Les spécialistes craignaient beaucoup plus les conséquences du la perte du AAA français sur les entreprises plutôt que celles sur l’Etat lui-même. En effet, de nombreuses entreprises telle que EDF et sa filiale RTE (Réseau de transport de l’électricité), l’Unedic, la Cades (Caisse d’amortissement de
la dette sociale) ou encore l’AP-HP (Hôpitaux de Paris) ont subi une dégradation  de leur note. Ceci est la conséquence logique du processus de notation : une entreprise au fort capital public ne peut pas posséder une note supérieure que celle de son Etat actionnaire.

Cela devait compliquer leur recherche de financement car vis à vis des banques,  des investisseurs, ces entreprises ne peuvent plus se montrer aussi rassurantes que par le passé sur leurs capacités de remboursement puisque leurs taux d’emprunt sur les  marchés financiers devaient augmenter. Une spirale négative pouvait alors être engagée :  augmentation des prix aux consommateurs pour combler les déficits de marges, réduction de masse salariale, ou encore suppression de postes… Les directeurs de ces entreprises se voulaient rassurants sur les éventuelles complications pour se financer. Pour se protéger  d’une hausse des taux, procéder à un rééquilibrage de la dette à court et moyen terme s’avérait alors nécessaire.

Mais depuis la perte du AAA, les marchés se portent très bien. Le CAC 40, malgré une légère baisse ce vendredi de 0,22%, a connu une hausse de 4% sur l’ensemble de la semaine tant redoutée.
De plus, la France a réussi son émission de dette à moyen-long terme en empruntant 9,5 milliards à échéance 4,7 et 10 ans avec des rendements en baisse et une demande en hausse. C’est également le cas de RTE qui s’est financé 1 point en dessous de sa moyenne historique, et ce n’est qu’un début selon des spécialistes. Même résultat pour EDF, qui a placé quelques 2 milliards d’obligations à 10 ans à 3,87%, un taux historique. Rappelons que RTE et EDF ont annoncé hier
des investissements colossaux avec 1,4 milliard d’euros destinés à des travaux de modernisation du réseau électrique. 25% seront financés par un appel au marché. Cela devrait augmenter les prix de l’électricité de 30% d’ici 2016. Les Français bénéficient de tarifs très préférentiels par rapport à ses voisins et le prix de l’électricité n’a que très peu varié comparé à ceux du gaz. Les marchés ont bien réagi. Ils devraient préférer cette année investir dans les entreprises (énergie, infrastructures) plutôt que dans des pays de la zone euro.