La pudeur leur va si bien quand elles en ont, si bien quand elles n’en ont plus, que je ne conçois guère de femmes qui ne désirent pas en avoir (Paul MORAND).                                               


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Le XIXè siècle en France voit monarchie et république se succéder avec leur cortège de turbulences et d’abominations. C’est le siècle de la pudibonderie et de notre Code civil ou Code Napoléon. 

Alors que la noblesse et le clergé s’affaiblissent,  la bourgeoise s’affirme et stimule l’avancée industrielle du siècle. Les mentalités évoluent et la science progresse dans tous les domaines. 

Les lois "Ferry" de 1881 et 1882 rendent l’école laïque, obligatoire et gratuite.


La France étend son influence sur la planète. Elle annexe la Nouvelle-Calédonie en 1853, où seront déportées les premières femmes en  1872 et les dernières en 1897. 
Toutefois leur départ volontaire est « encouragé » puisqu’aux termes de la loi de 1854, "les femmes condamnées aux travaux forcés ne sont pas astreintes à la transportation".   

 
 
Ce siècle se révèle être d’une  profonde instabilité politique.  Le progrès économique n’aura pas entraîné dans son  sillage le progrès social et si de nouvelles classes sociales fascinent, d’autres sont discréditées. Les « filles de noces » en sont. 
 
La bourgeoisie rayonne et, hypocrisie morale oblige,  une réglementation de 1804 attribue une existence légale aux maisons closes.     
Il faut comprendre que les prostituées tant décriées  intéressent fortement ces messieurs de la bourgeoisie.   
Dans l’aristocratie, ou ce qu’il en reste, ce sont les pères qui invitent leurs fils à se rendre auprès de courtisanes pour affirmer leur virilité.

 

Les maisons de luxe réputées, qui reçoivent entre autres les hommes politiques, considèrent fort bien leurs pensionnaires qui doivent avant tout rester élégantes et distinguées.  Ces dernières ne sont pas subordonnées à une cadence, c’est-à-dire tenues à un nombre élevé de passes. 

A l’inverse, existent les « maisons d’abattage », où les conditions de travail sont bien souvent  sordides. 

Les pensionnaires peuvent être amenées à  effectuer 100 passes par jour.  Ces derniers établissements fonctionnent sous l’autorité des municipalités. 

 

Flaubert (1821-1880), fils de famille bourgeoise, décrit fort bien cette situation à travers ses analyses psychologiques, entre autres dans  « Madame Bovary » et « L’éducation sentimentale ».   
 
L’article 2 de la loi de 1829 interdit de pratiquer cette activité hors de lieux clos, mais les prostituées résistent fort bien à cette restriction.

Néanmoins en cas de désobéissance, des punitions administratives sont élaborées et la prison ou l’infirmerie-prison sont le passage obligé pour de très nombreuses prostituées clandestines.

 

Dès 1833, un nouveau courant de pensée est animé par Claire Démar.

 

 

Son « Appel au peuple sur l’affranchissement de la femme » dénonce une prostitution légale de la femme à travers l’institution du mariage. 

L’opinion publique scandalisée réagit vivement et elle est aussitôt taxée d’immoralisme. A peine la trentaine abordée, elle se suicide d’une balle dans la tête la même année.    

Nonobstant, des pétitions en faveur du rétablissement du divorce circulent.

A deux reprises les députés votent en faveur de la loi qui est néanmoins rejetée par la Chambre des pairs. 

 

Ce XIXè siècle jette un double regard sur la prostitution : «admiration/répulsion », l’éternelle dualité. 
D’une part, il y a la peur exacerbée du péché et de l’enfer; de l’autre le plaisir de la chair qui reste irrésistible.

La société est alors très influencée par la religion, et parallèlement la science a découvert que la nature pouvait aussi détruire. Or la femme véhicule la syphilis. 

A Paris, les malades affluent à l’hôpital de Lourcine,  qui sert également d’asile aux enfants dont les parents meurent du choléra. 

L’établissement prendra le nom d’hôpital Broca vers la fin du siècle et une annexe sera construite et réservée à la gynécologie.  
  
 
Décédé de syphilis en 1893, Maupassant laissera à la postérité quelques ouvrages réservés à la condition des prostituées qu’il célèbre… "Boule de Suif", "Mademoiselle Fifi", et… "la maison Tellier" dont je vous propose de parcourir un court passage que je perçois d’une délicatesse raffinée, presque émouvante.

 

"Madame" dans la maison Tellier

 

«On allait chaque soir, vers onze heure, comme au café, simplement.  

Ils s’y retrouvaient, à six ou huit, toujours les mêmes, non pas des noceurs,  mais des hommes honorables, des commerçants,  des jeunes gens de la ville ; et l’on prenait sa chartreuse en lutinant quelque peu les filles, ou bien on causait sérieusement avec Madame,  que tout le monde respectait. 
Puis, on rentrait se coucher avant minuit. Les jeunes gens quelquefois restaient. 

La maison était familiale, toute petite, peinte en jaune, à l’encoignure d’une rue derrière l’église Saint Etienne ; et, par les fenêtres,  on percevait le bassin plein de navires qu’on déchargeait,  le grand marais salant appelé  La Retenue,  et, derrière,  la côte de la Vierge avec sa vieille chapelle toute grise. 
Madame, issue d’une bonne famille de paysans du département de l’Eure, avait accepté cette profession absolument comme elle serait devenue modiste ou lingère.  
Le préjugé du déshonneur attaché à la prostitution, si violent et si vivace dans les villes, n’existe pas dans la campagne normande. 

Le paysan dit : « c’est un bon métier »,  et il envoie son enfant tenir un harem de filles comme il l’enverrait diriger un pensionnat de demoiselles. 
…/…

C’étaient de braves gens qui se firent aimer tout de suite par leur personnel et des voisins.  Monsieur mourut d’un coup de sang deux ans plus tard. 

Sa nouvelle profession l’entretenant dans la mollesse et l’immobilité,  il était devenu très gros, et la santé l’avait étouffé ».


Néanmoins il m’apparaît utile de mettre un bémol sur cette description presque idyllique dans la mesure où les prostituées qui évoluaient en « maisons de tolérance », telle la maison Tellier, vivaient sous la dépendance de la tenancière de l’établissement. Cette dernière conservait leurs papiers et argent mais surtout contrôlait leurs sorties qui restaient rares. 

 

Un code vestimentaire est toujours présent.  

Quand bien même ce XIXè siècle n’impose plus de couleurs aux prostituées, il n’empêche que le choix du jaune, tant dans les peintures réservées aux pièces des bordels que dans la couleur des textiles, fait toujours autorité. Le port d’une ceinture dorée par les prostituées aussi. 
Il  leur est seulement interdit de porter des couleurs trop voyantes et en cas d’infraction, elles risquent l’incarcération. 
Néanmoins, il est de bon ton qu’elles aient la tête et les épaules couvertes de manière à attirer le moins possible les regards. Le port du châle semble tout indiqué.    

En évoquant la prostitution dans « Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie jusqu’en 1870 », Maxime Du Camp ne fait-il pas état de  « …Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée… »

 

Le port du châle par des gourgandines pose un problème de tolérance dans cette société qui en a fait un accessoire vestimentaire porté par la plupart des "honnêtes femmes". C’est aussi un produit de luxe, symbole de la bourgeoisie,  et il est porté hiver comme été.

 

 

  

Les prostituées demeurent sous la surveillance de la police et des médecins qui les soumettent à une visite médicale hebdomadaire. 

Cependant de très nombreuses « filles de noces » opèrent dans la clandestinité et échappent  de ce fait à ces mesures. Souvent elles ne sont qu’occasionnelles, telle Nana de Zola.  

 

Sous couvert de conserver leurs autorisations d’exploitation administratives, des signes distinctifs doivent permettre aux établissements d’être reconnus : lanterne sur la façade, vitres opaques ou persiennes verrouillées et porte d’entrée surplombée d’un numéro aux dimensions extravagantes.  

En fait c’était surtout la hauteur des chiffres qui pouvait atteindre 60 cm, qui déterminait l’activité exercée à l’intérieur de l’immeuble, un peu comme une affiche publicitaire.   

 
Le Code civil voit le jour, et établit des statistiques.  Les prostituées déclarées ou clandestines n’y échappent pas et des fichiers descriptifs sont constitués.

 

A Paris, la prostitution se répand partout et les règles vestimentaires ne font plus autorité.  

La prostitution "française" s’étend extra-muros. Dès 1831, la France institue des quartiers de prostitution à Alger mais également dans ses autres colonies africaines.   

 

Honoré de Balzac,  éternel amoureux et observateur de femmes s’il en est, qualifie ce style brouillé qui ne permet plus vraiment de déterminer l’activité  sociale ou morale dès le premier regard,  de « macédoine sociale ». 
L’auteur de la Comédie humaine,  traduit fort bien son émotion à travers ses nombreux romans et notamment dans « La fille aux yeux d’Or », où  la malheureuse Paquita Valdes est vendue par sa mère aux fins de prostitution ; pratique courante au XIXè siècle.   
 
A travers Eponine dans les Misérables,  mais également "Notre-Dame de Paris" ou "Marion Delorme", célèbre courtisane du XVIIè siècle portée au théâtre, son ami Victor Hugo pointe du doigt l’hypocrisie démesurée de la bourgeoisie tout en attribuant une certaine morale à bien des prostituées. 

 

Eponine (Les Misérables – Victor Hugo) 

 

 

"Marion Delorme" – Pièce de Victor Hugo

 

Dans l’Europe industrielle de ce siècle, les ouvriers sont très mal payés et leurs conditions de travail, pénibles voire atroces. 

La condition des ouvrières, surtout célibataires avec enfant(s) est encore pire, car leur salaire est moindre que celui des hommes.  

La vie misérable des familles pousse de nombreuses femmes à la prostitution occasionnelle qui leur confère quelques revenus d’appoint pour palier à la faim et/ou à l’éducation des enfants.

La misère est parfois telle que ce sont les parents qui poussent leurs enfants à se prostituer. 

 

Sous menace de licenciement ou de maltraitance, le "droit de cuissage" est rétabli par quelques patrons voyous, chefs d’ateliers mais aussi fils de patrons voyous, et pour bien des jeunes femmes, il est plus rentable de se prostituer que d’aller travailler. 

L’impunité est assurée pour ces gougnafiers, dans la mesure où les femmes n’osent ou ne peuvent réagir. 

 

Comble de l’hypocrisie, apparaît une distinction entre prostituées. 

D’une part, il y a la « bonne prostituée », qui se consacre à cette activité parce qu’elle est dans la misère et qu’elle n’a pas d’autre ressource pour se nourrir ou pour nourrir ses enfants. 

Et d’autre part, il y a la « mauvaise prostituée », celle qui opère par « vocation », qu’elle soit courtisane ou fille de joie dans un bordel.   

 

Julie LEBOEUF (1838-1886), célèbre courtisane parisienne et artiste de théâtre mieux connue sous le nom de Marguerite Bellanger, « Saumuroise de petite vertu, artiste au talent limité et à la rouerie certaine » déclareront certains, deviendra dans les années 1860 la maîtresse de Napoléon III. 

Le caricaturiste Paul Hadol en a fait une chatte dans sa série de caricatures sur la « Ménagerie impériale ».

 

 

 

Il est toutefois cocasse de lire qu’elle avait dû obtenir une autorisation de la préfecture de Paris pour pouvoir porter un costume d’homme.  

 


Le XXè siècle jette l’Europe et le monde dans une tourmente infernale. Guerres, affrontements idéologiques, crises financières et économiques ponctuent la marche du siècle et les morts se comptent dorénavant par million. 


La science et la médecine font des avancées considérables, assistées en ce sens par les performances remarquables de la technologie.    


Début XXè s à Paris  – French cancan

 
 
La flambée de la prostitution pendant la première guerre mondiale amène les autorités à prendre des mesures fermes.

Les prostituées déclarées sont « mises en carte ». Aujourd’hui on utiliserait le mot « fichées ». 

Au début du siècle, arrivée ou déménagement dans une ville doit être déclaré au commissariat. 

Il est interdit aux prostituées d’habiter à proximité des églises ou des établissements scolaires et elles ne peuvent plus circuler sur la voie publique après le coucher du soleil. 
Elles n’ont pas le droit de se rendre au théâtre ou au concert.  

Il faut préciser que ces mesures ne font pas l’objet d’une réglementation nationale. 

Elles sont prises à la discrétion des municipalités et laissées à l’arbitraire des services de police, ce qui explique que la pratique de la prostitution est rendue plus ou moins facile et accessible d’une ville à une autre.

Il n’empêche que les prostituées sont nombreuses à négliger les règles imposées, et dans bien des endroits, la police perd rapidement leur trace. 

Le racolage est interdit, mais cependant indispensable à l’exercice de la profession. 
Ceci a pour conséquence de maintenir les prostituées à la merci des services de police.   
 
Selon un principe puéril « ce qu’on ne voit pas, on ne sait pas », la société se satisfait donc d’une prostitution encadrée et réglementée.   
 
Considérant ces pratiques non opposables à la loi naturelle et aux textes sacrés, l’Eglise catholique ne les condamne pas. On peut regretter qu’elle les ait toutefois légitimées. 
L’autorité de l’Eglise fait force de loi jusqu’au XVIIIè siècle, et même en ce début de XXè siècle, oser contester cette « vérité » fait figure d’impiété.      

 

Un courant abolitionniste a émergé et en 1926 Marcelle LEGRAND FALCO fonde l’« Union Temporaire contre la Prostitution Réglementée et la Traite des Femmes », qui va exiger des enquêtes sur les abus et sévices commis par des soldats sur les femmes employées dans les « bordels militaires de campagnes » (BMC), et qui étaient recrutées dans les colonies d’Afrique du Nord. 

Le mouvement abolitionniste obtient des succès et sa lutte aboutit à des accords internationaux en 1904, 1910, 1921 et 1933 suivis de mesures prises par la Société des Nations en 1927 et 1932. 

Conformément aux progressions acquises, la législation évolue favorablement après la seconde guerre mondiale.  

En 1946, est votée en France la loi Marthe Richard, du nom d’une prostituée (1889-1982) ; loi qui s’attaque aux formes sournoises de proxénétisme et qui aboutit à l’interdiction de l’exploitation de maisons closes. 

 

Marthe Richard

 

 

Si ce fut une victoire incontestable, officiellement cette loi ne mit pas fin à l’existence des maisons closes, pas plus qu’elle n’entrava leur développement. 

 

La Déclaration des Droits de l’Homme intervient 2 ans plus tard sous l’égide des Nations Unies et le 2 décembre 1949 est signée la « Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui ».   

La France, pays des Droits de l’Homme, ne ratifie qu’en 1960 cette convention, cependant qu’aucune mesure d’interdiction de la prostitution ne l’accompagne. 
Curieusement, la  loi sur le racolage passif est abrogée suite aux manifestations de 1975. 
 
Si le proxénétisme est interdit, la prostitution reste l’enjeu de nombreuses manifestations féministes qui dénoncent d’autres formes d’aliénation, notamment à travers les « échanges économico-sexuels ».
 
A l’instar des Pays-Bas, plus modérément de la Belgique, et sous le principe très honorable de santé publique, l’idée de la réouverture de lieux destinés à la prostitution est régulièrement évoquée en France vers la fin du XXè siècle. 
Bernard Kouchner et Françoise de Panafieu s’en font les porte-paroles officiels.   
 
 
Dessin Niconardo
 
Parallèlement, plusieurs associations militent alors en France pour que les prostituées obtiennent la reconnaissance sociale et professionnelle de leur activité, et puissent à ce titre bénéficier de l’accès aux soins. 
Elles dénoncent les dangers du concept « prohibitionniste » en cours notamment en Suède et s’y opposent fermement tout en prenant acte du souhait de certaines prostituées de se regrouper en syndicat afin d’obtenir un statut. 
 
Néanmoins, conservateurs, parlementaires de Gauche et un nombre considérable d’associations féministes, souhaitent d’abord pénaliser les clients, et les amendements proposés vont en ce sens.
 
Le monde politique est influencé par l’économie et le commerce de la prostitution qui ne concerne plus uniquement la femme. 
Les différents courants de parlementaires, français et européens, n’entendent pas se charger d’une réglementation ferme et incontournable à l’encontre des nouvelles formes d’exploitation sexuelle en expansion, mais préfèrent continuer à nourrir des ambiguïtés inavouables.   

 

Il faut noter que les 15, 16 et 17 octobre 2005, eut lieu à Bruxelles (Belgique) une « Conférence Européenne des Prostituées », qui a débouché sur la rédaction d’un manifeste et d’une déclaration des Droits des travailleurs du sexe.  
 
Il n’est toutefois pas permis de prêter aux élu(e)s et parlementaires une volonté ferme de mise en place de protections ou de réformes allant dans ce sens, dans la mesure où plusieurs pays européens, tels l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et l’Espagne entre autres, accepteraient l’ouverture de supermarchés du sexe sur leur territoire ; « sympathiques surfaces » où des femmes, toutes volontaires nous assure-t-on, seraient alors louées à l’instar de matériels ou machines.   
 
 
 
 
     Prostitution légale et encadrée par des lois, maisons closes légale et encadrée par des lois     Prostitution légale et encadrée par des lois, mais les maisons closes sont illégales     Prostitution (échange d’argent pour des relations sexuelles) légale, mais pas réglementée, les activités organisées (maisons closes ou proxénétisme) sont illégales     Prostitution illégale-les prostituées sont punies par la loi     Les clients sont punis par la loi, mais pas les prostituées     Non renseigné

 

Si vous n’avez déjà eu l’occasion de le faire, je vous invite à regarder le documentaire du cinéaste Patrick JEAN  «La domination masculine », sorti en novembre 2009. 
L’auteur déclarait alors :  
 
– «Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle. Peut-on croire qu’au XXIème siècle, des hommes exigent le retour aux valeurs ancestrales du patriarcat : les femmes à la cuisine et les hommes au pouvoir ? Peut-on imaginer que des jeunes femmes instruites recherchent un " compagnon dominant ? "   

 

Dégageant cependant des budgets et des gains considérables, les très nombreuses associations de lutte contre le proxénétisme et la prostitution, les multiples productions cinématographiques traitant de la prostitution de la femme et de l’enfant, les campagnes publicitaires ou d’information, les animations en tous lieux et places de conférences, et l’extraordinaire abondance d’articles de presse ne semblent toujours pas contrarier ni contrer le puissant lobby pro-proxénétisme qui, sans la moindre retenue avance un argument d’une imbécilité et d’une perversité incommensurables, à savoir :  

 

– « Peut-on priver les personnes handicapées d’une vie sexuelle que seules les prostituées seraient susceptibles de leur servir ».   

 
Pour comprendre, il faut sans doute savoir que les lobbies du sexe constituent des puissances financières colossales cotées en bourse, et que par conséquent, ils ont les moyens de leur prétention.

Lors d‘un récent débat public, un homme paraplégique avait répondu à cet argument irrecevable :

 

– « Quel que soit mon handicap, je n’humilierai jamais une femme pour mon plaisir »

 

Que n’ai-je été sidérée d’entendre des élu(e)s « Verts » proposer une mesure de protection pour les prostituées; à savoir un centre contrôlé par les inspecteurs du Travail et de l’Hygiène, plutôt que le Bois de Vincennes. 

Cette réflexion dénote d’une sérieuse méconnaissance du dossier, mais aussi de l’ignorance de mesures semblables totalement inefficaces souvent prises par le passé, de la cruelle réalité du présent…et du nombre réel d’inspecteurs du Travail et de l’Hygiène encore sur le terrain en France.  

Même si en France on se satisfait d’une avancée timide de la législation dans le domaine parfois très controversé de la criminalité et délinquance sexuelles, on peut néanmoins vivement regretter l’interprétation fallacieuse qui en est trop souvent faite, que ce soit à l’échelle juridique ou morale, afin de dégager les puissants de ce monde de leurs responsabilités.  

Comme vous sans doute, je constate amèrement que nos Institutions se font trop souvent la complice passive de pratiques crapuleuses inavouables et intolérables.

Nous sommes face à une image parfaitement abstraite de l’être humain qui est imposée à une société formatée.

 

Tandis que le CDH belge (parti humaniste) a lancé une campagne contre la prostitution s’opposant fermement à la création d’Eros Center; le 13 avril 2011 en France, une énième mission d’information parlementaire de l’Assemblée Nationale sur la prostitution, qui précise en outre « qu’il ne s’agit pas d’emprisonner la majorité des clients » a rendu un rapport qui « devrait » déboucher sur une loi en 2012.  Vœu pieu ?  Oxymore ?  

 

Le «Lobby européen des Femmes » vient de lancer une campagne pour éradiquer la prostitution en Europe. 

 

Céline FREMAULT, députée bruxelloise et présidente des femmes du CDH, déclare :   

 

– «Le CDH veut réaffirmer que le corps n’est pas une marchandise et que la prostitution n’est pas un métier comme un autre. Nous considérons qu’elle constitue une atteinte à la dignité humaine et que c’est aussi une violence de genre. » 

 

 

Pourtant il semble bien qu’une fois encore les sites pornographiques et autres escort-girls ne seront pas inquiétés. C’est la seule prostitution de rue qui est ciblée.