Rigolo. Mon sondage, genre radio-trottoir, « DSK doit-il bénéficier du parloir sexuel ? » fait un flop. Les hommes sont plutôt pour, les femmes partagées. « Je veux sa peau ! » me dit une sémillante Black. Ah, bon, pourquoi ? «  Solidarité féminine ! ». En fait, tout comme moi, elle s’en contrefout. En revanche, oui, l’opinion (nan, juste la rue de mon quartier), est divisée : complot ou pas complot ? Cela me remémore Clearstream II et Dominique de Villepin…              

Rigolo aussi, le site de La Croix suit les péripéties de quart d’heure en quart d’heure. Après le très catholique meurtrier présumé de sa petite famille à Nantes, Xavier de Ligonnès, les croustillants démêlés de Dominique Strauss-Kahn mobilisent le quotidien catholique, peu enclin d’habitude à suivre l’actualité chaude.

Or donc, DSK nie. Il aurait donc été piégé par une jeune femme, noire, employée depuis au moins trois ans par le groupe Accor au Sofitel de New-York. Le téléphone portable oublié dans une fuite précipitée ? L’un des sept qu’il emploie et il aurait demandé à ce qu’on le lui garde à son retour. Pour le moment, les seuls faits avérés à la décharge de Strauss-Kahn sont les suivants : il a réglé de sa poche cette suite dans un hôtel de luxe et le Sofitel lui a fait un prix largement moindre que ce qui fut initialement annoncé. Nous n’avons toujours pas la version de l’avocat de celle qui est désignée sous le prénom d’Ophelia, la fille de DSK ne semble pas avoir déjà témoigné pour confirmer ou infirmer l’alibi de son père (il était censé déjeuner avec elle à un moment très proche des faits), &c. Mais je ne chercherai pas à justifier le comportement d’un homme qui pousse les avances sexuelles au-delà du convenable (sauf consentement assez explicite), qu’il se nomme DSK ou tout autre. Pour le moment, ce mardi 17 mai, il peut être estimé qu’un doute subsiste : cela étant il a été suggéré que les avocats de DSK pourraient plaider autre chose que ce que supposé initialement, soit de minorer les charges sans les exclure toutes. On verra…

DSK est un chaud lapin. Le plus incriminant des faits lui étant reprochés, c’est finalement, entre divers témoignages, celui d’un obscure (moins que moi-même) journaliste, Tristane Banon, que DSK, en 2002, tente de, allez, écrivons-le tel qu’elle le raconte en substance, culbuter. Donc, Dominique Strauss-Kahn serait une sorte de grand malade impulsif, incapable de s’en tenir à la drague lourdingue et contre-productive, trop impétueux pour ne pas passer à l’acte direct. Or, quand même, on reste dans le champ de l’attentat à la pudeur, de la tentative d’obtenir des faveurs sexuelles sans violences « excessives » (l’excès étant diversement apprécié, et pour moi en tout cas, il débute dès qu’il y a contrainte).

Qui a fauté, fautera. Donc, Strauss-Khan est condamné d’avance. Pour sa stupidité présumée. Que n’a-t-il pas demandé à l’homme au clefs d’or du Sofitel un oreiller supplémentaire, voire deux, voire en sus un polochon, soit trois « filles de joie » ? Nan, il faut qu’en prédateur, il se jette sur la première proie. Hypothèse qui ne tient que s’il est vraiment en proie à une sorte de priapisme intermittent.

Donc, complot. De qui ? De Sarkozy ? Sans doute pas. Trop risqué. D’officines trop zélées ? Pourquoi pas ? C’est la thèse de Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream II. Pas énoncée telle. Suggérée. Lahoud aurait été motivé pour mettre en cause Sarkozy, qui en fait tout un plat et incrimine de Villepin. Là, DSK est piégé par on ne sait qui motivant le groupe Accor, bénéficiaire de contrats du ministère de l’Intérieur. Via, peut-être, allez savoir, Carlson WagonLits, en symbiose avec le ministère de l’Intérieur (affaire Besson, voyage à Capri). Pure supputation.

Donc, de Villepin, DSK, même complot, même combat. Combat pour se faire élire, point. Combat pour vous et moi ? Grosse rigolade. Là, dans ma rue (non, la perpendiculaire), j’ai vu une affichette placardée. Marianne laissant couler une larme tricolore : « Aux larmes, &c. ». Bien vu. Pas forcément lepéniste.

On verra bien si la “forensic evidence” (tests ADN et autres) incriminera ou non DSK. Elle ne prouvera sans doute rien si DSK soutient qu’il avait été piégé. Ce qui n’est pas avéré d’emblée, même si les deux messages de Twitter jettent un doute. Mais, quoi qu’il arrive ou survienne, nous serons sans doute beaucoup à estimer que les luttes pour le pouvoir ne tiennent qu’à l’ambition personnelle des uns ou des autres. Ce qui vaut tout autant pour Marine Le Pen que pour d’autres. Le résultat, quoi qu’il en advienne, de cette histoire, c’est qu’Anne Sinclair n’est pas la seule cocue (complaisante ou non, y trouvant son compte ou non) : « ils » se bisbillent, et nous feront encaisser la note.