Bien paradoxal le comportement de ces responsables politiques, entre difficultés et atermoiements face à la résolution de problèmes sociaux et excès de zèle pour sauver banques ou pays en proie à des frondes. Des pays au sol gorgé de pétrole. En terre d’islam aussi. Dans ces cas, on dispose de tous les milliards nécessaires pour bombarder inexorablement avec pour conséquences à plus ou moins longue échéance des catastrophes humanitaires, sans même rechigner ! Et de telles guerres dites humanitaires ne doivent presque pas être désapprouvées au risque de passer pour méchant défenseur de tyran tant les évènements nous sont décrits avec brio d’une manière manichéenne à des fins manipulatoires.

Mais attention certains dictateurs disposent d’une certaine immunité et peuvent lutter aisément contre les insurrections de leurs populations sans craindre de heurter la sensibilité de certains d’où cette liberté dans la marge de manoeuvre répressive au Bahreïn, au Yemen. Israël aussi, à l’heure où tous les regards sont tournés vers ce fameux printemps, se délecte en colonisant, multipliant les raids contre Gaza ne risquant pas la moindre des sanctions en tant que chouchou bénéficiaire du droit illimité au viol des résolutions onusiennes.

 

Mais quand il s’agit de courir à la rescousse du Koweït devenue proie de Saddam Hussein, de l’Afghanistan menacé par les Talibans, de la planète sous le joug fictif d’un Irak prétendu nucléarisé, la réaction ne se fait pas trop longtemps attendre… Et malgré tous les multiples échecs antérieurs, les guerres humanitaires se suivent et se ressemblent, semant invariablement le pire des chaos sans soulever de véritable indignation au nom des défis du monde, de la préservation de bien sacro-saints intérêts économiques.

 

Quand Kadhafi dispose du soutien d’une bien grande partie de la population, n’est-on pas en droit de penser que ce qui se déroule dans son pays s’apparente à une guerre civile mais on s’obstine quand même à nous raconter des fables. Pourquoi ne tiendrait-on pas compte de la version selon laquelle ce soulèvement libyen ne serait pas spontané et aurait été alimenté par des services secrets visant à déloger un dictateur aux ambitions non conformes aux maîtres du monde ?

 

 En tout cas l’orientation des opérations en cours vient quelque peu conforter cette thèse : déchaîné, le président Sarkozy qui n’a pas hésité à disputer à l’Otan le contrôle des opérations, s’active avec son ministre Alain Juppé par tous les moyens à vouloir intensifier les frappes face à la débâcle dans laquelle s’embourbe la Libye. Et qu’elle est touchante cette infinie abnégation affichée par le trio Obama, Sarkozy, Cameron dans la tribune internationale bien déterminés à aller au-delà de la résolution 1973 avec l’objectif clair et arrogant d’évincer Mouammar Kadhafi en vue cependant de protéger les populations !

 

Jusqu’où et jusqu’à quand ces décideurs et bienfaiteurs altruistes vont-ils s’échiner à ce point pour courir assister des populations pour lesquelles l’indifférence prime en les prenant pour des décérébrés ? Pendant que nos bienfaiteurs hégémoniques oeuvrent efficacement à s’unir entre eux, ils ne perdent aucune occasion pour affaiblir, désunir et semer le chaos dans des régions qu’ils semblent vouloir indéfiniment maintenir sous leur ferme emprise. Peut-on parler de liberté dans cette malheureuse Libye lorsqu’ hier à l’issue de la réunion internationale au siège de la ligue arabe en présence du secrétaire général de l’ONU, il a été question de déploiement de forces internationales ? Mais ces régions en perpétuelle agitation, parviendront-elles un jour à se défaire de ces tutelles directes ou indirectes, étouffantes pour prendre enfin leur propre envol et concrétiser leurs profondes aspirations dans un monde véritablement pacifié ?