L’Union Africaine est connue pour ses positions intransigeantes vis-à-vis  de toute  prise du pouvoir par les armes. A chaque fois qu’est survenu un coup d’Etat dans l’un de ses pays membres, l’Union Africaine n’a souvent pas hésité à suspendre très rapidement ce dernier de l’organisation, en attendant le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Même au Niger où le renversement de Mamadou Tandja pouvait être  présenté comme un « coup d’Etat constitutionnel », l’organisation panafricaine a, à la surprise de tous , refusé de reconnaître le régime transitionnel mis en place par les militaires.

De même qu’en Guinée, avec le coup de force de Dadis Camara, au lendemain de la mort de Lansana Conté. Cette position de l’Union Africaine pouvait bien tenir, en ce sens que la culture de la prise du pouvoir par la force gagnait déjà tellement l’Afrique. C’est ainsi qu’à l’opposé des puissances occidentales, l’Union Africaine n’avait jusqu’ici pas reconnu les insurgés libyens, ce qui ne pouvait paraître  que logique. Mais, paradoxalement, elle ne trouvait pas de mal à ce que  certains de ses Etats membres reconnaissent le CNT. Ainsi, au sein de l’organisation, les avis étaient très partagés entre ceux qui comme le Sénégal souhaitaient que l’U.A reconnaissent rapidement le CNT, et ceux qui voudraient plutôt qu’on tente de réunir les deux parties libyennes à la table de négociation. L’Afrique du Sud et l’Algérie étaient  les plus fervents défenseurs de ce 2e courant.

Dans une interview donnée à la Radio France Internationale et à la chaine britannique BBC la semaine dernière, le président de la commission de l’Union Africaine a maintenu cette position et a indiqué que «  …le siège de l’Union Africaine  est prêt à accueillir les nouvelles autorités de transition sous un certain nombre de réserves. » ; l’une de ces réserves a-t-il précisé « c’est que cette autorité soit représentative de la Lybie… c’est-à-dire incluse et consensuelle… ».

Et justement, ces derniers jours, ces autorités de transition libyenne ont été inaccaparables de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale. Les principales parties en présence n’ayant pas pu trouver le consensus. C’est ainsi que la mise sur pied de ce nouveau gouvernement a été reportée sine die, puisque Moustapha Abdeljalil le leader du CNT et son premier ministre devant se rendre à New York pour l’assemblée de l’ONU. Seulement, l’on a appris ce mardi 20 septembre que l’Union Africaine a décidé elle aussi de reconnaître les subversifs libyens comme les seules autorités légitimes de Libye. Une décision qui va carrément aux antipodes des textes et lois de l’Union Africaine qui condamnent toute prise du pouvoir par la force. Certainement que l’Organisation panafricaine aurait finalement céder à la pression de Sarkozy et de ses complices. Mais seulement, il devient très dangereux quand une organisation régionale de la taille de l’U.A se trouve contraint  de violer de façon flagrante ses propres textes, par simple effet de mode !