tantôt au centre droit, tantôt au centre gauche ou +.


Nous avons assisté à une grève conjointe des enseignants du public et de ceux du privé ce qui de mémoire n’était jamais arrivé. L’enseignement public est celui de la masse des Français, c’est à dire celui qui les accepte tous quelques soient la couleur de leur peau. L’enseignement privé, c’est autre chose, c’est déjà un enseignement pour une classe de la société, celle qui peut le payer. L’enseignement public est confronté à la misère de la population, pas celui du privé, ce ne sont pas les mêmes gens bien qu’il soit devenu «banalisé» eu égard à la situation de notre société. Le privé est principalement d’obédience catholique, mais beaucoup moins prononcée aujourd’hui. Il y a des écoles laïques privées sous contrat dont beaucoup portent le nom Saint quelque chose, c’est à dire quelles font référence à un Saint comme Saint-Thomas-d’Aquin, il y en aurait 93 à Paris. Elles sont en général à droite politiquement. A Paris par exemple il y a 8 écoles privées laïques sous contrat, par exemple l’école privée Pascal.

C’est la loi sur la laïcité de la séparation de l’église et de l’État du 09 décembre 1905 de la société civile de celle religieuse qui donna à la France ce qu’elle est, c’est à dire multiculturelle, c’est sa richesse, mais pour l’éducation c’est tout le contraire maintenant. Le brasage des populations, l’immigration sont des facteurs favorisant le multiculturalisme des familles qui, conservant leur langue d’origine et leurs mœurs pendant trop longtemps, font que leur intégration dans notre société interagit sur l’apprentissage de notre langue à leurs enfants. C’est un handicap considérable pour notre école publique qui se trouve confrontée à des impossibilités accentuées par le manque d’enseignants. Cette situation n’est pas égale dans tous les pays, et lorsque j’entends que notre enseignement est mal coté il faut comparer ce qui est comparable. Le rapport PISA de 2009 de l’OCDE, nous place 21ème sur l’écrit et mathématiques, mais nombre de pays devant nous n’ont pas tous ce flux migratoire et le même nombre de citoyens. Il faut noter page 19 du rapport que les élèves de l’enseignement privé affichent des performances analogues à ceux de l’enseignement public. Voir aussi qu’est-ce que le rapport PISA.

Les enseignants du public sont soumis à des contraintes d’éducation différentes de celles du privé, c’est la raison pour laquelle cette grève conjointe présente un aspect spécifique entre des deux types d’enseignants qui, malgré cela, montrent leur malaise. La répartition des enseignants publics privés est de 80 % pour le public et 20 % pour le privé. Ceci traduit d’une façon certaine la différence idéologique. Rappelez-vous la manifestation géante de l’école privée sur la loi Savary du 24 juin 1984 visant a introduire l’école privée dans un grand service public, dans les 110 propositions de François Mitterrand, qui le contraignit au retrait du projet le 14 juillet 1984. Il faut donc que notre école soit en mauvais état pour que se réunissent dans une manifestation à la fois ses deux branches d’éducation.

La cause de ce malaise des enseignants, entre autre, est la suppression de 16.000 postes dans la loi de finance 2011, 600 administratifs et 15.400 enseignants, le nombre d’emplois reste malgré tout en augmentation de 4578 postes entre 2010 et 2011, passant de 963.616 à 968.194 personnels. Si l’on intègre les personnels techniques TOS, techniciens, ouvriers, et services transférés des départements aux régions loi du 13 août 2004, qui de 90.000 sont passées à 120.000 depuis 2005, auparavant payés par l’État. Les assistants d’éducation sont désormais payés directement par les établissements. Les personnels qui travaillent au service de l’éducation, soit 1,15 millions de personnes, seraient en réalité en 2011 aussi nombreux qu’en 2002 alors que l’État affiche une baisse sur la même période de 13,2% des effectifs. Les assistants d’éducation par exemple, qui étaient 22.655 en 2003 sont désormais 63.734, 20.000 emplois qui n’avaient pas été comptabilisés ont été retrouvés, voir, le document de la Fondation iFRAP.

Si l’on en croit ces chiffres le nombre d’emplois resterait malgré tout en augmentation de 4578 postes entre 2010 et 2011, mais concernent-ils les enseignants ? Non. Pour les enseignants sur 16.000 postes 15.400 seront supprimés, après 50.000 entre 2007 et 2010. Le malaise de notre école est bien réel. 8.967 postes seront supprimés dans les écoles primaires, dont 5.600 en surnombre, 4.800 dans les collèges et lycées, et 1.633 dans l’enseignement privé sous contrat. Les 600 restants sur les 16.000 sont des personnels administratifs.

La présentation que fait l’iFRAP est,

«les personnels au service de l’éducation seraient en réalité aussi nombreux en 2011 qu’en 2002, soit 1.15 millions de personnes» est tendancieuse si l’on n’y regarde pas de plus près.

De plus l’iFRAP écrit que l’État reconnaît une baisse de 13,2 % des effectifs, mais que 20.000 emplois seraient retrouvés pour les assistants d’éducation, ce n’est donc pas clair. L’ iFRAP parle en masse globale des personnels d’éducation alors que les enseignants ont fait grève par manque d’enseignants.

Qu’il soit nécessaire de faire des économies, c’est certain, mais peut être faudrait-il regarder la répartition des enseignants en fonction des difficultés scolaires des enfants. Dans cette optique le ministre Luc Chatel prendrait position pour que le choix des suppressions de postes soit fait dans les académies, «au plus près du terrain». Pour le ministère il y a de la marge, puisqu’il y avait l’an dernier 45.627 enseignants de plus pour 604.300 élèves en moins. Mais pour le secrétaire général du SNUipp-FSU Sébastien Sihr principal syndicat du primaire, «on passe d’une situation de sous-investissement de l’école primaire à une situation d’asphyxie, avec comme conséquences la hausse des effectifs des classes ou encore la baisse des départs en formation continue des professeurs», c’est évident.

L’autre point est le statut des professeurs qui assurent entre 15 heures et 18 heures de cours par semaine, une bricole, mis à part les professeurs de écoles qui travaillent plus que la moyenne OCDE de 900 heures de cours par an, voir le document de la Fondation iFRAP.

Pour Sarkozy ils seraient une profession de privilégiés dominée par leur confort et ce qu’ils gagnent. On peut en penser ce que l’on veut, mais il est indéniable que par rapport aux salariés du privé à même niveau de diplôme les enseignants sont des privilégiés. C’est une masse qui pèse lourdement électoralement et qui se balance du centre droit au centre gauche au point qu’elle avait déserté son obédience socialiste d’antan pour le centrisme du Modem.

18 heures par semaine, c’est malgré tout bien peu, ces professeurs pourraient en faire un peu plus, sans qu’ils en souffrent, dans la situation de notre pays. Aujourd’hui, comme les socialistes ont un programme dans lequel ils mettent la priorité sur l’éducation, mais pas dans le bon sens, c’est plus d’heures qu’il faudrait. Les enseignants revoient donc leur position. De là un sentiment de malaise s’en dégage qui serait dominé par leur seul intérêt.

C’est un article du Monde.fr qui nous dit, je vais voter à gauche c’est une question de survie. Comment peut-on parler ainsi ? Quelle confiance peut-on leur accorder ? La gauche ne serait qu’un moyen d’obtenir ce qu’ils souhaitent ? On ne peut rien construire avec cette mentalité. La gauche est mal partie avec les enseignants qui, n’obtenant pas ce qu’ils souhaitent, se porteraient vers d’autres orientations politiques. Elle devrait se méfier de ce corps enseignant caméléon.

Selon le rapport de l’OCDE les professeurs du second degré ne seraient pas plus mal payés à l’heure que la moyenne de l’OCDE si l’on intègre les primes et les heures supplémentaires. Leur taux horaire serait de 59,29 € contre 59,6 € pour 17,9 heures de cours par semaine sur 36 semaines, soit 644 heures en moyenne toujours selon le rapport iFRAP. L’étude nous apprend, en outre, que le nombre d’heures statutaire en moyenne hors heures supplémentaires serait de 612 heures annuelles pour un taux de 56 €.

Il faut savoir que sur l’ensemble de la fonction publique, la rémunération globale des fonctionnaires se décompose pour 80 % en traitement indiciaire et pour 20 % en rémunération accessoire. La part des rémunérations accessoires est de plus de 30 % pour les cadres non enseignants de l’État, encadrement supérieur compris. Elle est de 10 à 15 % pour les enseignants du second degré et de l’ordre de 5 % pour ceux du premier degré.

L’intégration des heures supplémentaires, qui ne sont exclusivement permises qu’aux enseignants du second degré, et attribuées par le chef d’établissement en fonction des besoins, donnent selon cette étude pour les professeurs une rémunération de 59,29 € de l’heure pour 59,6 en moyenne OCDE. Pour 644 heures en moyenne au collège cela donne un coût annuel de 38.188 €. Ces heures supplémentaires représentent un montant de 800 millions soit 3,6 % de la masse salariale, voir pour le détail le livre sur le métier d’enseignant, page 49. C’est important quand il faut payer cette somme sur nos impôts. De plus, les écarts de revenus familiaux entre les enseignants et les cadres du privé sont nettement moins importants que les écarts de salaire individuel.

 

Il ne faut donc pas dire que les enseignants sont mal payés, et que fait-on de toutes les heures de cours privés qu’ils font sans que ce soit déclaré ? En outre, s’ils travailleraient plus, ils gagneraient plus, ce qui conduirait à compenser le manque de professeurs.

«Il faut noter que le groupe des enseignants est l’un des groupes sociaux qui a le mieux résisté aux cours des 25 dernières années», ce qui n’est pas le cas des retraités, les oubliés de la politique Sarkozyenne.

A noter que dans l’enseignement primaire le nombre d’heures d’enseignement est de 23,8 heures effectives en France pour une obligation règlementaire de service de 26 heures, là aussi ils ne font pas assez d’heures. Nous serions situés en quatrième position derrière l’Irlande 25,9 heures, l’Italie 25,1 heures et Malte 25 heures, selon le livre sur le métier d’enseignant.

Le rapport va plus loin, il donne sur les 451.706 personnes du second degré public les dépenses de rémunération, selon ces informations budgétaires comme suit, – 14,9 milliards d’euros de traitements indiciaires soit statutaires, – 1,24 milliard de primes, – 1,07 milliard d’heures supplémentaires. Soit 17,25 milliards !

Les primes représentent de l’ordre de 10 % du traitement indiciaire.

Le statut des enseignants qui date du Décret n°2007-1295 du 31 août 2007 – art. 2 (V) JORF 1er septembre 2007, nous informe que, les personnels enseignants du second degré sont tenus de fournir sans rémunération supplémentaire, dans l’ensemble de l’année scolaire, les maxima (qu’est-ce que c’est ?) de services hebdomadaires suivants, Enseignements littéraires, scientifiques, technologiques et artistiques, Agrégés : quinze heures, Non agrégés : dix-huit heures. Article 5 (Créé par Décret n°2007-1295 du 31 août 2007 – art. 2 (V) JORF 1er septembre 2007) Les maxima de services prévus à l’article 1er sont diminués d’une heure pour les professeurs de première chaire.

Ils pourraient faire plus d’heures.

Tous les ans, il y a des heures perdues qui grèvent l’éducation de nos enfants. En 2005 un rapport de la Cour des comptes montrait que 97.000 personnes physiques sur un total de 803.000 enseignants du primaire et du secondaire n’enseignaient pas. Et c’était sans compter ceux qui, pour des motifs divers, se voient déchargés de certaines heures de cours qui leur sont pourtant payées. Il serait bon que cela change.

En mai 2010, la Cour des comptes montre que de nombreuses heures sont encore payées aux enseignants sans qu’ils soient occupés à enseigner devant leurs élèves ou à préparer leurs cours. Ainsi, à la rentrée 2009, ces «décharges de service» représentaient «369.633 heures hebdomadaires, soit l’équivalent d’environ 20.535 emplois !» Sans compter que les contrôles ne seraient pas rigoureux. Il y a besoin de faire un grand nettoyage dans notre éducation nationale.

Le livre vert sur le métier d’enseignant nous apprend,

«Sur une année scolaire, les heures d’enseignement sont amputées du temps des stages des élèves, ainsi que du temps des examens. Cela peut représenter un nombre de semaines non négligeable au cours d’une année, et donc, pour un certain nombre d’enseignants, un volume important d’heures d’enseignement non dispensées. Les examens représentent deux, voire trois semaines de cours perdues chaque année du fait de la fermeture des établissements, soit une perte de potentiel d’enseignement équivalente au travail de 20.000 à 30.000 professeurs».

Or, pour l’iFRAP, les données qui seraient basées sur le livre vert du métier d’enseignant montreraient une annualisation du travail des enseignants, ce que je ne puis confirmer n’ayant pas trouvé cette information.

Cette annualisation de «709 heures», correspondrait à 2 heures de plus par semaine pour être dans la moyenne de l’OCDE. Cela conduirait pour les 483.979 professeurs du second degré public et privé à 33,4 millions d’heures en plus, et d’en déduire que l’on pourrait par cette simple mesure faire l’économie 44.783 postes temps plein. Raisonnement complètement utopique si l’on ne tient pas compte des conséquences d’une telle suppression de postes. Par contre, ces deux heures auraient une meilleure utilisation si elles étaient appliquées aux classes en difficulté dans les zones prioritaires.

Il me paraît important que le parti socialiste prenne en compte cet esprit des enseignants qui finalement se proposent de voter pour lui par ce qu’ils y voient un coté salutaire, et non pas par ce qu’ils seraient de gauche. Cela risque d’en décevoir plus d’un si le programme éducatif socialiste, venant en charge de la Nation, ne permet pas de les satisfaire.

Revenons sur la confrontation entre Martine Aubry et François Hollande sur les 60.000 postes qu’il envisage de créer. Pour Martine c’est un transfert puisque qu’Hollande supprimerait les postes de redoublement qui coûtent 2,5 milliards en cinq ans pour 60.000 postes qui coûteraient autant. En fait d’après elle, il n’embaucherait pas d’enseignants ! La réponse d’Hollande,

«oui, je mettrai 2,5 milliards pour financer ces 60 000 postes sur le budget de l’éducation à la fin du quinquennat. Oui, le redoublement, c’est bien 2,5 milliards à la fin du quinquennat. Je ne dis pas qu’il faut supprimer tous les redoublements, il y a des fois où c’est nécessaire, mais on voit bien qu’il y a une marge. Je préfère qu’il y ait plus d’enseignants pour suivre des élèves qui seront amenés à ne pas redoubler plutôt que d’avoir des redoublements avec des effectifs constants». Pauvres redoublants. Il augmentera bien le budget de l’éducation nationale.

Alors l’argument complètement utopique est donné par Stéphane Le Foll de son équipe de campagne, qui dit, «en augmentant le nombre d’enseignants de 12 000 par an, 60 000 en 5 ans, on améliore ainsi la formation des élèves, ce qui, à terme, pourrait aider à réduire le nombre de redoublements, qui coûtent de l’argent. On pourrait donc s’y retrouver financièrement, c’est le principe de l’investissement», encore des politiques qui n’ont rien comprit. L’enseignement de redoublement n’est pas le même que celui qui est fait pour tous les élèves.