Cinquante et une fois on annonce le retour au bercail

Des tirailleurs sénégalais pour la prise de la bastille

Au son des fanfares sur l’ile de Gorée

Mais quand vient l’idée au nègre affranchi

De bâtir la citadelle symbole de bonheur

Le fouet du maitre est là déguisé et menaçant

La phobie que l’esclave devienne maitre

Contraint aux répressions maintes fois injustifiées

Fallait pas à la face nous larguer l’indépendance

La notion de liberté qui affranchit l’esprit

Fallait pas nous bâtir les temples du savoir

Creuset des théories qui éveillent les consciences

L’or et le diamant sous les grottes s’ennuient dans le Djalon

Les bambins confondent balle de foot et pépites d’uranium

Dans le désert sans vie d’Agadez

Les fillettes se baignent dans les fleuves de pétrole au Magrheb

Mais quand vient l’idée au nègre affranchi

De battre l’or pour les parures de sa gloire

Le fouet du maitre est là déguisé et menaçant

La crainte que le monde change de maitre

Contraint à la déstabilisation des colonies perdues

L’agonie du roi qui dans sa sépulture

Emporte têtes et entrailles d’esclaves

Fallait pas nous libérer de vos oppressions

Fallait pas nous penser les plaies béantes du marquage

Au fer sur les navires de la déportation vers l’inconnu

La faune et la flore aquatique s’impatientent

D’être servis Caviar au diner pour les damnés

Dans les forets vierges les essences attendent le tronçonneur

La lune et le soleil se disputent le droit d’éclairer

Les chemins des intarissables joies nègresses

Mais quand vient l’idée au nègre affranchi

De se bronzer au soleil des plages paisibles

Le fouet du maitre est là déguisé et menaçant

Le refus que l’esclave repose l’esprit lui aussi

Contraint à la pollution de l’océan

Fallait pas nous dire liberté, égalité, fraternité

Fallait pas de la sève vivifiante de la liberté

Toucher les lèvres desséchées des peuples assujettis

Fallait pas nous dire désormais vous êtes libres