déclare ne pas tuer la croissance en luttant contre la dette.

Invraisemblable, notre précédente ministre de l’Économie et des Finances déclare, pour les pays aux économies avancées, dans un article au Financial Times, du 15 août, «ne laissons pas le coût de frein budgétaire bloquer la reprise mondiale». Ne pas tuer la croissance contre la dette serait la position du FMI par la voix de Christine Lagarde qui est dans la continuité de celle de DSK formulée depuis plus d’une année, mais jamais appliquée. Position sage, mais tardive puisque la dette n’a cessée de croître alors que la croissance de la zone euro n’est que de 0,2 %, celle de l’Allemagne 0,1 % et pour la France de 0,0 % au second trimestre 2011. Ce n’est évidement pas avec de tels chiffres que les rentrées fiscales vont réduire la dette d’autant plus que la consommation baisse, que les prix augmentent, et que les salaires sont bloqués. Si l’on ajoute à cela nos PME, PMI qui souffrent la délocalisation des grands groupes contribuant ainsi à faire des chômeurs, voir «Le chômage», et tous ceux qu’il faut aider, nous ne sommes pas prêt de réduire notre déficit. L’évasion fiscale et la fraude associées à la politique actuelle font le reste.

Les analystes, ne voient pas dans les mesures envisagées comment nous pourrons arriver en 2013 à 3% de déficit par rapport au PIB. A la suite du mini sommet Merkel Sarkozy du 16/08/11, les conjoncturistes observent «s’il nous semble que l’objectif de maîtrise des dépenses publiques peut être atteint, le dynamisme des prélèvements obligatoires observé en 2010 devrait être affecté par le retournement conjoncturel auquel nous assistons». Natixis estimait que la cible gouvernementale à 4,6 % du PIB est bien loin de leur prévision à 5,4 %. «Pour être à 3 % en 2013, il faudrait 16 à 18 milliards d’euros supplémentaires. Si on fait 10 milliards l’an prochain et s’il n’y a pas de conséquences supplémentaires de la crise sur l’économie réelle, alors ça ira à peu près», estimait hier Jean-Christophe Caffet, économiste à Natixis. Un montant également retenu par Exane BNP Paribas. «Le gouvernement table sur 2,25 % de croissance l’an prochain, nous autour de 1,5 %. Avec 0,8 point de croissance en moins, le déficit public est augmenté de 0,4 point de PIB, soit environ 7 milliards d’euros. S’il veut bien faire les choses, 10 milliards d’euros paraissent raisonnables, ce qui est d’ailleurs le chiffre qui circule sur les marchés financiers», sur Les Échos.fr.

En fait le gouvernement ne fait que des annonces sur la réduction du déficit qu’il ne pourra tenir comme d’habitude puisqu’il ne prévoit que 5 à 10 milliards, du simple au double, de prélèvements supplémentaires comme suite à la réunion entre Sarkozy et Fillon le 16 août. Entourloupe politique de communication, si comme beaucoup espèrent que Sarkozy ne sera pas élu, il pourra toujours déclarer, si le gouvernement suivant ne peut atteindre les 3 % en 2013, voyez-vous moi, je pouvais le faire ! Or, depuis le temps que l’on nous mène en bateau plus personne ne considère les propos du gouvernement, le pire c’est qu’il n’a pas honte. Quand à Martine Aubry, pour ne citer qu’elle, n’a-t-elle pas déclaré, dans ses propositions pour réduire la dette, qu’elle promet de revenir à 3 % de déficit en 2013 en affectant 50 % des marges de manœuvres financières, suppression des niches fiscales, croissance, et 50 % aux investissements d’avenir, c’est-à-dire aux priorités qu’elle affirme, «emploi, tout pour l’emploi, l’éducation, la sécurité», peut-on également la croire, ou ce ne sont que des annonces électorales ?

Ce que nous aurions aimé c’est que Madame Lagarde aux Finances fasse cette annonce. Mais il faut croire que sa liberté d’agir retrouvée lui à fait comprendre, si elle ne l’avait déjà pas comprit, ce que je pense, que de plans d’austérité en plans d’austérité l’économie va mal jusqu’au point d’obtenir un encéphalogramme plat comparable à celui d’un mort. Tout le monde sait que pour stimuler la croissance seule capable de donner les marges pour réduire la dette, il ne faut pas étrangler son peuple qui se repli sur lui-même.

L’article de Christine Lagarde au Financial Times qui a fait beaucoup de bruit est payant, il n’y a pas au royaume de la finance de cadeau, et nous devront nous contenter de ce que la presse nous livre, dommage. Mais en fait, elle ne dit que ce que d’aucuns disent depuis longtemps, mais ils ne sont pas des «Christine Lagarde», seulement des Français ordinaires dont l’avis ne compte pas. Mais, attention, c’est très savant ce qu’elle aurait écrit, «ce qu’il faut, c’est se concentrer à la fois sur la consolidation budgétaire à moyen-terme et le soutien à court terme de la croissance et de l’emploi. Cela peut paraître contradictoire, mais les deux se renforcent mutuellement», et hop c’est fait ! Mon Dieu quelle intelligence !

Ce que l’on aurait aimé c’est qu’elle en dise plus, c’est à dire sur quoi elle souhaiterait agir, non elle dit de «se garder de mesures d’austérités trop brutales !» C’est quoi ? «Nous devons nous rappeler que les marchés peuvent être de deux avis, s’ils désapprouvent une dette publique élevée, et peuvent saluer une forte consolidation budgétaire, ils apprécient encore moins une croissance faible ou négative, comme nous l’avons vu la semaine dernière», c’est à dire celle du 08 au 13 août ou ont été publiés les chiffres de la croissance des pays de la zone euro. «Des réductions de dépenses ne suffiront pas, les recettes doivent également augmenter, et le premier choix doit porter sur les mesures qui affectent le moins la demande», évident docteur Watson, mettant en garde contre le risque d’une fragilisation de la reprise économique mondiale.

Quelles sont ces mesures qui affectent le moins la demande ? Quand on voit ce que représente un circuit macroéconomique dans une économie ouverte, on reste perplexe.

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Cliquez sur l’image, document Wikipédia. Modélisation des relations macroéconomiques entre agrégats dans une économie.

La macroéconomie constitue l’outil essentiel d’analyse des politiques économiques des États ou des organisations internationales à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques, le revenu, l’investissement, la consommation, le taux de chômage, l’inflation, etc. Selon Frédéric Poulon la macroéconomie cherche à expliciter les relations et à prédire leur évolution face à une modification des conditions, qu’il s’agisse d’un choc, augmentation de prix du pétrole par exemple, ou d’une politique économique délibérée, celle que nous impose dogmatiquement notre président.

Contrairement à la microéconomie, qui favorise les raisonnements en équilibre partiel, la macroéconomie se place toujours dans une perspective d’équilibre général, ce qui l’amène à accorder plus d’attention au «bouclage des modèles» c’est à dire des objectifs économiques, et à la dynamique de création et de maintien d’institutions essentielles, c’est à dire un feedbach, contrôle en boucle qui permet de vérifier en fin de programme si l’objectif est atteint, comme par exemple la réduction de la dette.

La distinction systématique, pour autant qu’elle puisse vraiment se faire, entre microéconomie et macroéconomie n’émerge cependant vraiment qu’au cours des années trente autour des travaux de John Maynard Keynes. La microéconomie se spécialisait alors sur les problèmes d’allocation des ressources par le moyen des prix relatifs, alors que la macroéconomie étudiait la production globale et le niveau des prix.

En raison de la difficulté d’anticiper la conjoncture économique, et de la lenteur de l’action de la politique budgétaire, les économistes comptent généralement sur les stabilisateurs automatiques. Ils agissent quand «la situation économique se dégrade, et que les recettes fiscales sont moins bonnes, l’État prélève donc moins, tandis que les dépenses augmentent, de sorte que le déficit se creuse mais soutient de façon automatique une activité de crise», c’est ce qui se passe actuellement.

La nouvelle macroéconomie classique est un courant de pensée économique qui s’est développée à partir des années 1970. Elle rejette le keynésianisme et se fonde entièrement sur des principes néoclassiques. Sa particularité est de reposer sur des fondations microéconomiques rigoureuses. Elle recommande que les règles économiques soient claires et fixes afin que les pouvoirs publics ne fassent pas peser sur les anticipations des acteurs le risque de changements de politiques brusques et impossibles à anticiper, qui risquent de ramener l’inflation et dont la seule motivation est politicienne. Le meilleur moyen pour cela est de confier, au maximum, la responsabilité des variables macroéconomiques à des organismes indépendants, par exemple à une banque centrale indépendante, comme nous avons, en ce qui concerne la croissance de la masse monétaire. Les politiques économiques recommandées par la nouvelle macroéconomie se composent de quatre éléments,

  • Une croissance régulière limitée de la masse monétaire.
  • Des transferts et prélèvements publics qui ne varient pas, en termes réels, en fonction du cycle.
  • Des taux de fiscalité fixes et qui équilibrent à long terme le budget.
  • L’engagement du gouvernement de ne pas agir suite aux variations des prix ou des salaires.

Elle est critiquée pour son irréalisme théorique avec un objectif idéologique évident, celui de justifier les politiques libérales, voir ici.

«L’économie néoclassique désigne un courant de l’analyse économique né sous la plume de Léon Walras, Alfred Marshall, Stanley Jevons, Carl Menger, Arthur Pigou et d’autres auteurs. La «période néoclassique» va grosso modo de 1870 aux années 1930. La théorie néoclassique fut ensuite confrontée avec le keynésianisme avant de former l’économie de la synthèse. Ce courant a introduit pas mal de mathématiques dans l’analyse économique et est à l’origine de l’analyse à base d’équilibre des marchés et d’individus parfaitement rationnels».

Elle s’est opposée aux politiques budgétaires «discrétionnaires» qui à la fin des années 1970 et 1980 n’ont pas été couronnées de succès et ont contribué à accroître la dette publique. Une politique discrétionnaire est une politique qui agit en fonction des circonstances et pouvant s’appliquer sur le long terme, contrairement à une politique établie pour le long terme suivant un schéma, qui présente moins de souplesse. Avec la crise économique de 2008-2009, des politiques budgétaires de soutien ont été pratiquées partout à travers le monde, conditions sociales obligent. Si elles ont permis d’éviter que la récession ne se transforme en dépression, elles ont aussi engendré une hausse de la dette publique qui pose aujourd’hui problème notamment dans la zone euro.

Comme on le voit rien n’est simple en économie, bien que se voulant rigoureuse les résultats d’une politique économique sont peu souvent atteints. La politique économique à toujours un temps de retard sur l’évolution de la conjoncture puisqu’elle agit de façon discrétionnaire pour s’adapter au mieux aux évolutions, ce qui c’est soldé par un accroissement de la dette. En fait l’État dans sa politique budgétaire n’a pas fait une politique de la demande et sa politique de l’offre a échouée.

Le prochain article sera Merkel-Sarkozy, l’Europe pour eux seuls,