Des statiques nous indiquent que la fonction publique camerounaise compte à ce jour un peu plus de 200 000 agents. Elle est  donc ainsi de loin le premier employeur du pays, comme presque un peu de partout sur le continent africain. Tout récemment, dans le cadre du recrutement spécial de 25000 jeunes à la fonction publique, la commission chargée de le faire a reçu plus de 300 000 dossiers de candidature. Toute chose qui démontre clairement le degré d’engouement qu’ont les camerounais pour la fonction publique.

Dans un contexte économique où le secteur privé est éphémère et mal organisé, l’accès à un emploi à la fonction publique pour le camerounais est synonyme d’une réussite sociale sans précédent. Ainsi, dans la société, le fonctionnaire, peu importe son grade est très respecté et très envié. Compte – tenu de la relative précarité qui caractérise le secteur privé, les employés de ce secteur sont perçus comme les « moins – méritants ». Au Cameroun, tout élève ou étudiant n’espère après ses étude qu’intégrer la fonction publique. L’esprit d’entreprenariat n’est vraiment pas à l’ordre du jour ici ; ceci, par ignorance, et simplement surtout par manque de structure d’encadrement.  Le secteur privé camerounais est aussi miné par des maux que sont la corruption, le manque de crédit, la lourdeur administrative…

Cet amour du camerounais pour la fonction publique se trouve justifié par la relative assurance dont attribue généralement à cette dernière. «  Quand vous êtes fonctionnaire, vous êtes assuré d’avoir votre salaire chaque mois sans anicroche, aussi, votre retraire est assurée, vos congés sont payés… il n’y’a vraiment pas de stress ici… » Nous lance une jeune femme institutrice avant d’ajouter «  avant d’être contractualisée, j’ai enseigné pendant longtemps dans des écoles privées. Mais,  je n’avais jamais un salaire régulier ; aussi, je ne percevais mon salaire que 09 mois sur 12 ; lequel salaire même était très insignifiant ».

Cependant, il faut dire que le mal de la jeunesse camerounaise est le manque d’esprit d’initiative relevé plus haut. Une situation que le gouvernement se doit de corriger urgemment en octroyant des micro –crédits aux jeunes, et surtout en les encadrant et en les encourageant. De nombreux jeunes camerounais ont des projets porteurs dans des tiroirs qui ne demandent qu’à être valorisé. Si les autorités camerounaises souhaitent franchement comme ils le souhaitent faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, elles devraient sans plus attendre stimuler le secteur privé qui reste quoi que l’on pense le poumon de tout développement économique et social. Car la fonction publique ne peut pas recruter tout le monde.