La grande distribution fait désormais partie de notre quotidien, et on n’imagine plus vivre sans la présence de ces supermarchés, hypermarchés et autres commerces de proximité. Et pourtant, le phénomène n’est pas si ancien.
Lorsque j’ai écrit l’article, consacré à la guerre que se livre Casino et Carrefour, (Voir ici l’article sur C4N), je ne pensais par recevoir autant d’interrogations diverses sur ce domaine, qu’il s’agisse de détails sur la situation des deux géants français au Brésil, que sur la situation en France. Aussi, me suis-je décidé, connaissant bien le milieu, de vous proposer ici une étude sur le commerce et la Grande distribution en France (Précisons, qu’un blog essaie de tenir à jour l’actualité en la matière : si vous souhaitez en savoir plus , c’est Commerce et Grande Distribution).
L’apparition de la Grande Distribution.
Comme la majorité des innovations, l’invention des premiers hypermarchés et supermarchés provient des Etats Unis, et c’est en 1957, qu’est ouvert le premier supermarché français sur une superficie de 750 m2. Néanmoins, en 1949, un épicier de Landerneau (Finistère) avait décidé de substituer à la vente traditionnelle une vente en gros, destiné à faire baisser les prix. Il transforma son épicerie en discount, proposant épicerie et discount avec des remises importantes. Son nom : Edouard Leclerc. Carrefour suivra de près, puisqu’en 1963 sera inauguré à Sainte Geneviève des Bois le premier hypermarché Français sur 2300 m2. Il faut bien se rendre compte de la révolution pour l’époque, durant laquelle le commerce se bornait à des épiceries, où le libre service n’existait pas. L’image d’Epinal, représentant l’épicier avec son crayon derrière l’oreille, n’était alors guère éloignée de la réalité. La grande distribution vivait ses premières années, et avec elles, les notions se précisèrent. Ainsi, aujourd’hui, un supermarché désigne un commerce, dont la surface de vente est comprise entre 400 et 2500 m2, alors que l’hypermarché, lui, occupera la place au-delà de cette limite de 2500 m2.
Très rapidement, les groupes de distribution se sont créés, afin de se porter sur un secteur prometteur. Le groupe Carrefour voyait le jour en 1959, deux ans avant Promodes et Auchan (1961), alors qu’il faudra attendra 1970, pour qu’une dissidence au sein de Leclerc amène à la création d’Intermarché. D’autres groupes se sont spécialisés dans cette forme moderne du commerce, alors que ces sociétés préexistaient à ce développement. On a déjà souligné le rôle de Leclerc en 1949, mais Cora existe depuis 1930, alors que le distributeur stéphanois, Casino, peut se prévaloir d’une origine au XIXème siècle (1889). Sous une forme totalement différente de ce qu’elle est aujourd’hui, il est admissible de faire remonter l’origine de Système U à 1884.
Néanmoins, face à ces groupes, qui existent encore de nos jours, la concurrence était féroce, et durant les années 60 et 70, le territoire à conquérir (la France) était vierge de toutes grandes surfaces. Certes, les grands Magasins existaient déjà, mais ils ne pouvaient concurrencer cette distribution naissante. Le mot d’ordre à l’époque était de s’implanter partout et surtout avant les autres. La France était encore dans une période de croissance forte, après la guerre et les efforts de reconstruction. Aussi, cette nouvelle forme de distribution connut un vif succès.
La concentration du secteur.
Les exemples de développement tous azimuts avec les problèmes s’y rattachant caractérisèrent les années 60, après lesquelles, au cours des années 70, les enseignes tentèrent de tirer les leçons du développement anarchique originel. Car, les précurseurs durent essuyer les plâtres. Les premiers hypermarchés durent « inventer » les plate formes de livraison et ces dernières devaient être équidistantes de tous les points de ventes livrés. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des problèmes, auxquels fut confronté la grande Distribution. La fin des années 80 et les années 90 marquèrent la professionnalisation de la profession. Les nouveaux territoires commençaient à manquer, et pour se développer, les groupes existants durent améliorer leur efficacité commerciale, accroître leur part de marché sur le marché français, et envisager u développement à l’exportation. Aussi, vit-on le secteur se concentrer, les petits groupes étant rachetés par de plus importants. Le secteur connut sa seconde révolution, après celle de son apparition. En 1999, le 5ème groupe français, PROMODES, était racheté par CARREFOUR, opération qui propulsa le distributeur français au 2ème rang mondial, derrière l’américain Wal Mart.
La Grande Distribution en France aujourd’hui
Aujourd’hui, si on synthétise la distribution française, on peut estimer que cette dernière concerne 7 opérateurs principaux , que l’on peut distinguer en deux grands groupes : les groupements d’indépendants – Leclerc ; Intermarché et Système U – d’une part, et les groupes dits « intégrés » ou « classiques » – Carrefour, Auchan, Casino et Cora – d’autre part. La distinction semble franche, et pourtant certains groupe dits « classiques » regroupent, en leur sein, des indépendants – ainsi, en est-il de la branche proximité de Carrefour -.
Pour terminer cette présentation générale, il convient aussi d’identifier un 3ème groupe dans cette distribution, à travers le Hard Discount. Même si ce dernier fait appel à des groupes déjà évoqués – les grandes sociétés ont très vite compris l’utilité de développer leur propre enseigne de discount -, il inclut également des intervenants extérieurs, qui, aujourd’hui, ne sont plus négligeables.
A suivre : Les sociétés de Grande distribution.
Les objectifs et les méthodes de la Grande Distribution.
La Grande Distribution ailleurs dans le Monde.
Le « bêtisier » de la Grande Distribution.
A force de faire régner le chantage, les grandes enseignes risquent de subir ce qu’il arriva à l’herbe d’Attila. Je ne serais pas étonné que l’une ou plusieurs d’entre elles servent de ban d’essai à ce genre de vindicte.