L’arrivée des lycéens puis des étudiants dans les manifestations contre la réforme des retraites a surpris le gouvernement et les syndicats. C’est vrai qu’à première vue, ils ne sont pas concernés : il va en passer de l’eau sous les ponts avant qu’ils ne pensent à prendre la leur ! Il est fort probable qu’il y en aura d’autres, des réformes, contre lesquelles ils pourront défiler.

Donc, la raison est ailleurs. Premier argument : si les seniors prennent leur retraite plus tard, les jeunes auront plus de mal  à entrer dans la vie active. Logique au premier abord mais pourtant faux, c’est plus compliqué que ça. A l’heure actuelle, beaucoup de seniors proches de l’âge de partir sont au chômage. L’employeur qui embauche préfèrera prendre un jeune, moins cher et plus dynamique.

Par contre, il est vrai que les jeunes sont inquiets pour leur avenir qui s’annonce bien morose. On a vu que les responsables politiques et syndicaux ne savaient pas trop comment réagir en face de ce mouvement. Le gouvernement, dans un premier temps, a parlé de manipulation des jeunes par la gauche, ce qui a eu un effet désastreux. La réaction a été immédiate : les jeunes revendiquent le droit de manifester comme des grands et n’aiment pas être instrumentalisés.

Les principaux leaders du  PS ont hésité à encourager cette jeunesse incontrôlable à descendre dans la rue, pour ne pas se voir qualifiés d’irresponsables. Pourtant, ça grossissait le nombre de manifestants.

Pour Nicolas Sarkozy, l’entrée dans l’arène des jeunes est une très mauvaise nouvelle, car s’il n’a pas peur des syndicats, il craint par-dessus tout les débordements d’une jeunesse dont on ne peut prévoir l’ampleur de l’engagement. Ils ne respectent pas forcément les codes des luttes syndicales traditionnelles. Il a apparemment opté pour la fermeté et la répression avec tous les risques que ça peut comporter. Ca passe ou ça casse ! On souhaite qu’il n’y ait pas de bavures car ça pourrait conduire à des émeutes. Il est remarquable de constater que de nombreux « casseurs » étaient inconnus des services de police et en étaient à leur première incartade. Inquiétant pour le pouvoir ! Et il y a toujours le spectre de 1968 même si la situation est très différente.

Ce qu’il n’a pas compris, c’est que ce qui motive surtout les jeunes, c’est un rejet de sa politique et même de sa personne. Il sait que ce ne sont pas les jeunes qui votent pour lui. Est-ce une raison pour les mépriser ?

{youtube}D4zJ5Auz2n4{/youtube}