Mohammed  VI a surement plus de chance que ses homologues tunisien et égyptien emportés par les premières vagues du printemps arabe. Lui qui suit aussi de très près la situation chaotique en Libye, en Syrie et au Yémen, et qui a perdu l’appétit, a fini par comprendre que les temps ont changé.

Le prestige de la royauté est mis à mal, et le conservatisme ne peut plus survivre  à  l’éveil des nouvelles consciences.  C’est un fait et il faut abdiquer devant la volonté du peuple. Mohamed VI, roi du Maroc depuis le 23 juillet 1999, suite au décès de son père Hassan II,  et monarque par conviction, se voit contraint de faire un troc très peu ordinaire : garder le fauteuil royal contre des reformes constitutionnelles.

Il n’a pas le choix.

Surtout, après le tsunami qui dévaste le Maghreb. Aussi, a-t-il eu plus de chance qu’un dirigeant arabe ne peut l’espérer en ce moment. Car, là où les soulèvements populaires réclament la tête des souverains, le roi du Maroc, lui peut garder son trône en cédant quelques pouvoirs. Il accepte donc le marché en reconnaissant que le pouvoir émane de la volonté du peuple et du parlement. Lequel parlementent devra désigner le premier ministre à l’issu d’élections législatives. Personne, il y a 20 ans ,ne pouvait imaginer un tel discours venant du roi. Cependant, pour mieux faire, le roi se réserve tous les droits de regard sur la sécurité la justice et la religion. De peur sans doute que dans l’euphorie du nouvel air, les valeurs défendues  par des siècles de civilisation ne disparaissent. Et même si ces reformes sont accueillies  par des réactions mitigées au sein de la population, c’est un grand pas vers l’ouverture à la civilisation universelle. En attendant, le roi appelle tous les marocains à entériner ces reformes le 1er juillet prochain dans un referendum.