Entre Paimpol et Pontrieux dans les Côtes d’Armor, une locomotive à vapeur crache ses fumées le long d’un fleuve côtier qui se gonfle et se dégonfle au gré des marées et les rails, loin des routes, suivent un chemin sauvage qui rejoignent les deux cités.

Tournant le dos à Paimpol, le train s’élance vers les faubourgs, qu’ il dépasse pour atteindre le fleuve.Dans les voluptes de la machine, à peine dissipées, le train double la halte de Lancerf et, à flanc de coteau, s’enfonce dans la forêt. Puis, il s’arrête en pleine forêt, à Plourivo. Au bas de quelques marches, les passagers découvrent une bâtisse posée au bord de l’eau.Ce manoir à une histoire tristement célèbre puisque elle fut en 1920, le théâtre de l’affaire Seznec. Cette maison abrite aujourd’hui une exposition de la faune et la flore de l’estuaire.

Un coup de sifflet, des claquements de portières, et les 68 tonnes du monstre d’acier décollent lentement du quai. La vallée se fait plus étroite, bordée de bruyères et de fougères, puis dans la forêt, croise la halte de Frynaudour et débouche brusquement sur un viaduc de pierres et de fer, haut de plus de vingt mètres qui enjambe la Leff. La Pacific à réduit sont effort et freine maintenant le train le long du quai de la gare de Pontrieux. Sur le bâtiment des voyageurs rénové, on aperçoit sa vieille l’horloge et sa halle aux marchandises associée à son quai de déchargement.

La locomotive manoeuvre et revient s’atteler en tête de train pour un retour vers Paimpol.

Cette ligne de Carhaix-Plouguer Paimpol demeure l’unique témoignage du formidable réseau breton qui irriguait la péninsule armoricaine il y a quarante ans.