La consommation de drogue chez les jeunes devient un problème considérable dans la société. La clientèle s’élargit en nombre et devient de plus en plus jeune. En outre, la dépendance n’amène pas seulement des arias chez les consommateurs, mais bien dans toute la population.  Les toxicomanes consommant de la drogue par injection utilisent des seringues souillées et propagent plusieurs maladies incurables telles que le VIH et l’Hépatite C. De plus, ces seringues sont disposées ici et là dans des endroits publics, notamment les parcs côtoyés par une multitude de personnes. Les seringues sont aussi éparpillées dans des lieux peu fréquentés par la population, mais ces emplacements deviennent de véritables dépotoirs à aiguilles. Prenons par exemple la condition des bretelles de l’autoroute Dufferin à Québec. Celles-ci sont infestées de seringues utilisées par les toxicomanes. En fait, les intervenants conseillent aux consommateurs de se piquer dans des endroits démographiquement peu achalandés. Résultat : les recoins de l’autoroute deviennent des piqueries «à ciel ouvert» et se retrouvent dans des états désastreux.  Pour améliorer la situation, certains intervenants ont rassemblé leur expérience et leurs connaissances en la matière et ont abouti à une solution bien originale. Pour parfaire la qualité de vie des toxicomanes, ils ont décidé d’instaurer des établissements où les consommateurs pourraient s’injecter de la drogue sous supervision médicale.  Ainsi, le premier lieu d’injection supervisé (LIS) de l’Amérique du Nord a ouvert ses portes à Vancouver en 2003. Grâce à cette «piquerie supervisée»,  les toxicomanes  évitent de se piquer en public en outrageant la population;  ils le font de manière à ne pas propager de maladies. Ils sont incités à se faire conseiller, traiter et désintoxiquer;  ils sont supervisés (ex : surdose) et les seringues peuvent être disposées de façon sécuritaire. Des études ont été menées autour de ce site d’injection supervisé et on a noté de nettes diminutions en ce qui concerne les décès par surdose et les déchets liés aux drogues. «Selon deux enquêtes avec un échantillon d’environ 1000 utilisateurs, on a établi leurs caractéristiques majeures suivantes :s’injectent des drogues depuis environ 15 ans ; la majorité (51 %) s’injecte de l’héroïne et 32 % de la cocaïne ; 87 % ont le virus de l’hépatite C et 17 %, le virus de l’immunodéficience humaine […] 80 % ont fait de la prison ;38 % font commerce de leur sexe ; […]  59 % ont signalé une surdose non fatale au cours de leur vie»2 Bien que nous pouvons voir selon cette citation l’importance de l’utilisation de seringues propres (pour éviter la propagation des 87% d’atteints d’Hépatite C par exemple), les sites d’injections n’ont pas que des bienfaits pour la population. En effet, on peut penser que ces piqueries encouragent certaines personnes à consommer des drogues dures ou tout simplement rechuter dans cet enfer. Le voisinage de ces sites craint en outre l’augmentation du taux de de flânage3 et de criminalité dans leur quartier, probablement à cause de la mauvaise réputation des toxicomanes (80% des 1000 utilisateurs chez INSITE ont fait de la prison). En effet, les piqueries supervisées peuvent faire croire aux gens que cela fait rouler l’économie de la drogue, incitant ainsi le proxénétisme, la prostitution, et l’augmentation de «dealers» dans la société. De plus, les études faites auprès d’INSITE sont relativement limitées en ce qui a trait à la criminalité, l’incitation à la drogue et le flânage. Devrait-on alors inciter ou bannir l’inauguration de ces piqueries supervisées? Tout d’abord, analysons le problème sous l’influence de l’éthique matérialiste. Cette théorie est majoritairement basée sur l’égocentrisme et l’individualité. Selon Jeremy Bentham, nous pouvons calculer le degré de bonheur des acteurs en jeu, soit les toxicomanes et la population, plus particulièrement celle qui avoisine la piquerie supervisée.  Si nous acceptons ces centres d’injection, ce sera plus avantageux pour tous que si nous les abolissions, tenant compte des calculs de Bentham. En effet, instaurer ces établissements amènerait des points majoritairement positifs pour les toxicomanes. Premièrement, leur plaisir serait plus certain, car leur façon de se droguer serait plus sécuritaire. Deuxièmement, leur plaisir pourrait durer plus longtemps, car  ils seraient moins souvent en danger de mort que s’ils étaient laissés à eux-mêmes. Troisièmement, ils auraient un plaisir que Bentham qualifierait de plaisir sans souffrances, c’est-à-dire qu’ils auraient moins de risques d’être contaminés par une maladie. Le seul inconvénient serait que les consommateurs auraient plus de difficultés à renoncer à leur dépendance, étant donné qu’ils évitent tous les mauvais côtés de la consommation de drogue en allant dans ces centres. Par la suite, il semblerait que ce soit tout aussi profitable pour les citadins d’accepter ce genre d’institut. Contrairement à ce que le voisinage de ces centres pense, il y a avantage à aider les toxicomanes dans le besoin. En premier lieu, les gens rencontreraient moins de risques de se faire contaminer par des seringues souillées. En deuxième lieu, l’instauration de piqueries supervisées diminuerait le taux de piqueries dites «privées», c’est-à-dire des locaux d’appartement où toxicomanes, dealers et prostituées se rencontrent pour s’adonner à des activités peu orthodoxes, si on peut dire. En fait, les gens ne pensent pas que s’il n’y a pas de lieu sécuritaire pour se droguer, cette populace marginale va «squatter» des endroits encore plus près de leur maison et cela est par ailleurs bien plus dangereux. Un seul désagrément  s’impose : les problèmes de criminalité ne diminueraient peut-être pas dans les environs, même si les personnes droguées sont supervisées, il y a toujours le problème de flânage.   De plus, toujours dans le contexte de l’éthique matérialiste, chacun devrait suivre sa propre idée égoïste. Ce qui veut dire que la population ne devrait pas se préoccuper du problème de dépendance des toxicomanes et se préoccuper simplement de leur bonheur personnel. Selon le philosophe, «Nous sommes responsables de notre bonheur, et si nous sommes malheureux c’est entièrement de notre faute». Donc ce ne sont que les toxicomanes qui devraient se préoccuper de leur problème de consommation. De ce fait, les toxicomanes devraient faire le choix de continuer à consommer ou arrêter, tout en tenant compte de la situation qui leur amènerait le moins de sacrifices à faire. Par la suite, étudions ce problème à la manière de l’éthique idéaliste. Cette théorie philosophique se base sur des lois universelles, c’est-à-dire que si quelque chose est bon pour un individu et pour les autres, il est un devoir de respecter ce principe. Cela est évidemment plus ardu à faire lorsqu’on étudie ce problème éthique, car les 2 solutions présentent chacune des avantages pour les acteurs en jeu. Il faudra analyser ce problème plus en profondeur pour arriver à en tirer conclusion. Avec cette morale déontologique, nous devons prendre en considération les droits et les devoirs de chaque acteur. Pour chaque prise de position, les gens concernés ont des droits qu’ils peuvent revendiquer. Les toxicomanes ont le droit d’être protégés contre les maladies infectieuses et les risques liés à la drogue, par exemple la surdose, et la population a le droit de vivre dans un environnement propre et peu dangereux, c’est-à-dire sans propagation de maladies et d’instauration de piqueries privées peu rassurantes. Cela justifierait donc la nécessité de centres d’injection supervisées dans les endroits défavorisés où se tient la clientèle de consommateurs. Par contre, les toxicomanes possèdent le droit de ne pas se faire inciter à consommer de la drogue, car on peut croire que ces piqueries, contrairement à leur bonne intention, envoient des messages fallacieux aux consommateurs. La population a aussi le droit d’avoir une certaine quiétude dans leur voisinage, si on amène l’hypothèse que l’instauration d’un établissement de la sorte attire la criminalité dans le voisinage. Mais jusqu’à quel point ces droits sont-ils valables? Prenons par exemple du droit à la santé des toxicomanes. Jusqu’à quel niveau devrait-on les soigner, considérant que ceux-ci nuisent considérablement à leur santé en se détruisant par la drogue? Ces questions peuvent se poser à chaque droit de chaque acteur. Dans ce problème, nous pouvons aussi tenir compte du gouvernement, qui a un rôle important à jouer dans cette situation. Celui-ci a plusieurs devoirs à remplir pour faire profiter au maximum tous les acteurs. Premièrement, il est du devoir de l’État de garder sa cité propre, et il est aussi de son devoir de soigner ses habitants, peu importe ce qu’ils ont comme problème. En fait, l’État dépense des sommes folles en ce qui a trait aux maladies infectieuses comme le Sida(VIH).  Ces devoirs montrent le besoin d’instaurer les LIS. Par contre, l’État ne devrait pas encourager la drogue et devrait veiller à garder la ville sécuritaire. En effet, en encourageant ces piqueries, l’État laisse place au marché noir de la drogue. Mais jusqu’où l’État peut-il permettre le commerce illégal de la drogue pour pouvoir garder sa ville propre? Pousse-il ses limites un peu trop loin pour permettre une meilleure salubrité dans sa cité? Voici aussi  une idée de la théorie d’Emmanuel Kant, partisan de l’idéalisme. Selon lui, la bonne volonté est un principe qui doit régir notre manière de voir le problème éthique; nous devons tenir compte des intentions plutôt que de des conséquences, comme le faisait le matérialiste Bentham.  Il faut donc tenir compte de chaque individu œuvrant dans l’amélioration de la qualité de vie des toxicomanes. Même si l’on ne connaît pas encore les conséquences à long terme de ces piqueries, on doit considérer que ces personnes ont la bonne volonté d’aider leur prochain. En associant les pours et les contres et en mettant l’emphase sur les droits ayant des valeurs les plus importantes selon moi, nous pouvons affirmer que l’instauration de piqueries supervisées serait bénéfique à tous les acteurs mis en cause. Pour conclure, nous pouvons aisément affirmer que les piqueries seraient profitables à tous, peu importe de quelle façon nous le voyons. En fait, l’aversion concernant les piqueries supervisées est due au fait que la population est souvent mal informée sur leurs services et leurs avantages. C’est probablement la raison à laquelle il y a une si grande controverse concernant l’instauration d’établissements de ce genre dans nos villes. Je ne crois pas que les citadins veulent nécessairement du mal aux toxicomanes, car nul ne fait le mal en connaissance de cause. Personnellement, avant de faire des recherches  sur ce sujet, j’étais plutôt en désaccord avec cette idée marginale. Je crois simplement que si la population était mieux informée en ce qui concerne ces centres, la question éthique serait plus facilement résoluble.

  1.       CYBERPRESSE Matthieu Boivin, Le Soleil, Publié le 11 novembre 2010 à 05h00 http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201011/10/01-4341472-une-piquerie-a-ciel-ouvert-sous-les-bretelles-de-dufferin.php  Matthieu Boivin, Le Soleil, Publié le 12 novembre 2010 à 09h44 http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/la-capitale/201011/12/01-4342016-le-projet-de-centre-dinjection-supervise-dans-st-roch-inquiete.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4341472_article_POS2  Élisabeth Fleury, Le Soleil, Publié le 19 novembre 2010 à 05h00 http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201011/18/01-4344161-cachez-ces-seringues.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4342016_article_POS2  2.       INSITE http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/pubs/_sites-lieux/insite/index-fra.php#a10 3.       FLÂNAGE : n.m. (Québec) Action de traîner, de rôder. (http://ledefi.pagesperso-orange.fr/pli2007/pli07_mots_nouveaux0.htm)