Un certain Borloo, Jean-Louis, avocat et ci-devant ministre, déclare traîner en justice les agences de notation. Je me joins à son action, car l’inaction des dites agences va me coûter bonbon : notamment en augmentation de taxes que je paierai sans doute deux, fois, l’une sur la publicité de mes fournisseurs (qui répercuteront la hausse sur leurs produits), la seconde sur tout ce que je vais devoir acheter. Il est inadmissible que des agences aient (ou continuent de) noté AAA un pays qu’un certain Fillon, François, bientôt ci-devant ministre, déclarait « en faillite ».

On veut bien croire que l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, en sa qualité d’avocat, a expressément convié ses clients à se désabonner de toute agence de notation et qu’il a glissé à l’oreille des ministres de Bercy de faire de même.
Si ce n’était le cas, il aurait l’air fin lorsque, partie civile contre les agences de notation, qu’il entend poursuivre en justice, ses conseils passeront au développé de leurs conclusions et des éventuelles réquisitions.

Borloo, avocat et député, veut s’en prendre aux agences de notation ayant coté AAA les fonds de titrisation ayant soutenu les prêts dits « subprimes » à compter de 2003 jusqu’en 2008. Fort bien. Je me joins à son action.

Là, Cofinoga, organisme de crédit, est sur le point de mettre la clef sous la porte. La raison est que de moins en moins de personnes solvables sollicitent des prêts, la plupart de ceux en ayant vraiment besoin étant déjà surendettés. Comme la France.

Et qu’ont fait les agences de notation ? Elles ont accordés ou accordent encore un triple AAA à un pays auquel j’ai longtemps consenti des prêts : tant que je l’ai pu, j’ai réglé l’impôt sur le revenu en mensualités (je ne suis plus imposable ainsi que pour la taxe foncière de mon logement, mais quand même).

N’est-ce point un certain François Fillon qui, dès 2007, avait déclaré la France en faillite. Il a ensuite accepté de rester Premier ministre sans jamais dénoncer les agences de notation. N’est-ce point là au moins de la complicité passive ? Si Borloo ne le fait pas citer, je m’empresserai de le faire.

Comment faisait-on pour solliciter un crédit Cofinoga ? Il fallait au minimum montrer patte blanche. Tenez, j’ai dû emprunter pour acquérir mon logement. Non seulement s’est-on assuré que je pourrais rembourser, mais, pour ne pas me faire risquer de me retrouver sur la paille du cachot des emprisonnés pour dettes, il m’a fallu trouver un bien que je puisse rembourser dans la limite du tiers de mes revenus.
Et le logement France ? Ah, les agences ont laissé faire. De même m’ont-elles laissé alimenter en argent des banques qui n’avaient que 6 % de fonds propres. Elles ont donc joué au monopoly, au casino, avec mon argent. La faute à qui ? Aux agences. Voire à un certain Sarkozy qui se félicitait publiquement voici encore peu que le pays qu’il dirigeait était noté triple A.

 

Par rapport à lui-même et ses autres ministres, on notera que le ministre Borloo n’est complice qu’au pro-rata de sa détention d’un portefeuille gouvernemental. Que dit-il à présent : « la grande crise (…) est venue parce qu’un monde spéculatif s’est mis en place. ». Soit. Qui a contribué à le mettre en place ? Borloo, Jean-Louis, car la solidarité gouvernementale, qui a laissé faire les banksters, s’applique aussi à lui. 6 % de fonds propres, c’est ridiculement bas.
Borloo m’aurait-il laissé devenir courtier en bourse de la sorte ?

Borloo, acteur spéculatif

Les agences de notation « ont été des acteurs spéculatifs pendant des années. ». Borloo qui, pendant des années, s’est félicité d’appartenir à un gouvernement client des mêmes agences et se félicitant de leurs notes, aussi, bien évidemment.

Parfois, il vaut mieux qu’un ministre ou ancien ministre « la ferme ». « On leur demande de réparer leur préjudice, » conclut-il à propos des dites agences.
Mais non point leurs clients ? Étaient-ils à ce point abusés ?
Qui, au juste, nomme le gouverneur de la Banque de France, censé surveiller des banques qui prêtent à tout va à des clients insolvables comme le gouvernement de François Fillon dont les déclarations ne devaient laisser aucun doute au dit gouverneur ?

Attention aux poursuites abusives. Borloo et moi-même risquons de nous retrouver frappés d’une très forte amende si nous étions déboutés.
Eh bien, pour donner une leçon à Borloo, j’y suis prêt. L’amende sera, je m’en remets à la sagesse des juges, proportionnelle à nos revenus respectifs. Je ne risque pas grand’ chose. Mais ne t’en fais pas, Jean-Louis, il y aura toujours pour toi un bol de soupe dans le fond de jardin que je pourrais peut-être conserver pour y ériger une cabane.