Ce père d’un garçon de 21 ans, revenu en France le 03 Juillet après trois semaines à l’autre bout du monde nous raconte :

"Quand Christian CAVALLI (Président de l’Association Sidaventure) m’a appelé pour partir au Japon et venir en aide à la population, violemment touchée par le tsunami et le séisme, je  n’ai pas hésité. En tant que pompier, on ne se pose pas la question, on va là où on a besoin de nous“,


 

L’adjudant-chef d’un centre de secours est arrivé le 14 Juin au Japon avec l’équipe de l’Association Sidaventure, en même temps que les 6 autres pompiers de cette sidaventure au Japon, dont trois professionnels et 4 bénévoles. Eric, 48 ans, a été choisi pour ses compétences en tant que chef de section sauveteur-déblayeur. “Au début, nous avons été basés à Morioka, une ville touchée par le séisme. Il faut se dire que c’est l’équivalent de Marseille et que la commune a été rasée à 40%. C’est l’image la plus dure que je retiens de mes trois semaines passées au Japon. Hélas, sur place, nous avons seulement retrouvé des personnes mortes. Ensuite, on est parti vers le Nord-Est, pour remettre en état divers ports. Tout était dévasté, il fallait aider la population. Ce qui frappe le plus là-bas, c’est que les Japonais ne pensent pas à eux. C’est tout pour les autres, les Japonais pensent à leur pays, à leur Empereur avant tout. Leur préoccupation était de remettre en état les entreprises pour relancer l’économie. Nous, on s’occupait des forêts, des ports, des plages pour ramener un peu de vie. Ensuite, nous sommes allés à Tokyo, où on s’est occupé de logistique, de véhicules de l’ambassade.“

 

Eric est revenu marqué par ce voyage. “Évidemment que je ne regrette rien. Et si on me dit qu’il faut repartir demain, j’y vais sans hésitation. C’était ma première grosse mission en tant que sauveteur-déblayeur.“ Les images sont nombreuses dans la tête du pompier Sidaventurier. “Il y en a de belles tout de même. L’ambiance au sein de l’équipe Sidaventure a ainsi été formidable. Militaires et civils, on se serrait tous les coudes. Ça a été très important car nous sommes arrivés dans des conditions très dures, sous la pluie. On a dormi à la belle étoile, on n’a pas pris de douche pendant sept jours, mais ce n’était pas grave, on était là pour les Japonais, tous ensemble, tous au service des sinistrés“

 

L’attitude des Japonais l’a aussi considérablement marqué. “L’image qu’ont les Français au Japon est unique depuis notre intervention. Quand un Japonais croisait un membre de Sidaventure dans la rue, il s’arrêtait pour le saluer, le prendre en photo. Les gens savaient que les Sidaventuriers étaient les premiers d’une Association Française au Japon, dans une ville qui est devenu un temple pour eux, à 60 kms de la centrale de Fukushima.“ Eric a eu l’occasion de vérifier le dévouement des Japonais pour les Français. “A Tokyo, le jour de notre arrivée, j’ai eu des coliques néphrétiques. J’ai dû partir en urgence à l’hôpital. Comme j’étais un sauveteur français, j’ai été pris en charge de tout de suite, gratuitement ce qui n’est pas le cas dans ce pays, et, à la fin, un médecin est venu me voir et m’a dit que ce qu’il avait fait pour moi ne serait jamais à la hauteur de ce que j’avais fait pour lui, pour le Japon. Il m’a alors salué et s’est relevé en pleurant, car il avait perdu son grand-père à Sendaï. Il m’a alors confié qu’il m’a fait le même salut qu’il aurait fait à l’Empereur. C’est dire à quel point l’intervention des Sidaventuriers l’ont marqué. On restera toujours dans le cœur des Japonais.“

 

Aujourd’hui, Eric a retrouvé sa famille – “c’était important de les revoir“ -, ses camarades de la caserne “les collègues m’ont toujours soutenu“ – mais une partie de lui est encore au Japon. “J’ai souvent voyagé et ça ne m’est jamais arrivé : quelque chose de moi est resté là-bas. Une part de moi fait partie d’eux maintenant, on était à 100% pour aider les Japonais. Oui, quand je suis arrivé en France, je suis arrivé plus vite que mon esprit et celui-ci ne reviendra pas de suite.“

 

Eric s’informe alors tous les jours de la situation, écoute les informations pour suivre l’évolution de la situation. “Un jour, j’y retournerai, avec les photos que j’ai prises, je les montrerai à ma femme, mon fils pour partager ce que j’ai vécu.“ Et cet homme au regard franc et profond de marquer un silence. “Les Japonais sont des personnes à part, ils sont formidables. Je le redis, ils pensent toujours aux autres, jamais à eux. C’est pour cela que ce pays se relèvera, j’en suis persuadé“