3 jours avant sa mort, Litvinenko accuse le président Poutine d’être à l’origine de cet empoisonnement. On sait que Litvinenko travaillait sur l’affaire Politkovskaïa (la journaliste russe assassinée) et tentait de prouver que le Kremlin avait commandité cet assassinat. Litvinenko dira, dans une lettre, en parlant du président russe :
« Vous vous êtes montré aussi barbare et impitoyable que vos critiques les plus hostiles le prétendent. Vous avez montré que vous n'aviez pas de respect pour la vie, la liberté et les valeurs de la civilisation. Vous vous êtes montré indigne de vos fonctions, de la confiance des hommes et femmes civilisés. Vous pouvez réussir à faire taire un homme mais les hurlements de protestation du monde entier retentiront à vos oreilles pendant le reste de votre vie, M. Poutine. Que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait, non seulement à moi mais encore à la Russie et à son peuple »
Les services de police britanniques prirent l’affaire très au sérieux et demandèrent rapidement l’extradition du principal suspect : Andreï Lougovoï. Extradition refusée par la Russie dont la législation ne reconnaît pas cette pratique.
Lundi 16 juillet 2007, Londres annonce l’expulsion de quatre diplomates russes, du territoire britannique. Cet évènement montre que les tensions entre les deux pays sont de plus en plus fortes.
Boris Berezovski, milliardaire russe poursuivi dans son pays pour escroquerie dans l’affaire Aeroflot, enfonce le clou en annonçant publiquement dans Le Figaro, que l’utilisation du polonium 210 dans l’empoisonnement de Litvinenko, est la signature des services secrets russes et que cela prouve que Vladimir Poutine a bien commandité l’assassinat de l’ancien espion.
Le suspect du meurtre de Litvinenko candidat aux élections
Le suspect du meurtre de Litvinenko candidat aux élections
Andreï Lougovoï, suspect numéro un aux yeux de Londres dans le meurtre d’Alexandre Litvinenko, a été désigné ce lundi candidat du parti ultranationaliste LDPR aux législatives de décembre en Russie, possible tremplin vers une candidature à la présidentielle de mars 2008.
148 pour
« Comme tout citoyen, je voudrais devenir président », a déclaré Andreï Lougovoï, occupant une place d’honneur à la tribune devant quelque 150 délégués du LDPR réunis en congrès, a rapporté l’agence de presse Interfax. « Nous déciderons de tout cela lors d’un congrès », l’a interrompu le chef du LDPR, Vladimir Jirinovski, qui a présenté la candidature de M. Lougovoï aux législatives de décembre comme un pied-de-nez à la Grande-Bretagne. Sa proposition de placer M. Lougovoï en deuxième position derrière lui sur la liste du LDPR a été adoptée à la quasi unanimité (148 pour, 2 contre).
Réponse au toupet britannique
M. Jirinovksi a déclaré auparavant devant les délégués que « Andreï est au coeur d’un bras de fer historique qui oppose notre pays et la Grande-Bretagne ». Les Britanniques « ont du culot: ils nous disent de changer la Constitution. A leur toupet voilà notre réponse », a lancé le chef du LDPR, quatrième force politique à la Douma avec 30 sièges sur 450.
Extradition
La Grande-Bretagne réclame l’extradition d’Andreï Lougovoï, un ancien membre du KGB reconverti dans les affaires, qu’elle considère comme le suspect numéro un dans l’empoisonnement d’Alexandre Litvinenko, ancien agent russe passé à l’opposition et mort en novembre 2006 à Londres d’une intoxication au polonium, une substance hautement radioactive. Moscou a rejeté la demande de Londres, expliquant notamment que la Constitution russe ne permettait pas l’extradition de citoyens russes vers l’étranger. De son côté, Andreï Lougovoï nie être impliqué dans l’assassinat de Litvinenko.
Immunité parlementaire
« La décision de prendre Lougovoï sur notre liste est aussi bonne pour le parti, avec la publicité que Lougovoï lui apporte, que pour Lougovoï lui-même: une fois élu, il participera lui-même à la défense de notre Constitution pour pouvoir se protéger », a expliqué sans détour Vladislav Ignatov, délégué de la région de Mourmansk (Nord). Un siège à la Douma donnerait à Lougovoï l’immunité parlementaire.
Tribune politique
Pour le quotidien Izvestia, dans l’affaire Litvinenko, « Lougovoï est déjà protégé par une réaction assez dure des responsables du plus haut rang », y compris de Vladimir Poutine. « Lougovoï a sans doute eu un besoin urgent d’une tribune politique. Pour quoi faire? On l’apprendra au cours de la campagne électorale », estime le journal russe Izvestia, contrôlé par le groupe public russe Gazprom. (afp)
Et si un jour Lougovoi succédait à Poutine?
Andreï Lougovoï, un ancien du KGB, accusé d’avoir empoisonné Alexandre Litvinenko à Londres il y a un an, est candidat aux élections législatives de son pays le 2 décembre.
Pour Scotland Yard, il est le suspect numéro un du meurtre le plus retentissant de ces dernières années. En Russie, il est au pire une victime, au mieux un héros. La justice britannique réclame en vain son extradition pour l’assassinat au polonium 210 d’Alexandre Litvinenko, à Londres, il y a un an jour pour jour. Andreï Lougovoï ne se cache pas. Au contraire, il est même l’un des candidats les plus en vue aux élections législatives du 2 décembre en Russie.
Ce père de quatre enfants, blond au regard bleu, est-il vraiment un tueur froid ? Il y a un an, la vie de cet ancien du KGB reconverti avec succès dans les affaires a basculé, de l’ombre vers les projecteurs des médias du monde entier. Lougovoï le tueur présumé reçoit dans ses nouveaux bureaux installés au premier étage de l’hôtel Radisson de Moscou. Deux pièces modestes protégées par un petit digicode. Pas de gorilles en nombre. Et pourtant, il dit craindre pour sa vie. Assis dans son bureau, chemise à fins carreaux, élégante cravate bleu ciel et costume bleu gris, tour à tour crispé et souriant, il raconte : «Dans la rue, on me reconnaît. Je signe des autographes avec plaisir.» L’homme a le goût de la provocation. Dans le bureau est accrochée une vieille photo de Vladimir Poutine serrant la main de son désormais ennemi public numéro un, le milliardaire exilé à Londres, Boris Berezovski, ami de feu Litvinenko.
C’est justement dans l’orbite de Berezovski que Lougovoï a connu Litvinenko il y a dix ans. Une connaissance, «pas un ami», précise Lougovoï. Fils d’un colonel de l’armée soviétique, issu de la neuvième direction du KGB chargée de la protection des personnalités, Lougovoï, passe dans le privé, dans les années Eltsine. En 1996, il est chef de la sécurité de la chaîne de télévision ORT de Boris Berezovski. C’est là qu’il croise l’officier du FSB Alexandre Litvinenko qui, fin 1998, dénoncera les turpitudes de son service alors dirigé par Vladimir Poutine, avant de fuir à Londres.
Le Figaro