« Appel de Yaoundé » : peut – il être entendu ?

 

La cour suprême camerounaise statuant comme conseil constitutionnel a rejeté ce mercredi 19 octobre 2011 la vingtaine de recours qui lui était adressée par les principaux adversaires de Paul Biya au lendemain des élections présidentielles du 09 octobre dernier. Aussi, curieusement, avant même la tenue de cette audience, cette même cours suprême avait déjà adressé des cartons d’invitation aux 23 candidats en lice pour ce scrutin, pour les informer de l’audience de proclamation des résultats qui se tiendra ce vendredi 21 octobre 2011. Comme pour leur dire que leurs recours n’avaient aucune chance d’aboutir. Toute chose qui a poussé Me Jean de Dieu Momo, candidat à cette présidentielle de renoncer à défendre son recours, prétextant qu’il ne servirait à rien de céder à ce jeu de la cour suprême.

Par anticipation, et comme si connaissant déjà l’issue infructueuse de leurs recours, sept candidats à cette élection ont appelé le peuple Camerounais en début de cette semaine à se préparer pour des manifestations qu’ils organiseront, au cas où la cour suprême n’annulerait pas ce scrutin qui pour eux n’était ni transparent ni juste.

En effet, Ni John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Edith Kah Wallah, Bernard Muna, Albert Ndzongang, Jean de Dieu Momo et Paul Aya Abine ont demandé à la cour suprême d’invalider le scrutin du 09 octobre dernier, afin qu’un autre plus transparent confié à un organe plus indépendant soit organisé dans un délai de six mois. Aussi, ces sept opposants à Paul Biya tous originaire de la partie ouest du pays ont menacé d’appeler le peuple camerounais à la révolte, au cas où ils ne seraient pas entendus.

A l’annonce de cette nouvelle, l’on a noté comme une peur bleu au sein du sérail camerounais. C’est ainsi qu’on assiste quotidiennement à des interventions des caciques du pouvoir de Yaoundé à travers les medias, invitant le peuple camerounais à ne pas répondre favorablement à cet appel dit de Yaoundé.

Seulement, il convient de préciser que cet appel des principaux opposants au régime de monsieur Biya risquerait fort bien de ne pas être entendu, ceci, pour plusieurs raisons :

Le réveil tardif de ces acteurs

Ce n’est un secret pour personne que les principaux opposants camerounais ont perdu ces dernières années toute crédibilité et toute popularité auprès des camerounais.  Egalement, de nombreux camerounais auraient souhaité voir à l’occasion de ce scrutin une opposition unifiée et parlant d’une seule voix contre monsieur Biya. Mais, les égoïsmes des uns et des autres ne les ont pas autorisés à s’unir autour d’une candidature unique de l’opposition. Ainsi, pour de nombreux Camerounais, ce réveil tardif de ces opposants n’’est ni plus ni moins qu’une « surenchère politique ».

Le recul du sentiment patriotique

Pendant ses 29 ans de règne, l’actuel président camerounais a réussi à éteindre au sein de la population camerounaise le sentiment patriotique qui jadis caractérisait le peuple camerounais. Aussi, de nombreux camerounais, meurtris par la pauvreté, le chômage et la famine se considèrent actuellement comme des étrangers dans leur propre pays. Plus loin, l’on sait que le pouvoir de Yaoundé n’a jamais lésiner sur les moyens pour éteindre le moindre soulèvement. La sanglante répression des émeutes contre la modification de la constitution en février 2008 en témoigne à suffisance.

Il est peut – être vrai que l’immense majorité de  camerounais souhaiterait sans délai voir s’effondrer l’actuel pourvoir de Yaoundé. Seulement, pour les raisons sus-évoquées, aucun d’eux n’est prêt à accepter de servir d’œuf qui entrera dans l’assaisonnement de cette omelette. Cependant, la prudence nous recommande d’attendre voir ce que ferons ces sept opposants au soir de la proclamation du verdict des urnes. Car l’on ne sait jamais !