Dans quelques jours commencera la coupe du monde de football en Afrique du Sud, voulue comme un signe fort envoyé au continent africain et à ses habitants. Une sorte de main tendue par le monde occidental à un continent jusque là laissé pour compte alors qu’il continue de fournir, d’une manière soutenue et depuis des décennies, une grande partie des acteurs majeurs du "showbiz" (car c’est bien de cela qu’il s’agit au final) footballistique européen.
Les retombées escomptées d’un tel événement, tant au niveau local que continental sont énormes : Large couverture médiatique, promotion du tissu économique local, encouragement des entreprises africaines etc…
Cependant le réveil au lendemain de cette fête mondiale risque d’être difficile, et la gueule de bois risque d’être dure à faire passer après l’euphorie des festivités.
Plusieures chaînes nationales africaines privées de retransmission
Si la FIFA et l’union africaine des diffuseurs (AUB) ont conclu un accord pour une retransmission intégrale de la coupe du monde dans les pays d’Afrique subsaharienne, d’autres pays, essentiellement l’Afrique du nord, se trouvent dans l’impossibilité de garantir à leurs citoyens le droit élémentaire de regarder les matchs sur leurs chaînes nationales. La faute à qui ? à un système mis en place par la FIFA et qui octroie les droits de retransmission à de gros distributeurs qui payent le prix fort pour s’assurer de l’exclusivié des retransmissions, puis se retrouvent face à des chaînes nationales qui n’ont plus qu’à s’aligner sur les prix indiqués (une quinzaine de millions de dollars pour une trentaine de matchs au choix du distributeur, pour le cas de l’afrique du nord) ou se retirer.
C’est ainsi que plusieurs millions de fans africains se retourneront vers les chaines étrangères, moyennant un abonnement conséquent ou un recours au piratage à travers les fausses cartes satéllite ou internet, ou bien risquent de se voir tout simplement privés des matches de la coupe du monde de leur sport favori
Un coût exhorbitant
Afin de combler son retard en matière d’infrastructures, l’Afrique du sud a dû débourser 40 milliards de dollards (destinés en grande partie à des entreprises occidentales), Largement au dessus 6 milliards déboursés par l’Allemagne en 2006, ce qui représente 5% du PIB sudafricain durant les quatre années de préparation. A titre de comparaison ce taux ne dépassait pas 0,07% en allemagne.
La construction de cinq nouveaux stades et la rénovation de cinq autres aura coûté un milliard d’euros, offrant une capacité moyenne de 50 000 places par stade, ce qui est largement surdimensionné par rapport aux besoins d’un pays où le football, sport des pauvres, n’arrive qu’en troisième position après le criquet et le rugby, plus largement supportés par la minorité blanche aisée. De plus, ces stades engendreront des coûts de fonctionnement élevés qui ne pourront être supportés par une population noire, pauvre et ravagée par les problèmes sociaux.
Un pays miné par la pauvreté et les problèmes sociaux
Le passé colonial de l’Afrique du sud a généré des disparités criantes entre une minorité blanche aisé et une majorité noire baignant les problèmes sociaux : Une pauvreté massive, un taux de chômage dépassant les 40%, des problèmes sanitaires graves tels que l’expansion sida et un niveau d’insécurité tellement élevé que le pays est classé parmi les plus dangereux du monde etc…
Une population noire, principalement constituée de chômeurs ou d’ouvriers, qui s’intérrogent sur leur avenir après la coupe du monde.
Ironie du sort, ces ouvriers noirs ne pourront vraisemblablement pas s’offrir le privilège d’aller voir des matches de la coupe du monde de leur sport favori dans les stades qu’ils auront construit de leurs propres mains. seuls quelques 27 mille privilégiés se verront offrir des billet donnant accès à un match dans le cadre de cette compétition.
Loin de l’image scintillante d’une fête mondiale qui se veut salvateur pour le continent africain, voulue et véhiculée par la FIFA et par ses partenaires, la coupe du monde reste un évenement avec ses gagnants et ses perdants. Les laissés pour compte sont nombreux, en Afrique mais aussi particulièrement en Afrique du sud. Il y a ainsi une question que l’on ne peut pas s’empêcher de se poser : Qu’en sera-t-il dand quelques mois ou dans quelques années, à l’heure des bilans ?