Alors qu’en mars de cette année le gouvernement espagnol avait demandé des explications au président Chavez concernant la présence supposée de membre de l’ETA et des FARC en territoire vénézuélien, que Washington avait ensuite accusé Caracas de protéger différents groupes terroristes, le gouvernement colombien avait jusqu’à présent conservé un silence prudent et diplomatique.

Mais les choses ont changé cette fin de semaine, et ce matin, le gouvernement colombien a formellement porté plainte contre le Venezuela devant l’Organisation des États américains (OEA).

Bogota accuse non seulement Caracas d’abriter sur son sol les principaux dirigeants de l’organisation terroriste FARC mais également pas moins de 1 500 guérilléros répartis en 25 bases différentes.

Le gouvernement colombien a fourni à l’OEA toutes les preuves qu’elles possédaient, éléments constitués de nombreuses photos et vidéos et qui fourniraient de surcroît la localisation précise des bases rebelles.

La première réaction de Caracas a été de rappeler, pour consultation, son ambassadeur en poste à Bogota avant de menacer, par la voix de son président Hugo Chavez, de rompre totalement les relations diplomatiques avec le pays voisin.

Si la Colombie, qui se défendait jusqu’à présent d’effectuer des actions d’espionnage en territoire vénézuélien, reconnaît aujourd’hui implicitement avoir organisé pareilles activités, les ministères de la Défense et celui des Affaires étrangères colombiens sont formels quant à leurs accusations, mais sembleraient ne demander à Caracas que de collaborer dans leur lutte contre les groupes terroristes… ce que tout gouvernement démocratique ne peut qu’approuver.

Sur le terrain, ce regain de tension s’est immédiatement fait sentir au sein de la population frontalière, et la plupart des travailleurs transfrontaliers ont préféré démissionner de leur emploi au Venezuela plutôt que de prendre le risque d’être arrêté arbitrairement, comme ce fut le cas pour de nombreux Colombiens en début d’année. Plusieurs journalistes colombiens ont également été interpellés ces derniers jours en territoire vénézuélien, et ont été expulsés après quelques heures de détention sans qu’aucun motif ne leur soit fourni.

Au train où vont les choses, il y a peu de chances de voir se rétablir des relations normales entre les deux États, espérons que cela ne dépassera pas le conflit diplomatique. Mais il n’empêche que si les accusations faites par les gouvernements espagnol, américain et colombien à l’encontre du Venezuela se confirment, on a du mal à comprendre pourquoi le président Chavez qui se veut le chantre du socialisme du vingt et unième siècle se fourvoie avec de tels groupes de narco terroristes. Par contre, si toutes ces informations sont sans fondement, on se demande ce que cherchent les gouvernements accusateurs et quels sont les bénéfices qu’ils peuvent retirer de l’envenimement des relations entre la Colombie et le Venezuela.

Pour en savoir plus :

Le ton monte entre Bogota et Caracas autour des guérillas, TF1

Chavez menace Bogota, Le Figaro

Busca Colombia compromiso de Caracas para combatir a rebeldes, El Financiero de Mexico

Colombia pide que sesión de OEA sobre Venezuela sea pública, El Universal, Caracas