Après les recteurs, voilà les proviseurs et autres chefs d’établissement concernés par une prime « au mérite » qui pourrait aller jusqu’à 6000 euros tous les trois ans. Voilà qui met du beurre dans les épinards !
Ainsi Luc Châtel qui se souvient qu’il a travaillé chez l’Oréal comme DRH applique les méthodes du privé pour booster un peu le sacrosaint mammouth qu’un de ses prédécesseurs avait envie de dégraisser, avec le succès que l’on sait.
Pour les profs, s’ils ont bien travaillé, ils auront droit à notre considération.
Quels seront les critères ? Pour les recteurs, on le sait, ce sera la « prime à la casse » : plus ils auront supprimé de postes, plus la récompense sera élevée.
Pour les principaux et les proviseurs, ce sera la prime en fonction des résultats. Rien n’est plus injuste ! Comment apprécier les résultats d’un établissement ? Le ministre nous explique que « l’objectif est de mettre en place des contrats d’objectifs et de performance. »
Seront évalués le «projet pédagogique d’un établissement», les «résultats scolaires» et la «capacité d’intégrer des élèves en grande difficulté»
Je leur souhaite bien du plaisir pour fixer les critères d’évaluation pour des données aussi floues. Pour avoir travaillé plusieurs années à l’inspection académique, je peux vous dire que ce genre d’évaluation n’a que peu de rapport avec la réalité. Comment peut-on comparer des établissements très différents ? La façon de travailler dans un établissement sensible de banlieue n’a rien à voir avec un lycée huppé de centre ville.
Pour le SNES, « on est dans une logique de perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires, c’est une rémunération à la servilité. » C’est la politique de la carotte et du bâton.
Le dispositif expérimental CLAIR permettra à l’avenir aux chefs d’établissements d’avoir leur mot à dire sur le recrutement des professeurs. Parfait pour mettre une bonne ambiance dans les bahuts.
Vous avez compris que je ne suis pas partisan de ce genre de rétribution des fonctionnaires parce que je trouve cela très injuste. Ce n’est pas de cette façon que l’on fera mieux travailler les agents. Evaluer de façon vraiment objective est forcément impossible. Les chefs d’établissement qui sauront le mieux vendre leur « produit » seront récompensés alors que d’autres moins habiles verront leurs efforts dévalorisés.
On ne gère pas l’éducation nationale comme un fabricant de shampoings.
Oh, ce sera très facile : on devra fermer les yeux sur les problèmes : passer l’éponge sur les problèmes de comportement, de violence… les conseils de disciplines seront surtout à éviter car ils nuisent à l’image d’un collège… Quant-aux résultats, il suffira de monter les notes à défaut de baisser le niveau, comme ça, le collège sera bien classé et il y aura un fort pourcentage de réussite au BEPC… Le grand bluff a déjà commencé…
Heu… discipline sans « s » 😛
et il va sortir de où tout cet argent ???
(alors qu’on a même pas de quoi imprimer ou poster des courriers ??!)