Si je pars du postulat que la manière dont je me relie à l’autre, dont je communique avec lui, dont je le regarde, le jauge ou le juge, est signifiant du lien que j’ai avec moi …et bien je constate qu’il est dans mon intérêt de me réconcilier avec moi et mes parts d’ombre au plus vite si je veux vivre le respect, l’authenticité, l’harmonie, l’amour …

C’est dans cet état d’esprit que je travaille à apprivoiser et à guérir mon égo blessé parfois vil et démoniaque, et que j’ai eu le désir d’expérimenter la méditation Vipassana.

D’une simplicité qui me parut enfantine, j’ai suivi le protocole  avec enthousiasme et sans résistance, dès que j’ai eu franchie la porte du prieuré catholique où se déroulait cette aventure bouddhiste …

Entre le premier rendez-vous méditatif en groupe de cinquante méditants inconnus et silencieux à 6h45, et la dernière méditation collective à 21h30 avant de rejoindre les bras de Morphée, la journée se déroulait en silence sauf pendant un temps déterminé de questions/réponses avec l’instructeur, en groupe, assis chacun sur un coussin de méditation ou marchant dans un parc magnifique avec une lenteur désespérant les hyperactifs consommateurs de temps que nous sommes.

Des repas légers et végétariens étaient servis le matin, le midi et pour le goûter, le soir étant consacré au jeûne des estomacs afin de bénéficier d’un repos de qualité.

Entre nous, de moi à moi, j’ai été confronté aux fameuses sinon fumeuses parts d’ombres qui apparaissent inéluctablement au grand jour, dès que nos esprits bavards se voient imposer le silence désespérant les hyperactifs consommateurs de pensées, réflexions, analyses en tout genre que nous sommes.

Les comptes à faire, à rendre ou à régler, les doléances, les récriminations, les plaintes dénonçant tant d’injustice, les menaces et les promesses de vengeance, les idées fixes qui tournent en rond et détournent de la paix tant espérée, les colères, les peurs, les agacements, les jugements, les fantasmes meurtriers ou sexuelles, les sensations de mal-être physique,psychique et émotionnel, les envies de se déconnecter de l’insupportable et de l’inavouable révélé et réveillé dans le silence en soi, les mouvements de fermeture et de rejet …

Ce que je découvre de moi en moi est un enfer insupportable …

Elle est où la paix, il est où l’amour ? …

De jour en jour jusqu’au sixième, de rencontre quotidienne avec le pire en moi, dans ce mouvement de laisser passer tout ce qui est, d’être observateur neutre et bienveillant de tout ce qui est, avec humilité et courage … je fais l’expérience du non agir, de l’accueil, de la bonté, de l’acceptation, de la conscience, du détachement, du lâcher prise … je retrouve l’apaisement face à cette capacité de m’accueillir sans me bannir ni me culpabiliser, sans essayer de me changer …

Je ressens l’envie de lâcher mes vieilles rancunes, de ne plus nourrir les récentes, de renoncer aux vengeances de mon égo blessé … je prends du recul et je ris de moi …

C’est comme un apprivoisement, un modelage, une transformation lente et profonde, une intégration des valeurs de respect, de bonté, de non jugement, d’humilité, de persévérance, de maitrise.

Krishnamurti soutient que la transformation de la société passe par la transformation de l’individu

Vipassana serait un acte citoyen, politique, social, spirituel salvateur !?

 

A méditer encore, encore de moi à moi, de vous à vous, de soi à soi …