Maintes fois proclamée la chute de Berlusconi se précise par petites touches successives. Dernière étape au processus : les récentes élections municipales italiennes. En ligne de mire pour l’Italie : la possible amorce de l’après berlusconisme. Dont tout reste, cependant,  à faire, tant le chantier politique est d’importance.


 La défaite est sévère, tant dans sa réalité chiffrée que dans son symbolisme, pour Sylvio Berlusconi. En effet les élections législatives italiennes ont rendu leur verdict, pour le moment premier.


Un autre pourrait suivre : celui de la fin du berlusconisme a plus ou moins brève échéance.


Une défaite aux municipales pour le parti de Sylvio Berlusconi


Et qu’on en juge : bien que la gauche italienne ne gagne que quelques villes sur les 90 appelées à voter, elle peut se glorifier de trois succès de très grande importance : Arcore, Naples et surtout Milan. Trois villes gagnées par l’opposition parlementaire et qui toutes signent un peu plus l’accélération de la chute pour Il Cavaliere.


Arcore, tout d’abord, ville prisée de la banlieue de Milan, dans laquelle Berlusconi possède sa célèbre villa lui ayant servie à organiser ses parties « bunga bunga ». Naples ensuite qu’un juge anti mafia, du nom de Luigi de Magistris (là encore tout un symbole) étiqueté centre gauche a su maintenir à gauche. Echec cinglant pour le parti au pouvoir qui avait fait de la troisième ville du pays l’un de ses objectifs affichés.


Mais surtout Milan, la grande vile bourgeoise et industrielle du nord. Milan le fief de la famille Berlusconi, tant économiquement que politiquement, qui passe à gauche, grâce à la victoire de Giuliano Pisapia, élu maire avec 55,10%.


Et encore pouvons-nous ajouter les cas de Novare, Trieste, Cagliari. Trois villes dans lesquelles les candidats berlusconistes (étiquetés centre-droit) ont été battus par la gauche.


La fin du berlusconisme ?


Un presque fiasco donc et surtout la sempiternelle question de la fin, amorcée ou fantasmée, du berlusconisme. La défaite à Milan étant d’ailleurs la plus instructive sur la question, tant les italiens connaissent le rôle bien souvent précurseur ou sacrificiel de la capitale lombarde. D’ailleurs un dicton italien dit même : « Tout meurt et tout né à Milan ». Dans le passé ce fut le cas du fascisme, sera-ce celui du berlusconisme, né, comme Il Cavalier, à Milan.


De même si la question du post-berlusconisme se pose, de nouveau, c’est aussi parce qu’il s’agit d’élections municipales, étant admis que l’entrée en politique de Berlusconi est à dater des municipales de 1993.


Cette défaite venant, en quelque sorte, boucler une boucle engagée il y a presque 20 ans.


Mais attention à l’endurance du chef du le PDL (Peuple de la liberté). Car Berlusconi entend se battre et ces élections n’étaient que municipales. Dans l’une de ses rares interventions sur la question Berlusconi a d’ailleurs prévenu : « A chaque fois que je perds, ma force est décuplée".


Il garde la main sur le jeu nationale, même si l’affaiblissement du PDL va un peu plus pousser la Ligue du nord dans ses velléités d’indépendance. Là encore Il Cavaliere a pris soin de minimiser, peut être en forme de méthode Coué : « Le résultat n’aura pas d’effet sur le gouvernement".


C’est d’ailleurs cette déconnexion, peut être à relativiser, qui sauvera Berlusconi, au moins pour les deux ans qui viennent. Car le récent épisode de sa presque mise en minorité au parlement l’illustre : nombreux sont les hommes politiques d’envergure nationale à avoir intérêt à laisser Berlusconi en poste encore un peu plus.


C’est ce qui fait dire à Marc Lazard, italianiste de renom, que Berlusconi devrait rester en place jusqu’au prochaines législatives de 2013. A moins qu’il ne cherche à se sauver par l’organisation de législatives anticipées d’ici à dans un an.


Mais rien ne devrait se faire dans la facilité ni dans la négociation, comme souvent, malheureusement, en Italie.


Un post-berlusconisme  à interroger


Car si beaucoup d’experts notent lÙépuisement du style et de la rhétorique d’Il Cavaliere, de plus en plus en train de se transformer en sa propre caricature; tous reconnaissent, cependant deux faits.


Tout d’abord la nécessité d’une refonte complète de l’offre politique à droite une fois Berlusconi déclaré mort pour la politique. Car le berlusconisme domine l’espace politique, plus généralement italien et plus spécifiquement droitier depuis presque 20 ans. Un berlusconisme sans Berlusconi étant impossible, le retrait de ce dernier pousserait le paysage politique vers sa totale recomposition.

 

Se pose donc, ensuite, la question des éventuels successeurs. Et ceux qui se découvrent étant encore si faibles, on peine à se convaincre que l’après berlusconisme est pour bientôt.

 

En effet trois scénarios de recomposition politique se dressent. Celui autour du centre gauche, option où dominerait  Pier Luigi Bersani ; celui d’une structuration autour du centre droit de Gianfranco Fini, voire de Pier Ferdinando Casini ; enfin celui d’une mainmise conservée du PDL avec la domination de Giulio Tremonti.

 

Trois scénarios assez peu crédibles pour plusieurs raisons : la gauche est trop faible pas assez charismatique pour le moment. Fini n’a pas forcément intérêt à précipiter la chute du berlusconisme, et enfin le PDL comme parti dominant sans Berlusconi présente les impossibilités d’un berlusconisme sans Berlusconi.

 

Bref autant d’arguments tendant à prouver que le plus dure reste à construire en Italie. Car le post-berlusconisme  ramènera le pays vers toutes les carences sociétales agissantes depuis presque 20 ans et que Berlusconi comblait. Ce sera le retour à un pays en profond doute ; jadis structuré autour de quatre piliers en crise évidente : la famille, les partis politiques, les syndicats et l’Eglise.


Bref le bouffon Berlusconi parti on se rendra compte à quel point il pouvait être utile à la vie politique.


http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/05/30/vers-une-severe-defaite-dans-les-urnes-pour-la-droite-de-berlusconi_1529633_3214.html

http://www.rfi.fr/europe/20110530-elections-municipales-cuisante-defaite-berlusconi

http://fr.euronews.net/2011/05/30/les-elections-municipales-en-italie-vont-elles-sonner-le-glas-du-berlusconisme/

http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/La-gauche-italienne-emporte-Milan-et-Naples-_NG_-2011-05-30-620405

http://www.lefigaro.fr/international/2011/05/30/01003-20110530ARTFIG00576-municipales-double-defaite-symbolique-de-berlusconi.php


 Grégory VUIBOUT