Il existe un pays invisible où résident quelques personnes. Ils sont prisonniers de ce pays dont on ne revient pas. Ce pays, c’est le pays de l’oubli et de l’absence. Le pays de l’Alzheimer. Cette maladie affreuse qui grignote le passé à petit feu et ravage tout sur son passage. Christine Orban a voulu nous présenter sa mère… atteinte de cette terrible maladie. Avec retenue et pudeur, elle va nous décrire le quotidien de plus en plus difficile de celle qu’elle aime plus que tout au monde.
Il est si difficile de voir nos proches dépérir à vue d’oeil. Alzheimer est une maladie sournoise qui détruit le corps humain de l’intérieur. La victime perd peu à peu ses repères et les rôles s’inversent. Christine devient petit à petit la mère de sa propre mère.
Le quotidien n’en devient que plus difficile et cruel. Comment ne pas se sentir triste face à cette lente dégénérescence ?
Le roman est touchant même s’il n’est pas exempt de défauts. En effet, malgré son talent littéraire évident, la romancière Christine Orban se perd parfois dans des analyses trop poussées. A vouloir trop en dire, elle apparaît un peu nombriliste sur les bords. D’ailleurs, quelquefois, une certaine froideur se dégage de ses mots. Veut-elle se préserver face à la maladie de sa mère ? Elle seule connaît vraiment la réponse à cette question.
Cependant, ce récit reste tout de même très prenant et nous ne pourrons que nous sentir touchés par cette lutte difficile et perdue d’avance contre cette maudite maladie.
Par son témoignage, Christine nous livre une histoire douce-amère entre une fille et sa mère. Il paraitrait que ce n’est qu’une fiction…
Personnellement, je pencherais pour un petit mélange des deux…
Car, certains mots sonnent si justes qu’ils ne peuvent pas sortir d’une simple histoire inventée.
A vous de juger par vous-mêmes…
j’ai travaillé pendant un an chez une personne malade de cette terrible maladie. J’étais tout d’abord là pour lui faire son ménage, puis ses enfants ont décidé que je viendrai la voir un après midi pour la sortir. Nous nous sommes promené en voiture toutes les deux, nous avons revu des lieux qu’elle connaissait bien. Les premières fois, elle voulait tout revoir mais en deux heures ce n’est pas simple, puis, nous sommes allés voir son frère qu’elle n’avait pas revu depuis 10 ans, elle ne le reconnaissait pas, dans sa mémoire il avait 30 ans : il en a 90… lui ne comprenait pas, j’ai du lui expliquer.
Puis nous avons visiter des églises, des calvaires, des lieux de la résistance ; parfois elle se souvenait puisque c’est elle qui décidait où nous allions, parfois elle se demandait ce qu’elle faisait là… difficile.
et puis, je l’ai vu changer de semaines en semaines, avec ses enfants, nous nous sommes rendu compte qu’elle prenait mal ses médicaments ; ils ne voulaient pas la placer en maison spécialisée.
un jour elle a voulu descendre de voiture, nous roulions à 90 km/h ! heureusement qu’il y avait sa ceinture et que j’essayais toujours d’anticiper ses réactions !
un jour je l’ai laissé chez elle le soir, comme d’habitude, le lendemain, sa fille m’a prévenu qu’elle était tombée dans son escalier, depuis combien de temps était elle là ? une cheville fracturée. Hôpital. puis maison de repos. elle n’est jamais revenue chez elle ; je n’ai jamais eu de nouvelles !
J’ai pu supporter ces quelques heures chaque semaine parce que j’avais été confrontée à cette maladie en travaillant dans une maison de retraite il y a quelques années. Mais c’est une terrible maladie qui détruit tout ! aussi bien la personne que son entourage.
Je n’étais pourtant rien pour elle mais j’ai souffert du manque de communication après sa chute. nous étions attachées l’une à l’autre, elle m’attendait et savait malgré tout que j’allais l’emmener se promener.
Merci infiniment pour ton très beau témoignage Madalen.
c’est normal que l’on témoigne de ce que l’on a vécut ou que l’on vit !
Très beau récit et très intéressant!
Je suis ravie de savoir que ce livre vous a plu. Certes le thème est porteur et dérangeur. J’ai lu du même auteur « N’oublie pas d’être heureuse » et j’ai trouvé cela plat, plat, rataplat. Je n’en lirais pas d’autres. Pour moi, à l’exception du livre que vous avez lu, je ne la classerais pas dans les meilleurs auteurs actuels.