Vingt-et-un bulletins de vote! Voilà ce que recevront chacun des électeurs qui se rendront aux urnes les 9 octobres 2011 pour désigner le président de la république du Cameroun parce qu’ils auront le choix entre 21 candidats! Mais pourquoi donc une telle ruée? Essayons d’en comprendre les raisons.

 

Dans un excellent article , le magazine en ligne Slateafrique.com décrivait très bien ce phénomène social qui conduit les Camerounais à rechercher des titres d’honneur. Ceux-là qui dirigent des associations de quartier ou des cercle tribaux de peu d’importance aiment à se faire appeler "M. le Président" ou tout simplement "Prési". On peut alors aisément parier que les hommes politiques camerounais manifestent le même phénomène que le journaliste de Slate Afrique, Sara Sakho, désignait par le néologisme titroïde.

 A gauche, Fru Ndi. En course malgré tout...

Ils veulent tous donc être président à commencer par le sortant, Biya’a Bi Mvondo Paul Barthélémy , au pouvoir depuis 1982, qui a fait réécrire la constitition qui limitait le nombre de mandat présidentielle, afin de pouvoir briguer un nouveau septennat. La teinture de sa chevelure masque bien ses 77 ans -dixit sa biographie officielle- et peut pousser à penser que des adversaires historiques tels que Njoya Ndam Adamou ou Fru Ndi Ni John sont bien aptes que lui à se présenter aux élections même s’ils n’ont que 69 et 70 ans. A noter que depuis la libéralisation des la vie politique aux débuts des années 90, ces opposants comme la plupart des leaders politiques au Cameroun ont conservé la présidence de leurs partis. Présidents à vie donc, même s’il ne s’agit que d’un parti politique. 

 

En janvier 2011, le Cameroun comptait 253 partis politiques légalisé. Soit, depuis 1991, un rythme d’un parti créé par mois. Le lecteur de cette article s’avisera donc de ne prendre ce chiffre qu’à titre indicatif. Bémol important à souligner: il n’y a que sept organisations politiques à compter des députés dans un parlement outrageusement dominé par le parti au pouvoir ( 148 députés sur 180). Mais la têtutesse des faits n’éteint pas les égos des hommes politiques qui ne comptent rater l’occasion offerte par la campagne électorale pour se faire voire du commun des Camerounais.

 Kah Walla, l'une des deux femmes candidates. Pugnacité et espièglerie

Sinon, comment comprendre que la compétition politique soit privilégiée au détriment d’autres moyens d’influencer l’opinion publique et la convaincre du bien fondé de ses idées. Mis à part Patrice Nganang , le Cameroun ne compte presque plus de plumes littéraires engagées de l’acabit de Mongo Beti. C’est armé de beaucoup de persévérance que pour parviendrez à trouver dans la meule de foin du web, quelques blogs ou sites en guise d’épingle tenus par des personnalités politiques camerounaises connus. Tous veulent être président et personne ne tient à reprendre le flambeau du syndicalisme éteint à l’eau glacé.