son procès pour haute trahison.
Paris fut libéré le 24 août 1944 par l’arrivée de la division Leclerc à la Porte d’Orléans puis par les paroles du général de Gaulle le même jour à l’Hôtel de ville ou il prononça «Paris brisé, Paris outragé, Paris martyrisé, mais Paris libéré» qui marquèrent le début effectif du gouvernement provisoire sur le sol Français succédant au Comité Français de Libération Nationale organe politique issu de la résistance intérieure installé à Londres. C’est le 2 juin 1944 à Alger qu’il prit le nom de gouvernement provisoire d’union nationale ou toutes les tendances politiques impliquées dans la résistance intérieure furent représentées. Et c’est le 3 juin qu’il fut créé. Il put ainsi permettre la participation de nos forces à l’opération Overlord, reconnu par Churchill, puis ensuite quand il déclara à George Bidault, «la République n’a jamais cessée d’être ! Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu», mais aussi lorsque le général Eseinhover accepta l’envoi d’une division en renfort aux troupes Françaises, sous la pression du général de Gaulle, qu’il fut reconnu implicitement comme chef par les Américains.
Le gouvernement provisoire ne fut reconnu qu’officiellement le 23 octobre 1944 par les Grandes puissances, Royaume-Uni, États-Unis, URSS, Canada. Cette reconnaissance fut obtenue après une visite de de Gaulle à Washington pour, que lui seul, puisse exercer les pouvoirs civils dans les territoires occupés. A cette date, de Gaulle écarta le double danger du maintien au pouvoir du régime de 1940 administré par Pétain, et d’une administration militaire Américaine, mais resta l’inconnue de l’attitude de la résistance, malgré que jean Moulin eut obtenu des mouvements de résistance qu’ils fassent allégeance à la France libre dont l’autorité fut formellement reconnue pour la plupart d’entre eux. Toutefois, la méfiance prévalu envers un général conservateur dont on ignora les intentions politiques en dépit du manifeste, du mouvement de Libération Nord N° 52 du 30 novembre 1941 qui recruta dans les milieux socialistes et syndicalistes, ramené de Londres par Christian Pineau en avril 1942, s’étant rallié à de Gaulle tout en étant septique sur ses intentions. De surcroît, les dirigeants de la résistance estimèrent que vivant en métropole, ils surent mieux que de Gaulle ce qu’il y eut à faire. Aussi considérèrent-ils que de Gaulle représentait un symbole, un représentant de la résistance extérieure devant lequel, il ne fut question de s’incliner, lire la suite sur la référence de Gaulle et la libération.
Ce gouvernement fut composé outre le général de Gaulle,
- Des socialistes André Philip, André Le Troquer, Daniel Mayer, Adrien Tixier
- Des communistes François Billoux, Fernand Grenier
- Du Mouvement Libération D’Astier de la Vigerie
- Du Radical socialiste Pierre Mendès France
- Du Mouvemernt Combat René Massigli, René Pleven René Capitant, Georges Catroux, Jean Monnet.
Pour rétablir l’autorité républicaine le GPRF créa dans chaque grande région libérée un commissaire de la République, ce qui ne se fit sans difficultés. Ces commissaires se heurtèrent parfois aux comités locaux de la Résistance, CDL, qui renichèrent à céder un pouvoir durement acquis de facto à la Libération, en particulier dans les territoires libérés par la Résistance, Sud-Ouest, Savoie, …). Par ailleurs les organisations issues de la Résistance disposaient d’éléments armés pouvant être utilisés par les communistes dans l’éventualité d’une révolution, FFI, COMAC, milices patriotiques, d’autant plus qu’ils n’obéissaient qu’à leurs chefs. Or la thèse de Philippe Buton, directeur du département d’Histoire de l’Université de Reims, montra qu’il est aujourd’hui bien établi que des milices ouvrières furent nées d’une initiative communiste, leur création fut annoncée par l’Humanité du 15 août 1943. Quinze jours plus tard, elles changèrent de nom et devinrent milices patriotiques. Création d’une coque vide prête à s’activer au moment de l’insurrection nationale. Elles furent constituées de civils ayant joué un rôle lors de l’insurrection nationale, voir le n° spécial du Front National de la Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France. La coquille vide prit rapidement de l’importance à la Libération jusqu’au retour de Maurice Thorez de Moscou après sa grâce du 28 octobre au Conseil des ministres à la suite de sa condamnation pour désertion en même temps que l’ordre fut donné de dissoudre les milices patriotiques, elles se retrouvèrent au cœur d’un jeu politique complexe où se côtoyèrent et se heurtèrent le gouvernement, le PCF et les structures issues de la Résistance dont le C.N.R. . Ceci démontra l’existence d’une stratégie du parti communiste approuvée par Moscou, tendant non à s’emparer du pouvoir par la force, comme analogie à la révolution d’octobre, mais à contrôler les rouages essentiels de la société et de l’État afin de rendre impossible la prise du pouvoir. Ce fut la conséquence d’une participation militante importante des communistes dans la résistance, voir la suite 59. Pour parer ce danger et malgré la mauvaise volonté du CNR et des communistes, le GPRF s’efforça d’incorporer ces troupes à l’armée régulière. Les FFI intègrent l’Armée française, toujours en guerre, le 23 septembre 1944, les milices patriotiques le firent le 28 octobre 1944.
Le premier acte du GPRF fut de s’opposer à la mise en place d’une administration militaire Américaine intérimaire, l’AMGOT voir la suite 70 .
Le gouvernement provisoire reprit le projet de 1936 de Jean Zay assassiné par les miliciens le 20 juin 1944, et créa l’École nationale d’administration, 9 mai 1945, afin d’assurer aux futurs hauts-fonctionnaires une formation effective, homogène et de haut niveau, ainsi que de permettre l’accès de ces fonctions aux seuls éléments méritants, indépendamment de leur origine sociale. Ne fallait-il pas tout construire et reconstruire ?
Le droit de vote ayant été accordé aux femmes, le 21 avril 1944, par le Comité français de la Libération nationale fut confirmé par l’ordonnance du 5 octobre 1944 par le GPRF, elles votèrent pour la première fois aux élections municipales du 29 avril 1945.
Il mit en place la sécurité sociale, ordonnance du 19 octobre 1945 comme suite aux dispositions de la Révolution nationale sur le droit au travail et la protection sociale, voir la suite 44, et des allocations familiales , loi du 22 août 1946, fondements de l’État-providence en France. Il passa aussi l’ordonnance du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante.
Au 1er janvier 1945 quatre mois après la mort de Louis Renault, une ordonnance du Gouvernement provisoire de la République française présidé par le général de Gaulle prononça la dissolution de la société Renault et sa nationalisation sous le nom de «Régie nationale des usines Renault». Louis Renault fut accusé de collaboration avec l’ennemi de manière particulièrement vague selon certains, estimant vide le dossier d’accusation. Les auteurs de l’ordonnance eurent estimé, lors de la préparation du texte, qu’un tel acte fut «exorbitant du droit commun».
Pour bien comprendre l’accusation de collaboration portée contre Louis Renault dont on envisageage la révision, la référence suivante, Louis Renault et la fabrication de chars pour la Wehrmacht, est à consulter.
Les nationalisations des secteurs clefs de l’économie.
À la Libération, trois vagues de nationalisation se succèdèrent,
- 13 décembre 1944 au 16 janvier 1945, le général de Gaulle nationalise par ordonnance, notamment, les houillères, 14 décembre 1944, Renault, 16 janvier 1945, sans compensation financière pour collaboration avec l’ennemi, qui devint une régie.
- 29 mai 1945 au 17 mai 1946, par une série de lois, les transports aériens, juin 1945, la Banque de France et les quatre plus grandes banques Françaises, 2 décembre 1945 suivirent. Après le départ du général de Gaulle en janvier 1946, le gaz et l’électricité, loi du 8 avril 1946 et les onze plus importantes compagnies d’assurance, 25 avril 1946 furent nationalisés.
- 23 février au 16 juin 1948, une troisième vague de bien moindre ampleur suit. La nationalisation des banques fut effectuée de manière rapide, afin d’éviter des mouvements spéculatifs. Le projet de loi fut déposé le vendredi 30 novembre au soir, après la fermeture de la bourse, pour être voté le 2 décembre et publié au Journal Officiel dès le lendemain.
L’épuration.
À la Libération, avant que les cours de justice et chambres civiques furent créées et installées, et à la faveur des mouvements de foules où la joie, le désir de vengeance et les règlements de comptes se mêlèrent, résistants et populations s’en prirent aux collaborateurs ou considérés comme tels. L’épuration extrajudiciaire entraîna la mort d’environ 9.000 personnes dont un tiers par des résistants. Ces exécutions firent l’objet d’une légende noire où les chiffres devinrent de vrais arguments dans les tentatives de réhabilitation de certains collaborateurs. Par la suite, l’épuration judiciaire prit le relais. Elle s’exerça par l’entremise de tribunaux d’exception, la Haute cour de justice, les cours de justice, et les chambres civiques pour les actions non réprimées par le code pénal. L’épuration légale concerna plus de 300.000 dossiers, dont 127.000 entraînèrent des jugements et 97.000 condamnations, les peines allèrent de 5 ans de dégradation nationale à la peine de mort. Soucieux de réduire rapidement la fracture entre les Français, le gouvernement vota trois amnisties pour les épurés, dès 1947, puis en 1951 et 1953. Elle toucha tous les secteurs d’activité et toutes les couches de la société. L’épuration fut très rapidement un sujet polémique. Les premiers à écrire sur ce thème furent les épurés eux-mêmes ou les épurateurs, ce qui ne favorisa pas la neutralité des propos. De plus les journaux d’extrême droite, ainsi que les anciens collaborateurs du gouvernement de Pétain ou leurs avocats relayèrent la «légende noire» de l’épuration, avançant des chiffres de massacres et d’exécutions souvent exagérés.
Le cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au milieu des années 1990, fut l’occasion de nombreuses études permettant d’éclairer d’une lumière nouvelle cette période extraordinaire, au sens propre du terme, que fut la Libération. Ce fut également le moment de synthétiser l’ensemble des travaux concernant celle-ci. Les dernières enquêtes réalisées par le Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, CHDGM, créé le 17 septembre 1951 et son successeur, l’Institut d’Histoire du Temps Présent , IHTP, donna pour 84 départements, sur 90 en 1945, le chiffre de 8.775 exécutions sommaires lors de l’épuration extrajudiciaire, auxquels il convient d’ajouter les condamnés à mort par la Haute cour de justice et les cours de justice, 791 ou 767 suivant les enquêtes, et par les cours martiales 769 pour 77 départements selon l’IHTP. L’épuration fit donc fait au total entre 10.000 et 11.000 morts.
Les femmes tondues.
Ce fut un spectacle désolant auquel j’assistai sur la place de la mairie de ma commune. Assises sur une chaise entourées d’une foule comme si elle assista à une exécution capitale ces femmes subirent un outrage dans leur chaire lorsqu’elles se virent le crâne rasé. Beaucoup de cette foule partirent honteux avant la fin de cette horreur, n’eut-il pas mieux valu un procès ?
La collaboration féminine fut souvent sanctionnée par la tonte des cheveux des femmes jugées coupables, quelques cas d’hommes collaborateurs tondus furent également recensés. Les femmes tondues à la Libération furent accusées par la foule de «collaboration horizontale», relation sexuelle avec l’occupant, un fait qui n’est pas incriminé dans le code pénal. Les relations entre ces femmes et les Allemands de nature sexuelle ou pas, la tonte put servir d’exutoire pour une population frustrée durant quatre années, mais fut plus une cérémonie de reconquête du corps des femmes et du territoire, urbain ou rural, via le cortège qui promena les tondues dans les rues et les chemins. Cette tonte ne fut pas simplement vue comme une sanction mais aussi, avant la libération, comme une prévention en désignant les personnes qui aidèrent l’ennemi. Le compte fut difficile à faire, voire impossible pour Virgili, chiffrées à 20.000 par Daniel Mermet. Les vrais collaboratrices côtoyèrent celles qui ne le furent pas, les femmes amoureuses, comme par exemple celles qui refusèrent de quitter leur concubin ou leur mari Allemand, lors des évacuations de civils des bases de sous-marins de Saint-Nazaire, Lorient et Dunkerque, celles qui ne firent que leur métier, prostituées, puis enfin celles qui furent livrées à elles-mêmes durant le conflit et qui, pour pouvoir survivre, se mirent au service de l’occupant, le plus souvent comme lingère ou femme de ménage.
La recherche des femmes à tondre eu lieu dès l’installation des comités locaux de Libération CLL, et fit partie de leurs premières tâches, alors que les troupes Allemandes purent se trouver à proximité. Un grand nombre de tontes furent, à partir de l’été 1944, souvent spontanées. La première vague importante eu donc lieu à la fin de l’été 1944. Ces tontes furent relayées et décrites par la presse, et Radio Londres, émissions des 20 et 30 août 1944. Des résurgences eurent lieu durant l’automne, et des tontes se produisirent sporadiquement tout l’hiver. Même si elles ne furent pas planifiées et répétées comme en Espagne, elles furent néanmoins pensées et bénéficièrent d’un minimum d’organisation. Un fonctionnaire fut généralement présent, policier, gendarme, donnant un caractère officiel au châtiment. Une deuxième vague importante eu lieu en mai et juin 1945, lors du retour des prisonniers de guerre, déportés, requis du STO, accompagnés souvent des travailleurs volontaires en Allemagne et de celles et ceux qui eurent accompagnés les Allemands dans leur fuite. Ces femmes qui revinrent d’Allemagne furent tondues, souvent sur le quai de la gare. Des femmes qui eurent échappé à la première vague, ou qui furent libérées après une peine jugée trop légère, souvent au printemps 1945, furent également tondues. Ces tontes se poursuivirent jusqu’à la fin de 1945, les retours eurent lieu jusqu’à l’automne.
La dernière tonte recensée eu lieu en Savoie en février 1946. Sur le territoire, les tondues se retrouvèrent partout, que ce soit dans les régions libérées par les Alliés, ou dans celles libérées par la Résistance. Les urbains et les ruraux effectuèrent des tontes, il n’exista pas de «sanctuaire», les sources de police, gendarmerie et de la presse furent abondantes à ce sujet. Le fait fut général, il fut certain que des tontes eurent lieu dans plus de 77 départements, sur les 90 de l’époque, Virgili cita à l’appui le fait que des enfants jouèrent à tondre trois petites filles.
Quelques photos
Référence, les tontes de la libération.
Femmes tondues
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La suite 72 sera la suite de celle-ci
Les références peuvent être consultées sur mon blog au Monde.fr