« Le 21ème Siècle sera religieux ou ne le sera pas », aurait prophétisé André Malraux… Cette prophétie est lourde de sens… Elle est on ne peut plus d’actualité. Le Moyen Orient, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran sont gangrenés par des factions islamistes fondamentalistes… A un point tel que les Musulmans modérés oeuvrant dans beaucoup de pays, appuyés par des Gouvernements dits ‘’tolérants’’, sont dépassés par ces fondamentalistes qui prônent l’application stricte de la Charia dans toute sa rigueur… 

En Afghanistan, en Irak, des milliers de personnes sont tuées (décapitées ou égorgées), massacrées au nom de Dieu, les otages constituant, comme on le sait, un véritable marché ! Pourtant gouvernée par des Islamistes ‘’modérés’’, la Turquie laïque, qui est confrontée à d’immenses manifestations destinées à promouvoir la laïcité ‘’à la Kemal Ataturk’’, est victime d’attentats tout aussi monstrueux…Il en est de même en Indonésie, en Inde…

 


Dans nos banlieues, certains voudraient, tout comme en Arabie Saoudite, en Afghanistan, au Pakistan ou en Iran…, étendre l’Islam à l’ensemble du monde entier… Beaucoup de ces jeunes, le plus souvent défavorisés (parmi eux, il y a des convertis à l’Islam),  prêchent la ‘’bonne’’ parole assénée par des imams radicaux installés dans des lieux de prière clandestins…

De simples solutions existeraient : éradiquer le chômage, la pauvreté, la misère, détruire les ghettos, redonner à l’Etat les moyens de s’imposer… L’on se demande, cependant, si nos Politiques ont la volonté d’appliquer ces solutions ?Partout, que ce soit sur le Continent africain, que ce soit en Asie du Sud-est, que ce soit au Moyen Orient, la pauvreté, la grande misère, le chômage servent à la montée des Islamistes, qui, ont acquis une très grande notoriété dans leurs actions sociales…

Les gouvernements en place, eux, semblent dépassés par ces évènements, n’ayant aucune volonté politique pour asseoir le bien être de leurs populations qui sont de plus en plus nombreuses à frapper aux portes de cet Eldorado qu’est l’Europe Le Pape, Benoît XVI, n’est pas en reste, lui qui prône l’abstinence hors mariage, l’interdiction stricte de la contraception, de l’avortement, des protections utiles pendant l’acte d’amour… Certes, les Chrétiens ne font pas d’attentats, ne prennent pas d’otages : mais, leurs dogmes ne sont-ils pas aussi dangereux et dépassés que ceux des Islamistes radicaux ?

On l’a constaté surtout en Ulster, lors de cette terrible guerre de religion qui a opposé Protestants (loyalistes à la Couronne britannique) et Chrétiens (favorables au rattachement à la République d’Irlande) : là, il y eut de nombreux attentats, de nombreux massacres imputables aux deux camps…Mais, on le constate aussi en Pologne… Là, le gouvernement actuel de ce pays, qui semble obéir aux dogmes de l’Eglise catholique toute puissante, prône l’interdiction de l’avortement, la lutte contre les homosexuels…  En France, dans nos banlieues, deux tendances s’affrontent : –         les Musulmans modérés et profondément laïcs, qui veulent pratiquer leur religion dans le respect des lois de la République, –         les Islamistes, qui, eux, se servent de l’Islam pour asseoir leur identité tout en clamant haut et fort à qui veut l’entendre que « le Coran est supérieur aux Lois de la République »… 

Face à cette nouvelle donne politique qui voit s’affronter les tenants d’une Religion d’Etat et les farouches partisans d’un Etat constitutionnellement laïc, un homme : Philippe Simonnot, a eu la riche idée de créer l’Observatoire des Religions[1]. « J’ai enseigné l’économie du droit aux Facultés de droit de Nanterre et de Versailles. Du droit à la religion, il n’y avait qu’un pas que j’ai franchi tout naturellement.

D’autre part j’ai horreur du fanatisme, de l’intolérance, de la bigoterie, de l’imposture, de l’hypocrisie », nous dit-il pour expliquer les buts et les objectifs de son site.Mais, il va beaucoup plus loin lorsqu’on évoque devant lui les possibles colères des intégristes de nos trois religions monothéistes en déclarant : « ils n’ont pas besoin de moi pour se mettre en colère… ».   

Ce Docteur ès Sciences économique a écrit une vingtaine d’ouvrages d’Economie et d’Histoire.  Son dernier livre : « Les Papes, l’Eglise et l’argent, Histoire économique du Christianisme des origines à nos jours »[2], sera, à n’en pas douter, un ouvrage de références pour expliquer aux spécialistes ou aux non spécialiste « l’application à la religion chrétienne des outils de l’analyse économique ». Mais, ne comptant pas en rester là, Philippe Simonnot soumettra, dans son prochain ouvrage, le même traitement au Judaïsme et à l’Islam… Ce journaliste, qui est également un philosophe, se déclare « libre de toutes attaches, de tous partis, de toutes religions ». « La liberté est la première des valeurs… Il faut la défendre, parfois la conquérir ! », Considère-t-il…. 

Membre de haut rang du Center for the New Europe, un réservoir de pensée basé à Bruxelles,  il essaie de promouvoir ces idées dans son pays.« Ma discipline de base est l’économie. Je suis l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages d’économie et d’histoire, tous à la portée du grand public », explique-t-il avant de nous parler de son Maître : Condillac, un philosophe français méconnu du 18e siècle. « Il est pour moi le véritable inventeur de l’économie de marché, et non pas Adam Smith qui a conduit la science économique à l’impasse marxiste », estime Philippe Simonnot.  

En créant l’Observatoire des religions, qui est né d’une idée très simple, Philippe Simonnot est intimement persuadé que la religion a repris une place importante dans la société contemporaine. Pour ce philosophe, « il est urgent de prendre la religion comme objet d’un regard scientifique, dépourvu de tout préjugé ». « C’est d’autant plus primordial dans ces temps de guerres de religion qui ensanglantent de nouveau une partie de la planète. La religion est une chose trop sérieuse pour être laissée aux religieux », estime-t-il. L’Observatoire des Religions parle d’abord des religions les plus importantes de France, à savoir : le Christianisme, l’Islam et le Judaïsme. Sur ce site, on constate que l’observation de ces religions se fait sous l’angle de l’actualité.

Par exemple, le concept d’ « Islam de France » mis en circulation par le Président Nicolas Sarkozy, à l’époque, Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur. « Que va-t-il en faire maintenant qu’il est Président de la République ? », demande Philippe Simonnot. « Curieusement, on en a très peu parlé pendant la campagne présidentielle », déplore ce philosophe. Pourtant, lorsque nous ouvrons le site de l’Observatoire des Religions, on constate que les contributions à ce débat sont très intéressantes et très diverses. C’est dire si ce problème est crucial et d’actualité !  

Pour ces religions qui ont traversé les siècles, Philippe Simonnot n’a pas oublié cet angle ô combien très important qu’est l’Histoire. Mais, en économiste très averti, il a voulu donner sa « couleur » à son site en l’agrémentant par un chapitre tout aussi important : « L’économie de la Religion ». Née aux Etats-Unis il y a 20 ans, cette discipline est inconnue en France : pour notre Confrère, « les économistes se sont totalement désintéressés de ces questions, les laissant aux sociologues, psychologues, anthropologues ». « L’économie, qui dispose d’outils très puissants d’effraction du monde réel, est la mieux placée pour analyser la religion », juge-t-il. « Je l’ai fait pour la religion chrétienne, avec des résultats que l’on sait… Je m’applique à en faire autant avec le judaïsme et l’islam. Il ne s’agit évidemment pas d’expliquer la religion par l’économie, ce qui serait absurde », continue-t-il. 

Ne comptant pas en rester là, Philippe Simonnot veut enrichir son site en y ajoutant d’avantage d’images d’art sacré, de musique sacrée, de reportages… Mais, en journaliste convaincu qu’il est, il compte également mettre en place d’avantage de débats consacrés aux questions les plus brûlantes.Son message est simple : « On peut parler de religions sans s’entre-tuer ! ». Lorsqu’on lui demande qui consulte l’Observatoire des Religions, Philippe Simonnot n’en n’a pas la moindre idée pour le moment. « En tous les cas, je le destine aux gens intellectuellement honnêtes et curieux. Curieux surtout », nous répond-il d’un ton convaincu.  « L’Observatoire des Religions étant un site qui n’a qu’une visée scientifique, il ne peut y avoir de tendance politique, religieuse ou philosophique », Rappelle Philippe Simonnot, qui prône « le dialogue des religions avec d’autres et des religions avec l’athéisme ou le déisme ».

Mais, les sujets développés étant très sensibles, le philosophe est obligé de contrôler très étroitement tout ce qui peut être publié sur son site. « D’autre part, à l’heure d’Internet, on peut se passer de téléphone et d’adresse postale », estime-t-il pour nous expliquer l’absence de coordonnées sur son site. Ayant été confrontés nous-même à ses questions[3], nous avons voulu lui demander :-         ce qu’il attendait du Président de la République française en matière religieuse (budget des cultes, enseignement, presse, législation.. ?) Et en matière de sectes, –         si il trouvait que le traitement des religions en France avait été équitable au cours du dernier Quinquennat, –         ce qu’il pensait de la notion « Islam de France » mise en circulation par le Ministère français de l’Intérieur, –         si il désirait un Christianisme de France, un Judaïsme de France…,-         comment il situait la France par rapport à ses voisins européens sur ces questions, –         si il avait d’autres remarques à nous faire…

Peine perdue… Philippe Simonnot s’est contenté de nous dire : « je répondrai quand l’enquête sera terminée ! ». « Je ne veux pas influencer le visiteur », conclut-il d’un ton convaincu.        


[2] in Bayard, Paris, 2006. Voir à ce sujet : –          la fiche de présentation de ce livre en cliquant directement sur ce lien : http://www.observatoiredesreligions.fr/dernierslivres/livres.html –          la première de couverture en guise d’illustration de cet article.