♣♣♣Avertissement en préambule : ce film contient des scènes que de nombreux spectateurs trouveront choquantes et offensantes, moi-même qui, au cinéma, ne suis dérangée que par l’excès d’hémoglobine et de tripes, ce film m’a vraiment laissé un sentiment de malaise et d’amertume. Je ne peux pas dire « j’ai aimé » ou « j’ai détesté » mais je peux sans conteste dire « j’ai vu et je n’oublierai pas »?
Il y a des films qu’on voit et qu’on voudrait arrêter de regarder, et puis en même temps on n’y arrive pas car on est comme hypnotisé par l’histoire, l’interprétation, la résonance que les images qui défilent sur l’écran ont en nous. Pour ma part, c’est le sentiment mélangé d’extrême malaise et de dégoût, mêlé à une grande fascination, que j’ai ressenti en regardant des films tels l’Exorciste ou Orange mécanique ; et c’est également ce que j’ai ressenti en regardant Bad Lieutenant.
•••Abel Ferrara•••
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Bien sûr, rares sont les films d’Abel Ferrara (New-York, 1952) qui laissent indifférent. Ses œuvres sont violentes, elles sont dérangeantes, elles explorent les faces les plus obscures de l’âme humaine sans aucune complaisance. Sa réputation est sulfureuse, pour ma part je n’ai vu que quelques-uns de ses films qui ont également laissé une marque dans ma mémoire, notamment L’ange de la vengeance, cette histoire où une femme victime d’un viol décide de ne plus jamais être une victime… et de quelle manière…ou encore Body Snatchers (j’ai eu du mal à aller au bout), ou le très moyen The Blackout (avec Claudia Schiffer ( !)
Bad lieutenant, bien que je ne sois pas la biographe d’Abel Ferrara, a je pense marqué un tournant dans sa carrière dans le sens où il est devenu ce qu’on a coutume d’appeler un film « culte ».
◘◘◘ La prise de contact
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Vidéothèque de Tel-Aviv, je pioche au hasard… Bad lieutenant…
Une jaquette susceptible de refroidir les plus timorés (je traduis car je lai emprunté en anglais).
Joueur…
Voleur…
Junkie…
Tueur…
Flic…
« Le film qu’ils ont essayé d’interdire…c’est un flic pourri… puis un jour, une nonne se fait violer… »
Un résumé plutôt sibyllin mais qui a attiré mon attention… Est-ce un appel au sensationnel, une manière de cacher la médiocrité ? Comment le savoir sinon en le voyant…et hop, j’emporte !
☻☻☻L’histoire
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Ce n’est pas une histoire linéaire, c’est même un peu difficile de raconter ce film, il s’agit plus d’une chronique, d’un épisode de la vie d’un flic pourri jusqu’à la trogne dans le microcosme cosmopolite de New-York.
Ce flic n’a même pas de nom. Il est pathétique, il est camé jusqu’à la moelle (la scène où une des ses fournisseuses le pique, lente et descriptive comme la plupart des scènes de ce film, est hypnotisante), complètement alcoolique et bourré du soir au matin, obsédé sexuel à un degré qui paraît pathologique (voir la scène très pitoyable où il se masturbe devant des prostituées très mineures)…
Ce flic est donc dans ce que nous qualifierons modestement une période de déclin moral avancé. Il abuse de son autorité de toutes les manières possibles, soudoyant ou se laissant soudoyer par les criminels qu’il est censé empêcher de nuire dans le but de se procurer de la drogue ou de l’argent par leur intermédiaire. Il représente ce qu’on pense de ce flic qui vient de nous mettre un PV (je plaisante, évidemment !), il est vraiment une excellente publicité pour le métier… ♣
La camera de Ferrara suit de très près les activités essentiellement nocturnes, fortement minables et immorales de notre anti-héros, peignant une image de New York assez déprimante puisque règnent en maîtres absolus le mal, la déchéance et la corruption de ceux qui sont censés protéger l’honnête citoyen…Oui, Harvey est vraiment un Bad lieutenant (ou un super bon, si vous êtes un criminel)… ☼
Et puis, un jour, au matin d’une nuit de beuverie et autres excès, Harvey se rend dans une église où une jeune et jolie nonne a été violée. L’église est mise à sac, il y a du sang, des objets de culte profanés à l’image de la jeune servante de D.ieu, et l’élégant « Fuck » barre un tableau de la Cène ; Après avoir cuvé quelques heures sur un banc de l’église, Harvey ou plutôt ses collègues interrogent la jeune sœur murée dans son silence. Sans profaner la fin du film, sachez que Harvey va passer du temps avec cette nonne, tellement éprise de pardon qu’elle refuse de donner le moindre renseignement sur ses agresseurs… Et cette expérience va marquer pour lui le début d’une descente aux enfers sous le sceau de la rédemption…
Un acteur époustouflant ◄◄◄
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Bon, je lâche le morceau, mon avis est très mitigé… en fait, il se scinde en deux aspects vraiment différents : le scénario et l’interprétation…
Je n’ai pas vraiment aimé l’histoire… comme je l’ai dit au début, j’ai ressenti une espèce de fascination pour ce milieu glauque qui m’est totalement étranger, heureusement pour moi. Mais ce film sans véritable histoire est finalement une succession de scènes vraiment dérangeantes, provocatrices et déprimantes. Bien que n’étant pas catholique mais proche du sentiment religieux, j’ai été assez captivée par les scènes hallucinatoires dont Harvey est victime ( ?). Mais je n’ai pas vraiment aimé ce film.
Puis, de l’autre côté de la balance, il y a Harvey Keitel. L’acteur de « La leçon de piano » ou encore « Taxi driver », « La dernière tentation du Christ », « Bugsy » ou « Thelma et Louise » est un acteur prodigieux, qui porte sur ses épaules 90% de l’intérêt que j’ai pu y trouver. Il est totalement habité par ce rôle de flic plus que pourri, ce flic c’est lui. Tour à tour répugnant et pitoyable, il donne toute sa crédibilité au personnage central du film, peu bavard mais crevant l’écran (on assiste parfois à des séquences longues de plusieurs minutes sans le moindre dialogue, par exemple quand Harvey regarde un match de base-ball dans un bar en se bourrant la gueule). Conclusion… ◘◘◘
Le scénario est selon moi assez paresseux et certaines scènes m’ont franchement ennuyée. Mais l’ensemble laisse une impression forte, je me répète grâce à l’interprétation hallucinante d’Harvey Keitel. Il a du mérite car il est peu soutenu par le scénario et l’histoire… le film, c’est lui et les 3 étoiles que je donne au film, c’est encore lui !
Caractéristiques du DVD ♣♣♣ (édition collector)
———————————————-Acteurs: Harvey Keitel , Victor Argo , Paul Calderone , Peggy Gormley , Stella Keitel , Dana Dee
Langue 1, Encodage 1 :anglais, Dolby digital 5.1
Langue 2, Encodage 2: français, Dolby digital 5.1
Sous-titrage: français
Format image: 16:9 compatible 4/3 format d’origine respecté 1.85
Durée: 98 minutes
Bonus :
• Le livre de 80 pages signé Nicole Brenez
• Le documentaire: "Abel Ferrara, Not Guilty" (80)
• Les scènes commentées par Nicole Brenez
•L’entretien avec Edward Pressman (producteur)
• L’univers de Zoe Lund, la scénariste
• La bande-annonce, les filmographies, les liens internet
Merci de votre lecture !