifiés, ainsi que d’inscrire dans la Constitution la loi de 1905 sur la laïcité séparant l’église de l’État, plus que tout autre proposition de François Hollande, ont fait de son discours, un engagement républicain à gauche, un peu à la surprise générale. Son objectif premier c’est le premier tour, ne pas faire comme Jospin dont il déclare que la défaite de 2002 a été un calvaire pour les socialistes. Donc à gauche pour rassembler puis ensuite élargir au centre. Il sait qu’il ne peut récupérer des voix socialistes sur Bayrou, mais du coté de Mélenchon cela est possible. Mais, aussi, il a désemparé l’UMP qui ne s’attendait pas aux prises de position si franches, le thème de la mollesse devra être revu, et il a étonné l’aile gauche socialiste qui ne s’attendait pas à un discours aussi à gauche, la désarmant, mais aussi le parti de gauche qui n’a plus que la surenchère démagogique. Benoit Hamon porte voix de la gauche socialiste n’a-t-il pas déclaré «un discours excellent», alors que quelques jours auparavant il critiquait avec Marie-Noëlle Lienemann et Henri Emmanuelli la position droitière de François Hollande. Bien joué. Mais de plus, il a fait plaisir à Arnaud Montebourg sur la finance, même si celle-ci commence à crier disant que c’est elle qui finance l’économie alors qu’elle ne disait rien quand Sarkozy clamait qu’il fallait la réguler. Mais plus encore, il a fait plaisir à son ex compagne Ségolène Royal par la création d’une banque publique d’investissement pour les PME.

Même la presse Européenne qui ne connait pas ou peu François Hollande aurait découvert sa qualité dans le discours pour séduire ses auditeurs, le storytelling dans le langage des journalistes. Bien sûr plutôt à droite elle trouve creux son discours sur l’Europe et sur l’international, sans voir, ou vouloir voir, que le Merkozy, c’est des sommets sur sommets qui sonnent encore plus creux. L’Europe au bord du gouffre c’est bien eux, pas François Hollande.

Si la finance des marchés et le pouvoir des agences de notation doivent être combattues par ce qu’elles ont pris un pouvoir excessif au dessus des États, ce que de nombreux Européens admettent, comment l’inscription de la laïcité qui découle de la révolution Française peut-elle être intégrée dans la Constitution quand l’on sait que le Concordat est encore application en Alsace-Moselle.

Voltaire philosophe du cercle des Lumières, fut un précurseur de la laïcité en prenant seul la défense des victimes de l’intolérance religieuse et de l’arbitraire dans des affaires qui l’ont rendues célèbre dont celle de Jean Calas, dans son Traité sur la tolérance dans lequel il y soutenait la thèse que l’ordre politique peut se passer des contraintes religieuses, tout comme Montesquieu dans De l’esprit des lois. Il n’en est pas moins exact que le Concorda qui organisait les rapports entre les différentes religions et l’État en France de 1801 à 1905, à la séparation des églises et de l’État, dont il fut mis fin en 1905, est toujours an application en Alsace-Moselle par un avis du Conseil d’État du 24 janvier 1925 qui déclare que la loi du 18 germinal an X est toujours en vigueur. La loi de 1905 a été votée alors que ces régions étaient rattachées à l’Allemagne à la suite de la défaite de janvier 1871.

On mesure les difficultés que constituent la mise en œuvre du combat contre la finance et la laïcité. Et ceux qui critiquent la mollesse de François Hollande n’ont qu’à l’aider, la tâche sera rude. Comme la création d’une agence publique de notation, mais aussi un nouveau traité Franco-allemand qui leur sera proposé en 2013 probablement après les élections Allemandes.

Ce qu’il faut savoir, c’est quand la gauche vint au pouvoir en 1981, il ne restait rien dans les tiroirs de l’Élysée et de Matignon, tout avait été emporté ou détruit. Même le personnel de ces deux administrations du pouvoir étaient désorientés de voir des Français de gauche, habitués pendant plus de 23 ans à des Français de droite. On imagine, si cela se reproduit dans tous les ministères les difficultés qui attendent Hollande et son équipe, en mai, si elle venait à diriger le pays.

On voit dans cette photo que François Mitterrand est l’exemple dans lequel se veut François Hollande, même détermination même conviction, la république rien que la république. Le timing de cette grande fête socialiste au cours de laquelle les grandes lignes de son programme furent développées a été particulièrement étudié. Hollande sait très bien que Nicolas Sarkozy avait tenu son premier meeting en janvier 2007 comme Jospin avait tenu ses premiers meeting en 1995 le 21 mars à Lille et le 07 mars en 2002, trop tard. Ségolène Royal avait tenu son premier meeting à Villepinte le 11 février 2007. Trop tard elle aussi, le combat était joué. En 1981 c’est le 24 janvier que François Mitterrand s’était lancé dans la bataille. En fait François Hollande a tout fait pour se détacher des échecs précédents, l’expérience des autres fut utile, ce qui est une preuve de sagesse.

Le Monde.fr fait un parallèle entre François Mitterrand et François Hollande, il y a des faits, pas que le prénom, dont se réjouis d’avoir François Bayrou qui aurait entendu des voix, «François tu seras président !»

Dans ce parallèle, les archives parlent, au sujet des privilèges. Mitterrand déclarait «je m’émerveille à aimer les gens», François Hollande déclare, «j’aime les gens quand d’autres sont fascinés par l’argent». Sur la finance Mitterrand clamait «la rupture avec les puissances de l’argent». Ce ne sont que des traits de caractères qui marquent les personnes. Mais Mitterrand comme Sarkozy n’ont pu rompre avec cette puissance, l’argent dominateur, mais le fait nouveau réside dans la création d’une banque d’investissement séparée des marchés. On voit que le programme de François Hollande a vraiment été mûri.

Il y a du Sarkozy dans ce meeting et d’une façon plus générale la prise des symboles de la droite. Une estrade sur fond bleu, les drapeaux Français et Européen, mais plus que tout la Marseillaise en fin de discours au lieu de l’internationale, histoire de marquer que la France n’appartient pas qu’à la droite. Le bleu a remplace le rouge que l’on attribue à la gauche comme si elle dérivait du communiste Soviétique.

10.000, 15.000, 25.000 personnes comme l’écrit la presse n’en sachant en fait rien sinon que la salle était pleine l’ont écoutés. Ont vibrées lorsqu’il clame l’égalité ce n’est pas l’assistanat, c’est la solidarité. «Je serai le président de la fin des privilèges parce que je ne peux pas admettre que pendant ce temps-là où certains s’enrichissent sans limite, la pauvreté s’aggrave, et 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont beaucoup trop d’enfants, a-t-il déclaré. L’égalité, ce n’est pas l’égalitarisme, c’est la justice, ce n’est pas l’assistanat, c’est la solidarité. Les Français n’ont rien à craindre de l’égalité, de la redistribution».

Et puis, «l’égalité, c’est ce qui a permis à un enfant orphelin de père élevé par une mère pauvre, sourde et illettrée, de devenir prix Nobel de littérature. Il s’appelait Albert Camus et, après avoir reçu son prix, il écrivit en ces termes à son vieil instituteur, «ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, sans votre exemple, rien de tout cela ne me serait arrivé»». Je dirais plutôt la république laïque.

«Les niches fiscales accordées aux ménages les plus aisés et aux grandes entreprises riches seront supprimées». Il rétablira l’équilibre budgétaire en fin du mandat, ce qui sous entend des sacrifices, et supprimera «la règle aveugle du non remplacement d’un fonctionnaire sur eux partant en retraite». C’est possible, cela ne coûte pas cher.

Son thème majeur du début de son engagement n’est pas oublié c’est la jeunesse, elle est nôtre chance. «La promesse républicaine, c’est que chaque génération vivra mieux que la précédente. Cette promesse est trahie, a affirmé François Hollande. C’est avec la jeunesse que je veux présider la France. A la fin du quinquennat, le nombre de jeunes sortant sans qualification du système scolaire doit être divisé par deux». Il a demandé à «n’être jugé que sur un seul objectif, est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ?» Cela sera très difficile, cela ne dépend pas que de lui, mais beaucoup plus du commerce et des entreprises. Mais sans espoir c’est foutu, seul l’espoir peut faire des miracles sans que ce soit utopique dans ce contexte international. Tout sera dans ce que l’Europe deviendra. Sans des protections douanières contre la guerre des prix et des marchés, la mondialisation, nous ne pourrons lutter.

Une France de la justice et du civisme.

Il a terminé sur «ce récit républicain que mai 68 a aussi d’une certaine façon fait resurgir». «Le rêve Français, c’est l’affirmation des valeurs universelles qui font que la nation n’est pas un espace limité, a-t-il développé. Le rêve Français c’est notre histoire, c’est notre projet, c’est une force que je vous propose parce qu’ils nous ressemble, nous rassemble. Une France de la justice où l’argent sera remis à sa place qui est celle d’un serviteur et non d’un maître. Une France du civisme où chacun se demandera non pas ce que la République peut faire pour lui, mais ce que lui peut faire pour la République».

La salle a donc vibrée, c’est ce qu’il cherchait pour que cette vibration aille dans les profondeurs de la France apporter un message d’espoir, mais aussi un message de sacrifices par ce que cet espoir doit être la construction de tous. Rien ne se fait seul surtout après 10 années de droite dont cinq qui ont été injustes, mensongères et misérables. Misérables par ce que des Français ont été oubliés, la crise n’explique pas tout. Les premières années de son mandat Sarkozy a gaspillé l’argent des Français pour le privilège de ceux de son camp. La loi Tepa sur la défiscalisation des heures supplémentaires est encore une catastrophe, 9,1 millions de salaries et combien d’entreprises en n’ont bénéficié sur le dos des autres qui voyaient leur niveau de vie baisser et le chômage augmenter. Elle est la mère du slogan honteux «travailler plus pour gagner plus», quand il n’y a pas de travail et que les entreprises délocalisent. François Hollande n’a pas de solution miracle contre la crise, les autres non plus. Il a par contre la possibilité qu’elle soit moins injuste, supportée par tous en fonction des classes sociales, ce n’est déjà pas si mal.

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Le discours de François Hollande dans son intégralité