dans ces lieux de misère de la république.

Il n’y a pas que des noirs, mais aussi des blancs seulement ils sont beaucoup moins nombreux à vivre dans cette ville lumière qui fait notre gloire avec la plus belle avenue du Monde, notre prétention n’a pas de limites, mais si l’on gratte un peu c’est la misère cachée qui apparaît ou des humains, certes noirs, mais humains quand même, vivent à six depuis 8 années dans 15 m² dans un immeuble du 14ème arrondissement de Paris, mais il y a certainement, encore, beaucoup misérable.

C’est Bata au centre en compagnie de ses  colocataires.

HERVÉ LEQUEUX POUR " LE MONDE "

Insouciants dans leur jeunesse, ils ont le sourire, c’est un témoignage à partir d’un article publié par le Monde.fr ici.

Analyse.

Il n’y a pas que Clichy-sous-Bois, pour lequel j’ai écrit plusieurs articles, Saint-Denis, Montreuil et d’autres villes de la Seine-Saint-Denis ou des personnes sont ainsi entassées dans une pièce de quelques mètres carrés et ou l’on paie à des marchands de sommeil de quoi dormir pour ne pas être à la rue. L’Est de Paris n’a rien à envier à la Seine-Saint-Denis pour l’accueil des travailleurs immigrés. La Seine-Saint-Denis est le berceau de cette immigration depuis plus d’un siècle. A Montreuil, 63 morts dans un squat de Maliens avec ou sans papiers dans le Haut Montreuil à la suite d’un incendie. Sur 150.000 habitants de la commune, plus de 15.000 sont d’origine Malienne vivant dans des conditions précaires. En Île de France, ils sont deux fois plus nombreux que le reste de la population à vivre dans l’agglomération parisienne, 35 % contre 15 % source INSEE. Entre 1990 et 1999, la part des immigrés s’est renforcée en Île-de-France et en Alsace, mais aussi dans les régions de l’Ouest où ils étaient peu présents. À l’inverse, elle a reculé dans les anciennes régions industrielles du Nord et du Nord-Est et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Combien de noirs d’immigration Africaine en France, difficile à chiffrer par ce que nombreux sont les immigrés clandestins. Elle est moins bien connue que l’immigration Maghrébine qui est de loin la plus nombreuse et la plus ancienne. En 1996 les immigrés d’Afrique sahélienne principalement du Mali, de la Mauritanie, de la Guinée, du Sénégal ont fait l’actualité révélant au grand jour le problème des sans papiers. Il est certain que ce phénomène à constitué un argument politique majeur faisant pour le Front national son principal argument électoral, «la France aux Français» qui a fait mouche dans les banlieues à forte immigration, mais se rapportait plus à l’immigration Maghrébine qu’aux noirs étant beaucoup moins nombreux. Cette politique reprise par la droite conventionnelle à conduit à un durcissement de la législation sur les étrangers sans discrimination de statut. Cette immigration tant vilipendée comme la cause de tous nos maux est-elle la cause du chômage en France, de nos difficultés sociales, certainement pas. Elle dérange par ce que noire elle développe un racisme «réciproque d’ailleurs» par le fait que nombreux sont les noirs de nos départements d’Outre-mer que l’on assimile souvent à des immigrés alors qu’ils sont Français, ce que bien entendu, ils peuvent apprécier.

Ces noirs d’Afrique que l’on exploite au maximum par ce que vulnérables souvent sans aucune qualification ne font pas de bruit, bien au contraire, ils apportent une main d’œuvre dans les secteurs des services ou des Français ne vont plus. Ils n’ont pas à être confondus à ces noirs de culture Islamique des pays du Moyen-Orient pour lesquels le port de la burqa Afghanistan, Yémen, ou du nicab pour le Moyen-Orient et les pays d’Afrique ainsi que pour l’Asie du sud-ouest ou l’Afrique du nord pour les femmes constitue sur elles une domination esclavagiste liée à leur culture ancestrale. Les emplois occupés sont principalement dans l’artisanat, la grande distribution, le bâtiment et la restauration pour les hommes tandis que pour les femmes, ils sont nombreux dans les services à la personne d’ordre ménagers ou services et soins dans nos hôpitaux et aussi dans les entreprises de nettoyage.

Malgré la xénophobie, et leurs conditions de vie précaires ils sont le moteur de l’activité d’un pays qui a perdu cette main d’œuvre absolument nécessaire à son existence.

Les Français se prétendant d’origine malgré le métissage des populations due aux invasions, aux colonisations et aux mouvements des peuples ont renoncés depuis longtemps à ces travaux jugés dégradants. Cette immigration à d’abord été cultivée par le patronat pour un besoin de main d’œuvre après la seconde guerre mondiale portant principalement sur des Italiens et des populations du sud de l’Europe. Puis ce fut des Portugais et ensuite comme conséquence à la guerre d’Algérie une forte immigration Maghrébine pour conduire à celle des noirs d’Afrique pour faire court. 

Combien de noirs Africains installés en France c’est à dire ceux qui sont recensés, et non tous ceux qui en règle ou pas y vivent. D’après Jeune Afrique qui publie une étude de l’Insee les départements d’outre-mer (DOM) totalisaient quelque 1 832 000 habitants au 1er janvier 2006 : 784 000 pour la Réunion, 447 000 pour la Guadeloupe, 399 000 pour la Martinique, 202 000 pour la Guyane. À supposer que 80 % des «domiens» puissent être considérés comme des «Noirs», cela donne environ 1 500 000 personnes. À quoi il faut ajouter tous les originaires des DOM établis en métropole, ainsi que leurs enfants. Selon diverses estimations, leur nombre peut être évalué à 1 million d’individus. Ainsi les Noirs de l’outre-mer pourraient-ils atteindre le chiffre de 2,5 millions, soit près de 4 % de la population de la France entière (63,4 millions d’habitants au 1er janvier 2007). On exclut de ce décompte les 700 000 habitants des collectivités d’outre-mer (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna).

Le dénombrement des populations d’origine subsaharienne n’est pas moins délicat. Ce n’est que par une série de tâtonnements que l’on peut arriver à une estimation. Selon le recensement de 1999, le nombre d’immigrés subsahariens séjournant légalement en France s’élevait alors à un peu plus de 393 000, soit 9,1 % de la population immigrée (4,3 millions). Mais, en 2006, l’Insee a publié une étude indiquant que les «natifs d’Afrique subsaharienne» étaient 570 000 en juillet 2004. Un bond de 45 % en cinq ans ? En fait, même si la poussée migratoire a été importante au cours des dernières années, l’Insee, après avoir dû admettre que le nombre des subsahariens avait été nettement sous-estimé en 1999, a corrigé le tir.

D’après le 1er baromètre des populations noires de France «tns-sofres», le baromètre commandé par le CRAN est le premier a avoir réalisé un sondage sur la population noire de France. Il a été effectué du 3 au 23 janvier 2007 auprès de 13 059 résidents de France métropolitaine et de 500 résidents des DOM, âgés de plus de 18 ans. Il ressort que,

* 3.86 % des personnes interrogées âgées de plus de 18 ans se disent «noires». Soit environ 1 865 000 noirs de plus de 18 ans en France.

* 56% de ces personnes «noires» se disent personnellement victimes de discrimination raciale dans leur vie de tous les jours (12 % déclarent l’être souvent, 19 % de temps en temps, 25% rarement) et 61% ont le sentiment d’avoir vécu au moins une situation de discrimination raciale au cours des douze derniers mois.

* Plus d’un tiers des interviewés (37%) citent une attitude dédaigneuse, méprisante ou irrespectueuse, près d’un quart (24%) une agression verbale, une insulte ou des difficultés lors de l’achat ou de la location d’un logement, des contrôles d’identité ou de police (23%) ou encore des difficultés dans leurs relations avec les services publics (22%).

* 18% disent avoir rencontré un refus d’embauche qu’ils estiment dû à la couleur de leur peau.

* L’enquête montre par ailleurs que les Noirs déclarent à 53 % exercer une activité professionnelle.

On voit l’énorme décalage entre un recensement sur le nombre d’immigrés séjournant légalement en France et celui du baromètre de populations noires de France, on ne sait donc pas ce que ces chiffres signifient exactement, et à quelle population ils s’appliquent. Il n’en reste pas moins exact que ces populations subissent une discrimination raciste d’autant plus forte par notre politique. Le problème du voile en France en est une conséquence aggravante ou l’on fait l’amalgame entre ceux de culture Islamique et les autres. Mais aussi le manque de logements qui ne touche pas que des noirs, ou la jungle permet des abus intolérables comme ce qui se passe à Clichy-sous-Bois dans le quartier du Chêne Pointu.

Banta Koita sans papiers chambre 58

La vie de Banta Koita, depuis huit ans, c’est la vie de foyer. Une chambre numérotée 58 que l’on débusque au bout d’un couloir défraîchi d’un immeuble du 14e arrondissement de Paris, qui abrite des logements pour travailleurs immigrés. Des chaussures qu’on laisse à l’entrée. Une porte qu’on entrebâille. A l’intérieur, 15 m2, trois lits et six occupants.

Ici, chaque nuit, la place de Banta est celle de ceux qui n’ont pas de papiers : il dort par terre, sur le vieux parquet, avec un matelas. A 29 ans, il partage le plancher avec deux autres jeunes Maliens, originaires comme lui, de la région de Kayes. Les lits sont réservés aux «vieux», qui sont, eux, régularisés.

La rencontre avec Banta s’est faite un peu par hasard, samedi 12 juin. Dans la chambre 58, il y avait plus de convives que d’habitude à cause du Mondial de football. On a demandé si quelqu’un participait à la grève des travailleurs sans papiers qui s’éternise maintenant depuis plus de huit mois. Et parmi les regards rivés sur la télévision placée en haut de l’armoire, le seul qui a levé le bras, c’est Banta.

Pour preuve, il a montré une photo de la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, qu’il avait prise avec son téléphone portable lors d’une journée au piquet de grève. Et il a raconté ses espoirs fatigués de régularisation. «C’est dur, mais je ne veux pas vivre comme ça toute ma vie», a-t-il justifié en regardant tristement la chambre bondée, des valises faisant office de placards glissées sous les lits.

Sa vie de clandestin, il l’a commencée sans trop se poser de questions, il y a huit ans, trop content de quitter le Mali et la précarité de sa fratrie de douze enfants, issue des trois épouses de son père. Une fois en France avec un visa de touriste, il a vite travaillé en intérim grâce à la carte de séjour d’un demi-frère, déjà sur le territoire. «Certaines agences ont tiqué en regardant la photo parce qu’il avait 40 ans et que je ne les faisais pas». Mais ça a fini par passer.

Les missions se sont alors enchaînées, à la plonge souvent, dans des sociétés de restauration collective. Et ce jusqu’en 2007, où l’une d’entre elles l’a finalement embauché en CDI. «Là, j’ai passé trois ans sans aucun souci, je n’étais jamais malade, je ne prenais jamais de vacances !»

Dans la chambre 58, ils étaient trois sur la même carte de séjour pour travailler. «On en avait pour 3 000 ou 4 000 euros d’impôts par an mais on partageait». Au quotidien, Banta avait une autre fausse carte en cas de contrôle d’identité. Les transferts d’argent au pays allaient bon train, comme cet après-midi où, calotte sur la tête, un gars du foyer s’en va pour des vacances au Mali. Dans une sacoche en bandoulière, il emmène 3 500 euros.

Depuis qu’il milite avec la CGT, Banta n’a plus les moyens de tout cela ; il a été licencié. Mais, assis à la petite table qui occupe tout le milieu de la pièce et sur laquelle chacun se relaie pour avaler son repas, un de ses parents, Cissé, 51 ans, se veut rassurant : «De mon temps, on bricolait au noir, on était régularisé et après on travaillait, maintenant, pour les jeunes, c’est l’inverse, il faut qu’ils s’accrochent !»

Pour preuve, Cissé parle de sa régularisation sous François Mitterrand alors qu’il était arrivé en 1974. Idem pour l’oncle de Banta qui occupe aussi la chambre, débarqué, lui, en France en 1972 et régularisé sous Valéry Giscard d’Estaing.

La grève, pour Banta, prend pourtant de plus en plus des allures de chemin de croix. Pendant un mois, en novembre 2009, il a occupé les locaux du Fonds national d’assurance de l’industrie hôtelière, et est tombé malade en raison de l’absence de chauffage. Il dit avoir suivi ensuite toutes les manifestations organisées par la CGT et pointé consciencieusement, chaque jour, au siège de la centrale, à Montreuil, pour montrer sa détermination.

Depuis qu’il a épuisé ses économies, la chambrée se cotise pour lui donner 40 euros par mois. Mais tout seul dans sa grève, il déprime, délaisse parfois la prière qui monopolise les couloirs du foyer cinq fois par jour. «Avant j’appelais ma mère deux fois par semaine, mais maintenant ça me pèse». L’autre jour, au piquet de l’Opéra Bastille qu’il occupe avec d’autres travailleurs sans papiers depuis le 27 mai, il s’est énervé quand il a vu arriver des nouveaux, intéressés par l’éventualité d’une régularisation.

Depuis le début de l’occupation, Banta enchaîne les nuits blanches au pied de l’opéra, souvent sur de simples cartons. Au petit matin, il retourne épuisé au foyer. Comme ce samedi, après une nuit de pluie, où il a mis ses vêtements à sécher puis s’est affalé sur un lit. Alors, en rentrant de son service de nettoyage de nuit à la Fnac des Champs-Elysées où il travaille depuis plus de dix ans, Cissé n’a pas osé lui réclamer sa place.

Par Elise Vincent, Le Monde.fr