Pour espérer une carrière à la Line Renaud ou comme Annie Cordy, Carla Bruni a choisi. La rosacée d’hier tourne tulipe grise. Cela répond sans doute à deux raisons envisageables : ne pas trop plier déroute les ventes de son futur quatrième album, faire remonter un peu les opinions favorables de (voire à son égard, de son époux) son mari dans les rangs de la droite.
On n’avait jamais vu Carla Bruni le sein à l’air coiffée d’un bonnet phrygien et brandissant un drapeau tricolore.
On ne la verra sans doute jamais en Marie-Antoinette arborant la cocarde blanche, mais comme le gris lui sied bien et va avec tout, la voilà aussi rose-gris que… Bayrou. Quelqu’un (Seguela ?) lui a dit de virer de stratégie, même au prix du déni.
Plus d’affriolante guêpière, mais la livrée gris-rose du merops malimbicus (dit Rosy Bee-Eater ou Guêpier, en raison de son régime alimentaire).
En tout cas, on ne risque plus de la voir nue, même pas en compagnie de Benoît Ratzinger dans le même appareil, ni manifestant avec les intermittent du spectacle…
Interlope, et on ne saurait le lui reprocher (n’est-il point, Jeanne-Marine La Pen ou le FN ?), Carla Bruni s’est dite vaguement de gauche quand ses proches l’étaient ; elle se déclare à présent plutôt à droite quand son entourage, le vent et les (mé)ventes l’y poussent.
Comme l’a clamé Bigard, avec Sarkozy, on devient tricard, le public vous fuit.
Puisque toute la blogosphère a repris à l’envi le vrombissage (buzz) initié par un entretien du Parisien (ex-Libéré) sans doute sollicité par sa maison de disques ou l’Élysée, il convient de se livrer à un plausible décryptage.
Deux éléments peuvent avoir influé sur ce repositionnement du produit Bruni. D’abord, pour elle-même en tout cas, les projections de vente de son prochain album. Ensuite, ou prioritairement pour son mari, Nicolas Sarkozy, ses très mauvais récents sondages de popularité que d’autres sondages, portant sur celle de son épouse, pourraient revigorer.
Le plan médias de la chanteuse Bruni et celui de l’épouse Sarkozy sont, comme l’avanceraient les astrologues, en concordance. Rappelons que Numerama – entre maints autres et la Fnac ou Virgin – avait estimé, en septembre 2008, qu’en dépit d’un plan média « sans précédent » (une du Figaro, six pages dans Libération, &c.), le troisième album de Carla Bruni avait fait « un bide ». Devenir épouse Sarkozy présente en effet des avantages mais aussi des inconvénients. Oublions les non négligeables aspects artistiques et ceux liés à l’air du temps. Quoique…
Dans le genre chanteuses à textes et sans trop de voix (entre elles et Janis Joplin, pour n’en citer qu’une, il y a plus d’un bémol), j’ai toujours préféré une Isabelle Mayereau (que je salue amicalement au passage et qui sera toujours chez elle à mon logis) à une Carla Bruni (qui peut encore à l’occasion passer à la maison, mais que je prie de téléphoner à l’avance). Différence, de Mayereau (t’as […]pas les mêmes départs de mon port de plaisance…), et d’autres titres, ceux de sa dernière tournée « hors-pistes » sont d’un tout autre niveau que les ritournelles d’une Bruni, qui s’écoute cependant sans déplaisir.
Musicalement, c’est tout autant sans défaut apparent (« on dit de lui qu’il est doux, calme, équilibré, tranquille, sans défaut apparent… »). La différence entre une Bruni et une Mayereau, c’est aussi une question de positionnement.
Mayereau, tout comme Marie-Paule Belle et d’autres, peuvent s’attirer les louanges tant de La Croix que de L’Humanité sans que leurs critiques, qui tendent à l’objectivité, éprouvent la moindre restriction mentale ou militante. Il n’en est plus de même pour Carla Bruni. L’effet Sarkozy n’y est pas pour peu.
Alors, tant qu’à faire, autant ne pas rater des ventes auprès d’un public allant du centre-gauche à la droite traditionnelle puisqu’une partie du reste de la chalandise (ici, affluence des acheteurs) risque de faire défaut.
L’autre, tout autre facteur, c’est l’effet Besancenot. À gauche, l’électorat, ou du moins les sondés, se radicalisent. À droite, c’est moins flagrant, mais ce n’est pas du côté, marginal, des ralliés à la bannière de Carl Lang, que l’électorat futur de « Mon mari » peut espérer gratter des voix. Alors, pour se rallier un centre-gauche éventuellement flottant et fidéliser une nébuleuse allant du centre-droit à la droite de la droite « réaliste » (et possédante), autant tenter de profiter d’un « effet Bruni », quitte à le fabriquer de toutes pièces et morceaux choisis.
Je me suis récemment intéressé aux sondages, consultations et enquêtes d’opinion, juste quelques jours précédant la parution de l’entretien de complaisance « accordé » au Parisien par Carla Bruni et son équipe de communication. L’étiage de la popularité de Sarkozy est encore plus bas dans les consultations que dans les sondages. C’est aussi une déconfiture (« tu sens comme une éclaboussure… ») plus marquée pour les unes que pour les autres, dans laquelle s’empêtre Carla Bruni, qui a donc préféré se poudrer le nez de gris. Pour Expression publique, la cote d’antipathie à l’égard tant de l’épouse que sans doute, par éclaboussure, la chanteuse, frôle les 64 %. C’est sans doute exagéré, tout comme, pour des raisons tant similaires (mais non identiques) que très spécifiques (tenant à la nature du sondage), les opinions favorables à la Première dame sont exactement en proportion inverse dans le sondage Ifop-France Soir. Mon opinion est qu’on peut attribuer, au pif fraîchement mouché, un coefficient d’environ 8 % de biais, tant à l’enquête qu’au sondage… Les sondés, pas plus que les consultées, ne représentent les parts de marché supposées du futur album de Carla Bruni ou le pourcentage des votes exprimés en 2012. Mais l’image dégradée de Nicolas Sarkozy influe sur celle de Carla Bruni.
Quel est désormais la crainte majeure de la majorité de l’UMP (pas forcément celle de Coppé et de quelques autres) ? Voir Nicolas Sarkozy éliminé du second tour de la future présidentielle, car placé en troisième position. Comme il n’y a plus rien à gratter à gauche, il faut bien faire feu de toute boiserie, au moins pour la galerie, et pour cela, Carla Bruni ne doit pas trop faire tapisserie repoussoir dans son propre camp ou auprès de ses possibles alliés.
Sarkozy, qui avant d’épouser Carla Bruni avait ravi l’épouse d’un saltimbanque, se déclarait en faveur du maintien du régime de chômage des intermittents du spectacle. Il l’est resté pour ne pas déplaire à Bouygues et aux patrons des chaînes de télévision ou de salles, voire à ses richissimes amis Christian Clavier et Johnny Halliday s’ils devaient venir à en bénéficier, mais il n’y a plus rien à espérer de cette fraction de l’électorat. Restent les paillettes qui ne doivent pas devenir cristaux ou mauvais calculs (rénaux aussi, tant l’opinion raisonne parfois en-dessous de la ceinture). Carla Bruni restant, au moins dans l’imaginaire, entretenu un temps et encore vaguement par les médias, située au centre-gauche, pouvait déplaire à une partie de l’électorat de droite.
En faisant de cette demi-mondaine une petite marquise, en la déniaisant à droite, en la dégauchissant donc, les services de com’ de l’Élysée, avec le renfort du sondage France-Soir (qui cherche des capitaux), puis du Parisien (qui se cherche un financier minoritaire qui ne sera pas Pierre Bergé, on s’en doutait…) peuvent espérer un effet teinture L’Oréal qui profiterait aussi à la chevelure d’un Sarkozy rassembleur de ses soutiens.
CQFD ? Non, pas vraiment. Mais quand on sait que toute la communication de Sarkozy est affutée (même quand il se lâche, mais sauf quand il échappe, le naturel reprenant le dessus, à ses mentors), et que celle de Carla Bruni (fort mieux maîtrisée qu’il ne peut l’être tout à fait) l’est aussi par des spécialistes en mercatique, on ne peut exclure ce qui précède. Carla Bruni est dans le déni, pas forcément dans le reniement, et cela convient mieux à son âge, à l’air du temps, ou plutôt à la tendance constatée ou espérée du moment.
P.-S. – la photo d’Isabelle Mayereau est de Pascale Angelosanto (.com), qui expose ses Seines de nuits à la Caféothèque de Paris – 52, rue de l’Hôtel-de-Ville) jusqu’au 16 février 2011. Je la lui pique dans l’urgence, le lui signale, et nous la retirerons (en remaniant ce post-scriptum concomittament) éventuellement sur sa demande. Voir aussi, sur Myspace, pascale_ange. La photo de Carla Bruni pourrait être de Kate Berry pour l’agence H&K, montage Come4News…
Je suppose que déjà beaucoup de monde a titré « Carla Bruni a encore bruni », ou des trucs du genre Carla Bruni, du c(h)âtin à la (chemise) brune, ou je ne sais trop quoi. Je n’ai pas de hargne à l’égard de Carla Bruni, qui mène sa carrière et sa vie comme elle l’entend (je ne veux croire qu’on lui ait arrangé je ne sais quel délit en la menaçant de la faire serrer par Interpol, ou qu’elle soit l’otage d’un autre qu’elle-même). Au départ, je m’étais dit que j’avais mieux à faire que de vrombir à mon tour sur ce micro-événement. Et puis, finalement, il est assez significatif. En sus, comme j’aime bien Mayereau, dont je reparlerai sans prétexte et hors de toute date ou sortie d’album, ben, j’en ai éhontément profité. De surcroît, pour celles et ceux qui s’intéressent à la photo, de nuit (pas fastoche, voir ma dernière photo du jour nocturne), l’expo de Pascale Angelosanto ne devrait pas décevoir.
Si le photomontage de Carla Bruni pose des problèmes de droits, on le remplacera par un autre sur la base d’une photo officielle :
[img]http://marco-cfm.hautetfort.com/list/carla-bruni-sarkozy/2005684432.jpg[/img]
Bon, j’ai un peu repositionné (de 90°, en sens inverse des aiguilles d’une montre) Carla Bruni vers la gauche en détournant la pochette de son album. Mais n’y voyez aucune intention.