Si vous leur posez la question, les journalistes vous diront qu’ils sont objectifs et qu’ils font leur métier le plus honnêtement du monde. Mais ce n’est pas le ressenti des auditeurs qui d’ailleurs choisissent souvent leur radio en fonction de l’opinion politique supposée des animateurs, ce qui est mon cas. Certains vont même jusqu’à penser que l’embellie actuelle de France Inter est en partie due à son positionnement plutôt à gauche.

D’après Mediascope, France Inter est perçue pour 38% des personnes interrogées comme étant une radio « plutôt à gauche ». Malgré le mode de nomination de son président qui aurait pu faire craindre le pire et malgré le couac de l’éviction de Porte et Guillon, la matinale n’a pas changé d’orientation et les journalistes rassemblés autour de Patrick Cohen ont gardé leur indépendance. Les chroniqueurs sont les mêmes qu’auparavant et Thomas Legrand critique le pouvoir actuel avec toujours la même virulence. Quant aux humoristes, Sophia Aram fait preuve régulièrement d’une belle agressivité et son altercation avec Nadine Morano n’est pas passée inaperçue. Si Nicolas Demorand est maintenant à Libération, affichant ainsi sa préférence politique, Patrick Cohen réussit à ne pas laisser transpirer ses opinions. Quant à Daniel Mermet, son positionnement très à gauche est clairement revendiqué. Dans aucune autre radio on ne trouve un animateur ayant un tel engagement. A noter aussi les interventions régulières de Bernard Maris, un économiste plutôt altermondialiste, membre d’ATTAC. RTL et Europe 1 sont considérés plus à droite par les auditeurs, car appartenant à des grands groupes capitalistes. Pourtant, on peut penser que Denis Olivennes, transfuge du Nouvel Observateur, veillera à une plus grande impartialité, surtout depuis le départ d’Elkabbach. La radio pourra avoir un impact non négligeable dans la campagne des présidentielles car de plus en plus de gens préfèrent les infos sur les ondes plutôt qu’à la télé (3,8 millions auditeurs pour la matinale de France Inter).