« Faut-il mettre un terme à l’immunité fiscale de Total et Vivendi ? »

C’est la question que pose le journal économique « l’Expansion ».

Le BMC (Bénéfice Mondial Consolidé) est une niche fiscale « qui permet à plusieurs grands groupes français de ne pas payer d’impôts sur les sociétés en France ».

Le président PS de la commission des finances de l’assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, demande des éclaircissements sur le sujet dans un courrier adressé à François Baroin, ministre du budgets sur le « coût pour les finances publiques du BMC. »

Selon le journal, cette niche fiscale a été créée en 1965 ; elle permet à quelques grands groupes français, souvent du CAC 40, « de déroger au principe de la territorialité de l’impôt. ». C’est le gouvernement qui donne la permission à ces entreprises le droit de bénéficier de ce système complexe.

« L’Expansion » donne une explication qui permet de mieux comprendre cette niche fiscale :

«  le BMC permet aux multinationales françaises d’intégrer fiscalement toutes les sociétés qu’elles détiennent en France et à l’étranger. Les pertes des filiales étrangères peuvent ainsi être déduites des bénéfices des sociétés rentables pour le calcul de l’impôt. Une fois les impôts payés à l’étranger, l’entreprise peut ensuite les retrancher de ce qu’elle aurait théoriquement dû payer si elle avait été imposée en France. Une pratique qui n’est en fait avantageuse que dans deux cas : lorsque l’entreprise concernée réalise des pertes à l’étranger et des bénéfices en France, ou lorsqu’elle a payé plus d’impôts à l’étranger que ce qu’elle aurait payé en France sur ses bénéfices consolidés. »

Ce pendant, toutes les entreprises ne bénéficient pas de ce régime mais le dispositif, en l’état actuel, coûte encore cher à l’Etat.

Jérôme cahuzac souligne « s’il a diminué au cours des dernières années, il reste significatif : 302 millions d’euros en 2010 (contre 1,5 milliard en 2001) ».

D’après les estimations de 2009, 2010 et 2011, le député note que le manque à gagner pourrait être plus important que prévu, environ 461 millions d’Euros.

Vivendi bénéficie de cette niche dont le principal bénéficiaire n’est plus vraiment connu…

Le BMC, devenu lourd pour les finances publiques, pose question sur son traitement « au regard de leur chiffre d’affaires, de leurs résultats, du montant des dividendes et des stock-options à attribuer » déclare Jérôme Cahuzac, par ailleurs très choqué par le cas de Total.

En effet, depuis 2009, « l’entreprise n’a pas payé un centime d’impôt sur les sociétés en France alors qu’elle est régulièrement en tête des profits du CAC 40. », ce qui devrait être pareil pour 2011 malgré les 10,3 milliards de bénéfices annoncés pour 2010.

Le groupe oppose que le Bénéfice Mondial Consolidé n’a pas influé sur le fait qu’il ne paiera pas d’impôt cette année mais que cette situation est la conséquence des pertes d’activités en France.

Total n’est donc pas  un véritable vecteur d’emplois par rapport aux autres entreprises françaises. Le manque de perspectives d’avenir français découlerait-il de ces pertes d’activités alors que les énergies renouvelables sont un secteur qui devrait connaître une embellie à court  et moyen terme ?

L’entreprise du CAC 40, comme certaines autres entreprises, se doit de privilégier emplois et usagers en sacrifiant un peu ses actionnaires ; pas facile non plus de renoncer à ces bonnes vieilles habitudes de stock-options ne privilégiant qu’une minorité d’employés…

40 milliardaires américains ont bien fait preuve de philanthropie, pourquoi pas nos entreprises lorsqu’elles ne paient pas d’impôts en France et qu’elles affichent une bonne santé financière ?

Est-il incongru de demander que les entreprises bénéficiaires du BMC fassent un « geste » en remerciement et par reconnaissance de leur pays qui les a aidées à grandir (mémoire courte ? ).

 

Problème : Si les politiques sont aussi actionnaires de ces grands groupes, il y a conflit d’intérêt. Depuis 1965, une réforme du BMC a sûrement dû être évoquée puisque le coût pour l’Etat a diminué depuis 2001.

Mais ce n’est pas suffisant. Il est donc urgent pour nos politiques actionnaires d’investir dans les PME, les vrais poumons de notre économie.

 

Sources : l’Expansion, France soir, Rue89, Altexis

GIf