Aujourd’hui la mémoire suscite un intérêt important au sein de notre société.
Un intérêt tellement important que des émissions de télévision lui sont consacré. Il existe même un championnat du monde de mémoire développé par le britannique Tony Buzan. Mais malgré tout cet engouement, connaissons nous réellement ce qu’est la mémoire ? comment fonctionne t'elle ? y a t il d’ailleurs qu’un seul type de mémoire ? Quels sont les troubles associés à ses déficits ?
C’est pour tenter de répondre à toutes ces questions que grand nombre de chercheurs ont mené diverses études pour tenter d’expliquer ce qu’est la mémoire aussi bien sur plans cognitif que sur un plan physiologique ou biologique. Tout d’abord intéressons nous à la mémoire d’un point de vue explicatif et cognitiviste.
Selon les chercheurs le processus de mémorisation se déroule en trois étapes :
-La première étant l’acquisition ou l’encodage de l’information, concernant la sélection des informations à mémoriser.
-La seconde la rétention ou conservation de l’information ; caractérisée par la conservation latente de ce qui a été mémorisé.
-La troisième étant une étape d’actualisation pendant laquelle ce qui a été acquis ou conservé est mis en forme de façon explicite.
Trois grande catégorie de conduites mnésiques y sont distingués :
Le rappel libre (mémorisation de mots ou d’énonces à rappeler, selon le model de Kintsch on distingue une étape de généralisation et une étape de sélection de l’information. Avec Omission ou intrusion d’items ), le rappel indicé ( rappel où l’expérimentateur va fournir au sujet des informations plus ou moins associées aux items mémorisés, facilitant ainsi le rappel) puis la reconnaissance ( le but étant de camoufler le matérielle mémorisé dans un ensemble plus grand pouvant être soit un plus grand énoncé ou bien une liste de mots plus importante, le sujet doit reconnaître les éléments qu il a mémorisé préalablement , il est a noter que la difficulté de rappel est d’autant plus accrue que la ressemblance sémantique est forte.)
enfin le ré apprentissage ( cela consiste à faire réapprendre au sujets un matériel déjà appris ; on relève l’effet de mémorisation a partir des temps de mémorisation du sujet). On voit à partir de cela que le rappel est amélioré si on a la possibilité de le structurer, c’est le principe d’organisation du matériel mémorisé ; quand on regroupe les éléments à rappeler par catégories les résultats sont meilleurs (Bousfield en 1953).
Pour Bower et Al., les représentations sémantiques sont organisées en mémoire de façon hiérarchisée, tout en respectant l’inclusion des classes. Tulving a quand à lui montré que le sujet peut mettre en place des catégories qui lui sont propres. Intéressons nous maintenant à la mémoire sémantique. qui est caractérisée par l’ensemble des choses que l’on peut retenir comme par exemple un texte, une histoire ou bien encore un ensemble de mots. Collins et Quillian la caractérisent comme un réseau sémantique reprenant l’idée de hiérarchisation de bower et Al . A laquelle ils rajoutent la notion de liens entre les concepts ainsi que leurs propriétés. Lors de la mémorisation on va fonder un réseau sur le principe d’héritage des propriétés, ce qui va permettre d’économiser du stockage d’informations. Ribs, Shoben et Smith , relèvent eux, que l’effet de la distance sémantique n’est pas toujours confirmée. De plus ils montrent qu il n ‘y a pas d’égalité de statut entre tous les exemplaires d une même catégorie.
Contrairement à Collins et Quillian, ils ont formé deux catégories de propriétés : Les propriétés définitoires relevant de ce qui est commun a tous les éléments de la catégories, et les propriété caractéristiques qui sont propres à certains éléments de la catégorie, tout en tenant compte que certains éléments sont plus exemplaires d’une même catégories sur un gradient de Typicalite (Corder en 78) Exemple : le berger allemand est plus caractéristique de la catégorie chien que le basset. La mémoire se définit aussi par la notion d’activation, Selon Meyer et Schvanveldt (1971) la notion de l’activation dans un réseau est le fait que lors de l’apprentissage de deux mots, si ils sont sémantiquement proches, leur temps de rappel sera plus court que si il sont sémantiquement éloigné.
Cet effet d’activation se nomme amorçage sémantique. A cela se rajoute l’organisation des informations en mémoire, avec notamment le Rôle des image mentales qui sont les images formées à partir d’un mot. L’image aurait des propriétés structurales héritées de la perception, d’ou son nom de représentation analogique. Passons désormais au codage des informations en mémoire. Lors d’activités de codage, le sujet au moment de l’apprentissage du matériel à mémoriser, met en œuvre des processus qui transforment l’information de façon à ce que son rappel ultérieur soit plus efficace. Vient ensuite la profondeur du traitement. Plus ce traitement a lieu en profondeur dans le système mnésique, plus il comporte d’associations, de relations de significations entre les items a mémoriser et de connaissances sur le sujet, meilleur sera la reconnaissance ultérieure de l’item. Selon Craik et Tulving (1975) en plus de cela, le temps de traitement passé ne détermine pas une éventuelle performance correcte en reconnaissance. Cela se constate par le fait que le traitement profond donne lieu à de meilleurs performances mnésiques bien que son temps de traitements soit plus court.De plus la nature du traitement détermine sa retentions.
Il est également important d’indiquer de ne pas confondre disponibilité en mémoire et accessibilité en mémoire. A partir de là voyons les différentes structures de la mémoires. D’une part la mémoire déclarative d’autre part la mémoire procédurale. Intéressons nous d’abord à la première, étant constituée de la mémoire sémantique (qui gère les connaissances et des savoir, pour les utiliser) déjà évoquer précédemment et de la mémoire épisodique (concernant les caractéristique des évènements éprouvés par une personne, afin de les retrouver, elle est aussi appelée mémoire biographique composée de la mémoire implicite et de la mémoire explicite). On peut différencier ces deux types de mémoire par le fait que les informations en mémoires épisodique sont plus fragiles (Tuvling 1972) mais aussi par le fait que la mémoire épisodique étant réalisée avec des indices du contexte de l’information à mémoriser , joue un rôle important facilitant la récupération donnant lieu à un encodage spécifique (selon Godden & Baddeley). Nous avons relevé dans la démence Alzeihmer un déficit de la mémoire épisodique. Venons en maintenant à la mémoire procédurale. Elle peut être analysée en terme d’actions définissant des opérations à réaliser compte tenu d’un but poursuivis. La mémoire procédurale regroupe l’ensemble des conduites devenues automatiques pour une personne comme faire du vélo, conduire… .
Selon Koders (1979) cette acquisition est liées à un entraînement, par conséquent au fil du temps l’acquisition se fera de façon automatique. Voyons maintenant un trouble de l’encodage : le syndrome amnésique. Il se caractérise par un déficit des capacités de rappel différé. On observe ce syndrome depuis bien des années notamment des les travaux de Korsakoff en 1881, ou encore chez Milner en 1959. On distingue deux types d’amnésie, l’amnésie antérograde et l amnésie rétrograde. Intéressons nous à la première, la seconde portant sur ce qui a été mémorisé avant l’amnésie. L’ amnésie antérograde est parfaitement mise en évidence dans le cas de HM relater par Milner en 1959. Il s’agit d’un patient à qui les chirurgiens ont enlevés une partie du cerveau pour lui stopper ses crises d’épilepsies. Suite à cette intervention, ce patient pouvait mémoriser correctement des informations dans une situation donnée, mais oubliait ces informations lorsqu’il passait à autre chose. Oubliant ainsi au fil du temps son quotidien.
Suite à cela concernant le syndrome amnésique, Warrington et Weiskran (1970,71,78) ont montré qu’en rappel indicé les patients souffrant du syndrome amnésique ont de meilleurs résultats en rappel indicé qu’en rappel libre ou qu’en rappel de reconnaissance. De plus en tache de rappel verbal non seulement les résultats de ces patients sont inférieurs à ceux des sujets saints mais en plus ils ont tendances à donner des éléments d’une liste apprise précédemment. Ceci laisse donc supposer que ces sujets ont mémorisé l’information mais qu’ils ne l’ont pas correctement encodé, ce qui fait qu’il ne peuvent pas récupérer l’information de façon efficace le moment opportun. En apport à cela Warrington& Weiskranz (1970) ont montré que pour les taches de complétions de mots, les sujets amnésiques ont des performances comparables à celles des sujets saints alors que pour les taches de rappel soit libres soit indicés le sujet saint a de meilleurs performances. Selon Schacter (1987), le point commun entre les tâches pour lesquelles les amnésiques on un déficit c’est le fait que pour ces personnes il faille récupérer un souvenir de façon explicite. Cela se tient puisque lorsque ces sujets sont en situation de taches de complétions de mots, ils n’ont pas l’intention consciente de retrouver un souvenir passé.
Cela a été confirmé par Graf, Squire et Mandler montrant en plus une distinction entre mémoire épisodique et mémoire sémantique. Les amnésiques réussissent moins bien quand ils cherchent à se remémorer un mots qu ils ont déjà appris dans un certains contexte (mettant ainsi en œuvre leur mémoire épisodique) , que lorsqu’ils répondent sans savoir qu’ils l’ont déjà appris ( mettant en œuvre ici l’exploration de leur mémoire sémantique. En ce qui concerne également ce syndrome amnésique , Milner a montré avec HM, que si la mémoire déclarative est déficitaire, la mémoire procédurale quand à elle a encore de l’utilité puisque les patients amnésiques peuvent encore apprendre des gestes moteurs. Cohen a également démontré cela à l’aide du problème de la tour de « Hanoi ». Confirmant ainsi que la mémoire procédurale est moins atteinte que la mémoire déclarative.
Après s’être intéressé a l’aspect cognitiviste voyons désormais l’explication sur un plan plus neurologique. Les recherches sur les primates ont montré que la mémoire est en grande partie stockée dans le néocortex, c’est à dire la région du cortex cérébral la plus récente dans l’histoire de l’évolution. Deux régions sont essentielles pour la mémoire : la région postérieure du cortex et la région frontale. La mémorisation des souvenirs s’accompagne d’une modification des synapses. Les souvenirs et les perceptions reposent sur des réseaux de neurones interconnectées. Les connexions réciproques entre l’hippocampe et les régions du néocortex où ont lieu les associations sont essentielles à l’acquisition de nouveaux souvenirs. Les zones corticales sensorielles et motrices sont les dépositaires d’une classe de mémoire innée appelée mémoire phylétique. Sur l’assise de cette mémoire se développe la mémoire individuelle considéré comme son extension. En dérivent de cette mémoire phylétique la mémoire perceptive ( celle des sens) et la mémoire motrice. Les deux sont associatives, gravées dans le cortex et organisées de façon hiérarchique. C’est la mémoire personnelle qui confère la connaissance. Chez l’Homme la stimulation électrique de certains points de la surface du cortex postérieur déclenche diverses sensations, caractéristiques de la mémoire épisodique. La localisation de la mémoire épisodique est très entendue à un point tel qu’on en connaît pas la topographie. Il en va de même pour la topographie de la mémoire sémantique.
Ce que l’on sait en revanche c’est que tout ces réseaux de neurones sont interconnectés ce qui pourrait expliquer que les amnésies totales soient rare. La mémorisation d’un souvenir résulte de modifications des connexions au sein de réseaux de neurones activés par un signal. Lorsqu’une information est traitée, des protéines et des gènes sont activés dans les neurones post synaptiques. Des protéines sont produites, acheminées vers les connexions établies entre les neurone pré- et post- synaptiques. Ces protéines servent au renforcement des synapses, aux sites de communication entre les neurones, et à la construction de nouvelles synapses. Lors de la mémorisation d’un souvenir, un réseau spécifique de neurones se construit dans diverses structures spécifiques, l’hippocampe notamment, puis le souvenir se grave de la même façon dans le cortex, lieu de stockage définitifs des souvenirs. Pour faire le lien avec l’aspect cognitiviste, reprenons le cas du patient H.M. de Milner mais cette fois ci avec un aspect neurologique. A ce patients, un chirurgien lui a fait une ablation partielle des régions temporales gauche et droite. La lésion de l’hippocampe et des région avoisinantes provoqua une perte immédiates et dévastatrice de la mémoire explicite.
Ainsi on sait que l’hippocampe et certaines régions du lobe temporal sont indispensables à la formation de souvenirs explicites et à leur conservations. Cela nous permet de faire un lien entre la mémoire déclaratives et ces éléments à l’instants cités. Pour conclure nous en savons désormais un peu plus sur le fonctionnement de la mémoire et sur les conséquences liées à certaines lésions. Nous savons qu’il y a plusieurs formes de mémoires et que chacune à son rôle bien précis. Nous pouvons désormais dire qu’en fonction de nos activités et de leurs buts nous mettrons en œuvre soit la mémoire déclarative soit la mémoire procédurale. Nous avons également vu que notre quotidien de part son contexte et sa chronologie s’inscrit dans la mémoire épisodique. Enfin nous avons pu voir notamment grâce au patient HM que l’hippocampe et les régions du lobe temporal sont impliqués fortement dans la mémoire.