UN SOIR DE RENDEZ-VOUS
Il est allé chez elle
La peau fraîche et lisse, lavée de toute impureté,
Le cœur léger, vêtu comme un jeune premier,
Lui qui pour sa belle se prépare,
Ignore qu’il est allé la voir.
Elle, drapée de blanc, sentant le thym et la marjolaine,
Que la pâle lueur de l’aube, écrin de sa beauté, irradie
Gît paisiblement sur son lit, le regard fixe.
Ses mains d’albâtre croisées sur son cœur contrastent
Avec les draps mauves. Posée sur ses cheveux longs et soyeux,
Une couronne de chrysanthèmes souligne sa grâce.
La fraîcheur du soir semble figer sa beauté à jamais.
Ce matin vive et riante, prêtant une oreille attentive
Au monde qui l’entoure, elle est maintenant sourde au corbeau qui l’appelle.
Elle a maintenant scellé ses lèvres.
Rhéa s’était faite belle pour son Apollon
Mais il est allé chez elle.
Il a sorti son plus beau costume pour sa belle.
Le noir de ses habits lui donne un air à la fois élégant et triste.
Il prend son portable pour prévenir sa dulcinée
Mais le téléphone sonne dans le vide.
Il commence à s’inquiéter et presse le pas.
Sur son chemin, pas un bruit.
Un silence lourd et pesant seulement troublé par la complainte d’une chouette.
Amant jaloux, il est allé chez elle.
Il l’a vue toute belle pour un autre que lui.
Amant cruel, il ne la veut que pour lui.
Ainsi tel Cupidon il lui décocha une flèche en plein cœur.
Arrivé chez sa belle, le cœur serré,
Seul le silence l’accueille.
Arrivé dans sa chambre, le visage décomposé,
Il doit en faire son deuil.
Elle est étendue là, lune blafarde sur son lit.
Elle a froid dans son linceul blanc et jamais ne ressent
Le doux baiser de son bien-aimé sur son front.
Sous ses mains, une tache écarlate.