2ème partie donc de votre cahier de vacances aujourd’hui, avec la découverte d’une nouvelle, qui, je l’espère, saura vous détendre ou vous faire sourire…
Chassé – Croisé.
Thierry roulait depuis moins de quinze minutes, lorsqu’il engagea sa petite berline allemande sur la bretelle d’accès à une aire d’autoroute. Il sourit en se disant qu’il devançait les appels à la prudence de la sécurité routière, qui préconisait une pause après deux heures de conduite. Rétrogradant doucement, il se glissa dans le flot des véhicules se rendant dans ce qu’il avait toujours considéré comme étant un havre de paix. La radio, depuis qu’il était parti de chez lui, n’était qu’un bruit de fond, couvrant à peine le ronronnement du moteur. Il augmenta le volume, reconnaissant le jingle annonçant le flash d’informations.
Vendredi 1er Août . France Info, il est 16h45. Journée rouge sur les routes françaises. Bison Futé avait classé cette journée rouge, et les prévisions alarmistes se révèlent être en deçà de la réalité. Depuis ce matin, Juillettistes et Aoûtiens sont ralentis à de nombreux endroits. Cela faisait 11 ans, que le mois d’Août, signe de début des vacances pour des millions de Français, et de reprise du travail pour d’autres, n’avait pas commencé par un vendredi. Ce qui aggrave encore la situation. Bison Futé prévoit une aggravation des difficultés dans les heures qui viennent……Nous nous rendons tout de suite au PC routier de Rosny-sous-Bois…
Thierry coupa le son de sa radio. Il entendait les mêmes informations depuis le début de la semaine, à croire, que mis à part la circulation sur les routes nationales, l’actualité, elle aussi, était en vacance, à moins que ce ne soit les journalistes. Arrivé sur l’aire de repos, il réussit, sans trop de problèmes, à trouver une place à proximité des deux bars et du restaurant, qui se dressaient fièrement au milieu de cette aire, prévue pour la détente des automobilistes. Il se dit, que d’ici une heure ou deux, les places seraient bien plus chères.
Il extirpa ses 1 mètre 90 du véhicule, et ressentit une chaleur étouffante. Le mois d’Août promettait d’être aussi chaud que juillet. Les quelques balançoires, plantées aux alentours, étaient prises d’assaut par les gamins, et ceux qui ne pouvaient y accéder jouaient au foot, au volley, ou encore à toutes activités pouvant se pratiquer dehors. Les coins ombragés, eux, étaient réservés aux parents, qui semblaient apprécier de pouvoir se reposer, sans avoir à surveiller leur progéniture. C’est notamment pour cela, qu’il aimait ces stations d’autoroute, où les enfants se préparant à rentrer chez eux jouaient avec ceux, qui goûtaient au début de vacances bien méritées.
Thierry marcha tranquillement vers l’entrée du plus grand bâtiment de l’aire de repos, dont le toit était recouvert d’une enseigne lumineuse aux couleurs d’une enseigne multinationale de restauration. Il s’amusait à essayer de reconnaître ceux, qui partaient de ceux, qui rentraient. Le bronzage, ou plutôt la pâleur, l’y aidait grandement.
Depuis qu’il était tout petit, il avait toujours aimé s’arrêter sur les aires d’autoroute, retrouvant à chaque fois cette impression de calme et de quiétude. Pour lui, ce qui ressemblait plus à une zone de tumultes et de stress resterait à jamais une zone hors du temps. Toutes les nationalités s’y côtoyaient, et réussissaient à se faire comprendre. Les vacanciers partageaient leur espace de repos avec ces professionnels de la route (routiers, commerciaux,….). Le temps d’un café, ou d’un repas, ils étaient tous sur le même pied d’égalité. Il se souvenait de ces trajets avec ses parents et ses frères lorsqu’il était petit. Chaque arrêt restait alors pour lui un moment de découverte et de hasard. Il ne savait pas qui il allait rencontrer, ce qu’il allait voir ce qu’il allait vivre…Cette sensation l’envahissait encore aujourd’hui, même à son âge, 25 ans….
Thierry aimait cette idée. Il se décida enfin à pousser la porte du bar, et commanda un grand café, qu’il décida de boire en terrasse. Il s’installa à une table, s’alluma une cigarette, et ajusta ses lunettes de soleil. Il contemplait la vie, qui s’agitait tout autour de lui. Les hommes et femmes qui se détendaient sur les terrasses ou sur les espaces verts de la station étaient condamnés à redevenir rapidement des automobilistes, prisonniers des bouchons. Il savait, que lui aussi, après cette pause détente, il aurait à subir les agressions des automobilistes excédés…..
Thierry écoutait donc ce qui se passait autour de lui, tout en observant la frénésie ambiante. La table devant lui était occupée par une famille hollandaise, parents, grands-parents et enfants. Ils étaient onze à table, et Thierry supposait que les deux jeunes garçons jouant avec la fontaine à glaçons, devaient aussi appartenir au clan. La fatigue se lisait sur le visage des parents, qui devaient se relayer, depuis plusieurs heures, au volant, mais elle n’effaçait pas le visage du bonheur, celui d’être enfin réuni. …Perdu dans ses pensées, Thierry fut surpris lorsqu’il ressentit un choc au niveau du coude. Se retournant brusquement, il s’aperçut qu’un Homme l’avait heurté avec son sac de voyage.
Excusez – moi Monsieur dit l’auteur de cette agression involontaire
– Je vous en prie répondit aimablement Thierry. Il faut avouer, qu’on a très peu de place, et que la foule commence à arriver.
L’Homme acquiesça, sans conviction, et s’assit à la table à gauche de celle de Thierry. Quelques minutes plus tard, une femme d’une trentaine d’années, accompagné de deux enfants, le rejoignit et s’installa avec lui. Thierry déduisit de leur teint blanc, qu’ils devaient faire partie de ceux, qui partaient en vacances.
– Tu veux un café, chéri demanda la jeune femme à son compagnon
L’Homme, visiblement énervé ou tracassé par quelque chose, dodelina de la tête en guise de réponse, la mâchoire crispée.
– Moi, Maman, je veux un Coca dit le plus grand des enfants. A en juger par sa taille, il devait avoir 8 ou 9 ans, alors que son plus jeune frère devait en avoir 2 ou 3 de moins que lui.
– Moi aussi, Moi aussi s’époumona le second
– Ah non fit le père d’un ton sec. Dans une demi heure, si tu bois un coca, tu voudras à nouveau qu’on s’arrête fit-il remarquer en fixant son plus jeune fils. On est parti depuis moins d’une heure et déjà on a du s’arrêter. Je vous avais pourtant prévenu avant de partir….
– Oh, je t’en prie, on est en vacances murmura son épouse, espérant ainsi calmer l’ambiance…
Renfrogné, le père ne répliqua rien. Thierry s’amusait de cette situation. Alors que le départ en vacances aurait du être un pur moment de convivialité, il s’étonnait de voir à quel point, il pouvait être cause et source de stress. Il ne pouvait pas condamner le père, qui, par ambition de bien faire, s’angoissait à l’idée d’un si long trajet avec ses deux enfants. L’excitation se transformait bien souvent en énervement. Il avait certainement tout prévu, un arrêt à mi – chemin, et un parcours sans encombre….Et voilà, que l’insouciance et l’innocence de ses fils ruinaient cette organisation méticuleuse.
Lorsque la mère revint avec le plateau, Thierry lui souria lorsque leurs regards se croisèrent. Les deux enfants étaient restés avec leur père, qui n’avait pas desserré les lèvres, depuis le départ de son épouse, pour bien leur faire comprendre qu’il était en colère.
En fait, Thierry souriait en constatant comment la mère avait, sans rien dire, essayé de contenter tout le monde. Elle servit le café à son mari , posa le sien devant elle, et tendit une bouteille de coca aux enfants.
– Fabrice, tu partages avec ton frère.
– Merci maman répondirent les deux garçonnets, en s’emparant de deux pailles que la mère leur tendait.
Certes, Maman n’avait rapporté qu’un soda pour deux, mais c’était mieux que rien se dirent-ils, et ils savaient, que ce n’était pas le moment de se plaindre. De l’autre, leur père ne pouvait que constater l’effort, qui avait été consenti, et même si sa décision n’avait pas été appliquée à la lettre, il ne pouvait pas désavouer son épouse, qui avait suivi son conseil. Thierry félicita intérieurement cette femme, qui d’un rien avait su déjouer une situation, qui aurait pu être explosive. Comme toutes les mamans, se dit-il. Il se souvenait du comportement similaire de sa propre mère. Décidément, il ne doutait pas un instant, que la diplomatie et la finesse d’esprit revenaient bien à la gent féminine. La seule interrogation, qui le taraudait, consistait à savoir si l’époux se rendait bien compte de la situation, et que la tension créée par lui avait été canalisée (volontairement) par son épouse…
Sans doute s’en était-il rendu compte, lorsqu’il enlaça son épouse, et regardant fièrement ses deux enfants, il leur adressa :
– Alors, les enfants, ou sera-t-on demain à la même heure ?
– A la mer, A la mer, A la mer…se mirent à chantonner les enfants….
Thierry se leva, et alla au comptoir pour se recommander un second café. Lorsqu’il revint à sa table avec sa tasse fumante, il constata qu’un couple s’y était installé. Thierry les rejoignit, et lorsqu’il s’apprêta à s’asseoir, l’Homme se leva et s’excusa de cette intrusion, avant même que Thierry ait pu s’exprimer. Agé d’une bonne soixantaine d’années, l’Homme, aux tempes grisonnantes, portait une chemisette, sur laquelle était noué un pull-over bleu, prouvant, si il en était besoin, la décontraction du moment. Son allure athlétique s’ajustait aux lunettes de soleil relevées sportivement sur une chevelure fournie mais blanchie. Sa compagne ressemblait, Thierry s’en gaussa, à une image de mode…
– C’est déjà la foule ….Les Français ont le don de partir tous ensemble au même moment pour se rendre sur la même plage tempêta l’Homme.
– On est à la retraite, nous ne sommes pas pressés tenta de calmer sa compagne. Alain, mon mari, a toujours tendance à exagérer les choses tenta-t-elle d’expliquer à Thierry.
– Oui, mais nous, cela fait 17 ans, que nous louons, chaque premier samedi du mois d’Aout, notre petit bungalow….
– Ah, vous rejoignez vos enfants interrogea Thierry. (Il s’amusait de voir ce couple de retraités se complaire dans les bouchons estivaux, tout cela pour partir à la même date que lorsqu’ils travaillaient. La retraite ne devait-elle pas être une « autre vie »….)
– Ah non s’époumona l’Homme. Pour les vacances, nous préférons partir tous les deux. Vous savez, jeune Homme, poursuivit-il, nous avons nos habitudes. Je me souviens, lorsque nous travaillions, on attendait ce jour là avec impatience, et nous espérions tant retrouver ces bouchons, synonyme de repos bien mérité. Alors aujourd’hui, nous ne voulons rien changer mais souhaitons juste, comme tous les ans, passer 3 semaines tranquilles, loin de tous les tracas quotidiens. Nous retrouverons, bien assez vite, nos enfants, et nos petits enfants, et leur rentrée scolaire sera aussi notre rentrée de « nounous », que nous sommes devenus….
– Alain, tu ne peux pas dire ça…l’interrompit sa moitié….
Thierry sourit en pensant à cette idée. Même à la retraite, ils voulaient continuer à vivre comme si ils étaient encore actifs, histoire de ne pas se marginaliser, de garder un pied dans la réalité. Même si cette volonté de ne rien changer, de respecter, coûte que coûte, les « bonnes vieilles habitudes » agaçaient Thierry, il trouvait néanmoins touchant ce couple. Leur conformisme ne lui faisait pas oublier les moments forts, qu’ils avaient du vivre ensemble, notamment lors de ces départs en vacances, chaque 1er samedi du mois d’Août….
– ……et vous, vous partez aussi en vacances demanda Alain.
– Non, pas du tout répondit Thierry. Je travaille tout le mois d’Août, et je ne prendrai mes vacances que mi septembre, lorsque tout le monde sera rentré.
– Vous avez raison répondit son épouse. Il y a maintenant trop de monde sur les plages, et cela devient difficilement supportable.
– Oui répondit Thierry, et puis vous savez, mon métier ne ralentit pas, bien au contraire, durant la période estivale…
– Et, vous faîtes quoi, si ce n’est pas indiscret renchérit immédiatement son interlocutrice
– Voyons Jacqueline, ne sois pas aussi indiscrète…Laisses Monsieur tranquille veux tu…Et, tu as vu l’heure nous allons devoir manger rapidement et reprendre la route si nous ne voulons pas être en retard.
– Comment pouvez-vous être en retard en vacances ? questionna silencieusement Thierry
– Bonne soirée Monsieur, décréta Alain en se levant, immédiatement imité par son épouse.
– Merci, et bonne route à vous répondit Alain , en souriant à ce couple, qui se précipitait déjà à l’intérieur, certainement pour commander de quoi se restaurer, histoire de ne pas perdre de temps…Ah, si ils savaient…
Thierry savait, que le compte à rebours était déclenché, et que bientôt lui aussi, il devrait se lancer dans ce grand rush, cette excitation simultanée, commune à un grand nombre de français, et pourtant il savait, qu’il apprécierait ces instants tant attendus et pourtant si redoutés.
Sans méchanceté, il souriait en pensant à ce couple de retraités, qui décidait de vivre les tourments de ces départs en vacances alors qu’il aurait pu différer son départ, et ainsi éviter cet afflux d’automobiles. Mais, Thierry comprenait, aussi bizarre soit-elle et surtout éloignée de ses propres motivations, la volonté de ce couple, qui ressemblait à tant d’autres…Revivre les instants magiques, qu’ils avaient du vivre lors de ces départs, car qu’importe les bouchons, les attentes interminables,….lorsqu’ils avaient pris la route, durant toutes ces années, pour se rendre au même endroit , ils avaient du vivre une communion, ressentir une parfaite symbiose, puisque durant un an, ils avaient attendus cet instant…. Thierry, lui, préférait la découverte, même si il savait que de la découverte provenait l’inconnu, et que l’inconnu restait à l’origine des déceptions ou au contraire des grandes joies. Il ressentait, comme tout un chacun, le réconfort des souvenirs, mais il avait décidé de ne pas s’y blottir.
Perdu dans ses pensées, il regardait droit devant lui le parking se remplir….Les vacanciers, ex et futurs, s’arrêtaient que ce soit pour se dégourdir les jambes, ou se restaurer….Des enfants sortaient des voitures et rejoignaient les enfants qui avaient déjà envahi les différents portiques…Les parents, le regard attendri, choisissaient soit le pique – nique, soit le restaurant….Thierry pensait à cette petite famille, rencontré il y a quelques minutes, et s’amusait en imaginant, que dans une heure, le soda provoquerait un nouvel arrêt , et que les mêmes causes produiraient les mêmes conséquences….Renfrogné, le père aimant se rangerait à la sagesse de son épouse….Et, si ils profitaient de ces petits moments, si rares, où toute la famille était réunie, et rêvait du même but…
Un rapide coup d’œil à sa montre le ramena à la réalité. Le grand départ était arrivé pour lui aussi maintenant. Il souria, et décida de s’octroyer encore quelques minutes. Il aimait vraiment cette ambiance, et il lui était pénible de devoir la quitter pour rejoindre le tumulte, qui l’attendait.
Un bruit sourd l’extirpa de ses rêveries, et tournant la tête, il aperçut une jeune femme munie d’un plateau , qui avait laissé tomber ses clés juste à côté de lui. Il se baissa et les ramassa…
– Bonsoir, pas facile, lorsqu’on a les mains occupées fit-il, en posant les clés sur le plateau, que la jeune femme tenait devant elle.
– Bonsoir, merci…vous avez raison, et quand je pense, que ce n’est que le début di-elle en désignant la terrasse, qui était déjà noire de monde.
– Tenez asseyez-vous à ma table fit Thierry
– Merci, ce n’est pas de refus répondit-elle. Il n’y a déjà plus une table de libre grimaça-t-elle.
Elancée, elle portait une jupe droite beige et un chemisier blanc. Le regard de Thierry, masqué par ces lunettes, s’attarda plus que de raison sur les formes de la jeune femme. Il la trouvait très séduisante.
– Alors dîtes moi fit-il, vous partez ou vous rentrez de vacances….
– Euh….ah non fit-elle en souriant. Je travaille, et là je rentre sur Paris, après une semaine de formation. Je suis épuisée, et ce monde sur la route…..
Thierry aurait voulu faire durer ce moment, mais il savait que ça lui était impossible. L’heure était arrivée, et comme les retraités, il ne pouvait pas différer son départ, et comme la petite famille, il était pressé d’arriver. Tout ce qu’il détestait et ce dont il se moquait, il y était contraint lui aussi. Cette comparaison lui arracha un sourire
– Qu’est-ce qui vous fait rire ? fit la jeune femme étonnée.
– Ce serait trop long à vous expliquer, mais il est l’heure pour moi aussi maintenant de m’apprêter au grand départ…
– Ah fit la jeune femme curieuse, et vous partez ou ?
– Pas très loin répondit instantanément Thierry. Le voyage ne sera pas très long, mais par contre je vais devoir supporter tous les grincheux de la route, et cela risque de rendre ma soirée très très longue….
– Que de mystères fit-elle….Je peux vous offrir un café proposa la jeune femme, en offrant à Thierry son plus beau sourire.
Thierry souhaitait accepter, mais il savait qu’il ne pouvait pas différer plus longtemps son départ. Mais, il redoutait que sa charmante interlocutrice n’insiste, auquel cas il doutait de sa propre résistance….
– C’est très gentil à vous répondit-il mais je ne peux pas accepter, et croyez-moi j’en suis désolé.
– Ce n’est ni un train ni un avion que vous devez prendre…Vous pouvez décaler votre départ de quelques minutes fit-elle, un peu plus insistante.
Vacillant dans sa volonté, Thierry regarda par – dessus l’épaule de la jeune femme, et il revit le couple avec ses deux enfants, qu’il avait croisé précédemment…Il semblait à Thierry, à observer les mimiques du couple, que la femme s’évertuait encore à calmer son époux. Ne comprenant que quelques bribes, il crut néanmoins, que le père s’énervait de devoir attendre que les enfants puissent manger la pizza, qu’ils leur avaient commandée.
– Vous me semblez être déjà parti fit la jeune femme, tirant Thierry de ses pensées….
– Excusez- moi fit-il, mais je pensais à autre chose. Je dois vraiment y aller…..
Il fut interrompu par l’irritation d’un Homme, dont les propos lui semblaient incompréhensibles. Il connaissait cette voix,se retourna et reconnut Alain, le retraité avec qui il avait partagé quelques mots.
– Que se passe-t-il ? interrogea Thierry
– C’est incroyable protesta Alain. Nous sommes sur la route du départ et nous ne pouvons même pas manger avant de reprendre la route fit Alain en crucifiant du regard un jeune Homme, portant la tenue aux couleurs de la chaine de restauration
– Mais monsieur, tenta de répondre le jeune Homme…Notre pizzaïolo est malade, et nous avons trouvé un remplaçant in extrémis, qui doit arriver dans quelques minutes. Par contre, vous pouvez choisir un des autres plats….
– Vous n’allez quand même pas décider ce que je vais manger protesta Alain….
Thierry se retourna, et planta ses yeux dans ceux de la jeune femme.
– Je suis ravi de vous avoir rencontré, mais je dois absolument y aller fit – il en se levant, en oubliant volontairement une de ses cartes de visite…Sait-on jamais ? pensa-t-il
S’éloignant de la table, il s’arrêta à la hauteur d’Alain et lui murmura :
– Ne vous inquiétez pas, dans quelques minutes vous serez attablé.
Alain le regarda étonné, ne comprenant pas le sens de ses propos. Thierry ne lui laissa pas le temps de répondre, il avança de deux pas, et se planta face au représentant de ce restaurant. Il lui tendit la main :
– Bonsoir fit – il, Thierry BERTRAND . Je viens pour remplacer votre pizzaïolo pour cette très longue soirée. Je suis votre intérimaire.
– Bonsoir fit son interlocuteur. Vous voilà enfin, suivez-moi.
– La soirée va être très longue décida, à haute voix, Thierry…
Il se retourna, et chercha du regard la jeune femme, à qui il n’avait même pas demandé son prénom. Elle souriait, et lui fit un signe, indiquant qu’elle l’appellerait. Thierry lui sourit… »Son » grand rush pouvait enfin commencer.