En écrivant « la désobéissance civile » en 1849, l’Américain Henry David Thoreau se doutait-il que ses principes seraient suivis plus de 150 ans plus tard dans notre pays.En effet, l’idée selon laquelle la résistance individuelle à un gouvernement injuste ou qui agit contre notre conscience est justifiée. Thoreau n’a-t-il pas refusé de payer ses impôts à un état qui admet l’esclavage et fait la guerre au Mexique ?Jamais sans doute, à part la période de l’occupation, la France n’a connu autant de « désobéissance » que ce soit en aidant des immigrés comme le montre le film « le maître-nageur » et les réactions qui s’en sont suivies ou à l’école où les enseignants qui s’opposent aux réformes de Xavier Darcos au risque d’être sanctionnés ont même inventé le mot « désobéisseurs ».  

Le mensuel Regards d’octobre consacre un dossier à ce sujet.

Le sociologue Albert Ogien et la philosophe Sandra Laugier montrent dans leur ouvrage « Pourquoi désobéir en démocratie ? » comment cette notion est devenue plus actuelle que jamais. Ils voient dans cette contestation individuelle une méfiance par rapport aux partis politiques et aux syndicats. Mais aussi, ils y voient un refus de la logique du résultat à l’école, à l’hôpital … Une façon de s’opposer à l’état de plus en plus inhumain.

La désobéissance est-elle un refus de la démocratie ? A ce moment-là que pensez des Justes qui ont sauvé des Juifs au péril de leur vie ? Gandhi et Martin Luther King n’ont rien fait d’autre que de résister pacifiquement parce que s’ils n’avaient pas le droit pour eux, ils avaient la morale de leur côté. Que peut faire l’agent de pôle emploi contre l’absurdité de ce qu’on lui demande de faire ? Refuser de signaler à la préfecture les étrangers qui viennent s’inscrire. Que peut-on reprocher à cet agent d’ERDF qui rebranche en douce les foyers dont l’électricité a été coupée ? Ou cette caissière de supermarché qui fait crédit à des personnes en difficulté avant d’être licenciée ?

Comme on pense que notre bulletin de vote ne changera pas les choses, on essaie d’agir sur le quotidien par des petites actions citoyennes.

Là où je verrais une limite à ce principe c’est à propos des faucheurs de champs d’OGM et quand on offre l’asile à une personne soupçonnée de meurtre comme ce fut le cas pour Colonna. A chaque fois, c’est un cas de conscience et on trouve en soi un courage qu’on ne soupçonnait pas.

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