Je viens de réaliser ça ce matin, entre une tartine grillée et un pamplemousse (hé oui, le régime double café Peaberry de Tanzanie et douze Marlboro light, c’est plus pour moi). Les blondes maquillées à la poitrine ré haussée ont détruits l’hymne des Cobain aux pantalons troués (avec peut-être l’aide des "  Bieber coupe surfeurs "  aux voix fluettes). Les stations radio, les bars, et les chaînes musicales se sont formatés au mode boîte de nuit, et même You tube fait la promo de Lady Gaga. Depuis que le CBGB’s a fermé ses portes aux derniers intellos musicaux, on aime le rock en silence. Et quand je dis rock, c’est avec un grand R, de celui qui brandissait le poing à Woodstock ninety-nine ! Oubliez, personne ne s’en souvient, c’est foutu j’vous dis. Mais restons dans l’esprit optimiste underdog (si ceux de Greenpeace peuvent le faire…) et citons Werchter, Glastonbury et même le Rock am ring, tiens.

L’ennui, ce n’est pas le rock et tous les dérivés qu’il comporte. Après tout, on aime ou on n’aime pas. Le fond du problème vient du fait qu’écouter une musique qui demande une écriture de plus d’une nuit demande également une masturbation mentale plus importante. Et réfléchir abondement n’est plus franchement d’actualité, puisqu’il faut se divertir même -voir surtout- avec des bêtises (inutile d’épiloguer, vous trouverez une dizaine d’exemples avant de lire la ligne suivante). Quelquefois, il existe l’un ou l’autre gosse de marginal qui écoute un peu de Nirvana, de Libertines ou de Creedence clearwater revival. Plus proche de nous, il existe encore des Last shadow puppets très appréciés, et certains jeunes ont parfois un groupe de r.o.c.k préféré. Mais rare sont ceux qui prennent la peine de s’enrichir en traduisant des paroles qu’ils ne comprennent pas (alors pourquoi ils remuent les lèvres comme si c’était acquit??).

C’est triste, et profondément dommage, mais surtout il ne faut pas tenter de renverser la vapeur. Malheureux, ne touche pas à ça! Sinon tu vas massacrer une belle chanson qui ne t’a rien fait et créer un remix dénué de "l’âme artisanale" qui nous cassera les pieds tous les quart d’heure sur Fun radio. Et quand on ne retouche pas les chansons d’antan, on les copie en croyant qu’on fait pareil. À petite dose, c’est marrant, mais ça ne s’arrête pas qu’à l’univers musical (regardez Beigbeider, il vénère Sagan, et qu’est ce qui en sort… "L’amour dure trois ans ". Canet, lui, cite John Cassavetes et signe un film aussi pathétique que la musique de sa bande annonce). Suffit la théorie, passons à la pratique. J’ai lu dans le journal (BELGE) un drôle d’article. Non, un article drôle sur les artistes les plus écoutés en France. Les Enfoirés -j’ai souris-, Christophe Maé -j’ai ris- et ….tam tam tam taaaam : Les prêtres ! -là c’était étrange, j’ai eu une espèce de crise d’angoisse mêlée à un rictus sévère et ineffaçable-. Peu importe si la musique est bonne, tant qu’elle rapporte de l’argent. Merci, Stromae, et merci à toi aussi, René la taupe. Le seul qui a vu juste dans l’histoire, c’était bel et bien Marilyn Manson : Rock is dead.