<< Tu verras, tout va bien se passer >>
C’est comme ça que cette histoire commence, les adultes ne savent pas si bien dire, à croire qu’ils ont oublié eux même ce que c’était d’être jeune, et pourtant ce sont toujours les premiers à dire "A ton âge, je me souviens que …".
A peine la lecture commencée, je me retrouve emportée dans la vie d’un gamin dont on ignore le prénom et ce tout au long de l’histoire, un personnage dont la naïveté me touche profondément car elle reflète immanquablement la beauté de l’enfance. Ce garçon arrive -avec je ne sais quel pouvoir- à nous fait vivre les moments les plus mystérieux mais aussi les plus merveilleux de sa vie, de l’enfance à l’âge adulte, la sincérité du discours reste la même.
Quel drôle de don tout de même ! Imaginez-vous, pouvoir capturer l’ombre des personnes que vous croisez, connaître leurs peines les plus profondes, et avoir comme but de guérir tous leurs maux.
Mais par où commencer ? Maman qui vient tout juste de voir papa nous quitter avec une autre femme, Luc mon meilleur copain, père de boulanger mais qui rêve de devenir médecin, ou Yves le concierge de l’école, un homme bien seul mais tellement chaleureux.
Un garçon, un homme, bloqué entre l’enfance et l’âge adulte, un homme qui balance d’un coté et parfois de l’autre.
C’est quand même effrayant comme aventure ! Tellement effrayant que parfois on ferait tout pour échapper à ce pouvoir si mystérieux, échapper au soleil pour ne pas croiser une ombre. 
 
" Les grandes personnes vous disent toujours que c’est merveilleux d’être un enfant, mais je vous jure qu’il y a des jours, comme samedi dernier par exemple, où l’enfance, ça pue vraiment"
 
Ça fait vraiment du bien de retrouver la sincérité que l’on peut avoir lorsque nous sommes jeunes, ça fait du bien de voir également un homme fidèle à lui même, amusant, courageux et généreux, si bien qu’un tel homme peut se voir déchirer. Déchirer pour une femme ? Non trois. Élisabeth la plus belle fille de sa classe, Cléa son amour d’été, et Sophie la fille qu’il a rencontré pendant ses études, Et pourtant il est le voleur d’ombres d’une seule femme. Il est sans compter de sa mère, car une mère est certes la femme qui nous a donné la vie, mais aussi la  première femme de notre vie.
Je m’efforce de croire que si ce gamin n’a pas nom, c’est seulement pour que nous puissions nous mettre à sa place, lui dire tout bas ce que l’on pense, comme si l’on soufflait un secret à une ombre, un secret plus confidentiel et plus précieux que jamais et qui serait assez pour influencer le reste d’une vie, voir plusieurs.
Une histoire d’ombre, cela peut rappeler Peter Pan, et pour cause, ce protagoniste a beaucoup d’imagination, et sa maman ne cessera de lui répéter tout au long de sa vie.  Une histoire qui montre que notre ombre est ce qu’il y a de plus profond en nous, on peut la dissimuler, mais il y aura toujours quelqu’un qui arrivera à percer notre secret, à voir notre tristesse la plus profonde, ou a décrypter nos peurs et nos angoisses les plus intenses. Tout ce sait, les ombres ne nous trahissent jamais, ou du moins c’est ce que l’on croit jusqu’à la lecture de ce  bijou.
 
" Il est des petites choses que l’on laisse derrière soi, des moments de vie ancrés dans la poussière du temps. On peut tenter de les ignorer, mais ces petits riens mis à bout forment une chaîne qui vous raccroche au passé."
 
Voici une histoire "drôle et tendre", mais surtout très belle et parfois triste.
Une histoire qui vous attendrira si vous êtes sensible ou simplement si vous avez un cœur.
Vous pouvez critiquer Marc Levy autant que vous pouvez, dire que c’est de la mauvaise littérature, jamais je n’ai lu d’histoire aussi belle, aussi touchante et émouvante, jamais je n’avais vu la personne qui m’est le plus cher, rire et pleurer au fil de la lecture d’un autre livre.
Il y a une phrase écrite en quatrième de couverture qui résume bien le tout et qui me paraît si juste:
"Et si l’enfant que vous étiez rencontrait l’adulte que vous êtes devenu…"