DSK, Tron, Balkany ; on se croirait revenu à la finale de 1998 : « Et un, et deux, et trois, zé-ro ! ». Mais, à presque un an de l’élection présidentielle (la route risque d’être longue, qui a déjà fait deux morts !…), ce n’est pas de football qu’il s’agit mais de relations humaines et si l’on en croit cette actualité (non démentie par le passé), le contraire d’un viol serait une relation consentie.

Les mots, à juste titre, ne bénéficiant jamais de la présomption d’innocence, cette expression mérite sans aucun doute qu’on s’y arrête un bref instant.

 

Elle me met pour ma part mal à l’aise presque autant que le slogan féministe : « Quant c’est non, c’est non ! ». Non que je sois en désaccord avec lui, mais il me semble inapproprié de résumer par la seule négative, même redoublée, le respect qu’un être humain, quel qu’il soit, doit à un autre, quel qu’il soit.

A en croire le dictionnaire, consentir, c’est accepter qu’une chose ait lieu ou accorder quelque chose. Ce qui implique nécessairement que cette chose ait été demandée plus ou moins explicitement, voire exigée, par celui qui serait seul autorisé, culturellement, à en prendre l’initiative au titre de ses prérogatives "normales".

De plus, le verbe est très fréquemment assorti de l’adverbe « finalement », confirmant l’idée que "l’intéressé" a fini par céder, un synonyme qui atteste que le pseudo accord n’est survenu qu’au terme d’un harcèlement plus ou moins long, pour prix d’une tranquillité toute relative et bien souvent précaire.

Céder, c’est ce qu’un ancien collègue suggérait avec insistance à une jeune stagiaire dont il m’avait été donné de soutenir la cause. Il me reste de l’épisode deux souvenirs également cuisants. Le premier est celui de l’indignation dont elle était habitée après avoir réussi le prodige de dénoncer l’agression. Le second est celui de la culpabilité qui l’avait remplacée, quelques jours plus tard, sous la pression de la société (à commencer, un comble, par sa propre mère…) qui soutenait qu’une accusation était un geste tellement grave qu’elle devait commencer par s’interroger sur les provocations (éventuelles, sinon probables) auxquelles elle s’était laissée aller.

D’avoir vécu cette situation, cette humiliation, m’a à jamais convaincu de l’ineptie de cette opinion encore si largement répandue selon laquelle viol signifie nécessairement pénétration, condition sine qua non.

Voici bien longtemps, Françoise Giroud prédisait que l’égalité serait vraiment atteinte le jour où une femme incompétente serait nommée à de hautes responsabilités. Malgré le respect mérité qu’elle m’inspire, je crains un peu que Roselyne Bachelot (par sa gestion mal inspirée de la crise H1N1) et Michèle Alliot-Marie (par celle de ses propres contradictions), pour ne citer qu’elles, constituent deux contre exemples qui contredisent formellement sa prophétie.

Alors, goûterons-nous la vraie égalité seulement le jour où, pour sa défense, une cougar prétendra que son partenaire était consentant ? Oui mais, ce jour-là, où les femmes n’auraient plus rien à envier à la veulerie de certains hommes, marquerait-il un vrai progrès pour l’humanité ? Poser la question ainsi me paraît une façon catégorique d’y répondre.

J’adhère aux paroles de « Imagine », « You may say I’m a dreamer, but I’m not the only one » ; en conséquence j’aspire à connaître enfin le jour où le harcèlement sera reconnu pour un réel délit et où le contraire de "viol" sera devenu une "relation désirée" ou, mieux encore, une "relation par accord mutuel".