Je vais ouvrir ma boutique sur internet. Il parait qu’il y a pas mal d’argent à se faire… Vous achetez un bon stock de choses à bas prix, fait dans un pays disons, pas trop regardant sur les normes salariales et la législation du travail (chine, inde, voire pays de l’Europe de l’Est, etc.…) et vous le vendez en ligne. Comme ça vous vous faites une bonne marge.

J’hésite encore, entre vendre du bonheur ou du rêve. Ce qu’il y a, c’est que des marchands de rêve, ça court les rues, à commencer par nos politiques, prêt qu’ils sont à vous vendre des lendemains qui chantent ou à vous assurer qu’en travaillant plus, vous gagnerez plus (mais là, c’est forcé et évident : c’est un mensonge !!! qui y croirait ???).

Bref, je m’oriente plutôt vers la vente de bonheur. Personne n’a encore osé, et je suis sûr qu’il y a plein de personnes qui aspirent au bonheur. Si en plus, ils peuvent se le procurer sans rien faire, juste en le commandant d’un clic sur Internet, c’est gagné.

Donc, il faut que je me trouve un coin où l’on peut fabriquer du bonheur à bas coût. Et comme on dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres, alors, je dois me trouver un coin où les gens sont très malheureux, parce que, forcément, plus ils le seront, meilleur sera la qualité du bonheur qu’ils produiront pour les autres.

Bon, c’est vrai, je dois éviter de trop culpabiliser, ça n’est pas bon pour le commerce et si je tombe là-dedans, je n’arriverai jamais à démarrer mon business. Mais bon, ce qui me rassure, c’est qu’il y a tout un tas de gens qui ont inventé de bonnes justifications pour contourner ce problème. Déjà qu’à longueur de temps on nous dit qu’il n’y a pas de mal à être riche, qu’on n’est pas responsable de la misère du monde, que si on le fait pas d’autres en profiteront à notre place, que de toute manière, ça peut que donner du travail à des gens dans la misère, etc.… avec ça, si on n’est pas décomplexé, quand même !

Et puis qui sait, si mes affaires tournent bien, je finirai par être côté en bourse ? J’aurais plus qu’à suivre les cours du bonheur, en acheter quand il y en a besoin, revendre quand la demande se fait moins pressante, après tout, on fait ça avec les matières premières comme le pétrole, le blé, le gaz carbonique, pourquoi pas le bonheur ??

Bon, mais je dois être prudent. Parce que si les Chinois repèrent qu’il y a un gros créneau, ils vont vite vouloir me piquer mon idée. Venir dans ma boutique, prendre des photos, et hop ! Repartir au pays pour créer encore plus de bonheur à prix encore moins cher et venir s’implanter en Europe pour nous le vendre directement. Et ça n’est pas l’Union Européenne qui va surveiller la concurrence déloyale puisqu’elle aurait plutôt tendance à l’encourager.

Vous imaginez ? Des boutiques de vente de bonheur partout à prix défiant toute concurrence, tenues par des chinois ? On n’aura plus qu’à fermer boutique. Et puis, c’est nos gouvernants qui vont être contents. Si on fourgue du bonheur bon marché, en veux-tu en voilà, ils n’auront plus besoin de se casser la tête à trouver des solutions (déjà que…).

Bon, je crois que je vais partir là-dessus. Et dès que j’entre en bourse, je refourgue mon business à une Major Company et je vais « Bill Gater tranquille» dans un paradis plein de cocotiers.

Je précise que je n’ai rien contre les Chinois. Mais bon, fallait bien trouver quelqu’un.