Hier, mardi 25 mai, notre ministre de l’Education Luc Chatel dévoilait son plan pour l’adoption de nouveaux rythmes scolaires : dans des collèges et des lycées tests répartis dans toute la France, la semaine sera aménagée de sorte à favoriser les cours le matin et le sport l’après-midi.
L’absentéisme des enseignants est énorme, comme le rappelle M. Chatel, tout en expliquant pourquoi dans sa lettre de juillet 2009: « La presse a fait état, la semaine dernière, d’un rapport qui aurait été commandé par I’administration faisant apparaître qu’avec 45% des professeurs des écoles qui ont posé au moins un congé maladie en2007-2008 et une durée moyenne de congé de onze jours, contre neuf dans les entreprises, le taux d’absentéisme des enseignants des écoles primaires serait le double de celui observé dans le secteur privé. »
Cela fait quand même perdre, en moyenne, une année de cours, comme le rappelle la FCPE !
- L’école unique des pays scandinaves (Suède, Norvège, Islande, Danemark, Finlande), où tous les élèves, de 7 à 16 ans, suivent le même cursus en primaire et collège, dans une école unique, la Folkeskole, dans le même groupe-classe, avec le même professeur principal, mais des enseignants différents dès le primaire. Le redoublement est inconnu, et 95 % des élèves obtiennent un diplôme en dernière année de ce cycle.
Ce modèle nordique est à la fois efficace et équitable.
- Le type sélectif des anglo-saxons (Grande Bretagne), cette fois, la continuité est plutôt recherchée dans le secondaire, et 10 % des élèves sont scolarisés dans des Grammar Schools (établissements privés), sélectives. Les anglo-saxons, comme les scandinaves, privilégient l’acquisition de l’autonomie à celle des connaissances (voir le système latin). Par exemple, ils auront tendance à mettre en avant les progrès des élèves indépendamment de leur niveau initial.
Ce modèle anglo-saxon est efficace mais peu équitable.
- Le type germanique, différencié (Allemagne, Autriche, Suisse, Pays-Bas, Luxembourg), qui comprennent une orientation différenciée très tôt des élèves en trois filières : le Gymnasium (30 % des élèves), menant à des études universitaires, la Realschule, menant à des études supérieures non universitaires et une formation professionnelle courte, les Hauptschulen. Il faut noter toutefois que l’image sociale des élèves provenant de cette dernière filière est bien meilleure que celle équivalente des pays latins.
Cependant, ce modèle continental est inefficace.
- Le type latin (ou méditerranéen) , privilégiant l’acquisition des connaissances (France, Italie, Espagne, Grèce), caractérisé par une attention plus importante à l’acquisition des savoirs et connaissances : ainsi, le système de contrôle des connaissances, des examens, des notes y a une part plus importante que dans les autres systèmes, ainsi que la présence du redoublement.
Le modèle méditerranéen’est inefficace et inéquitable.
Comment ces données peuvent influer sur les performances des élèves ? L’intéressante étude de Testu (1994) répond à cette question.
Il montre notamment que l’organisation du temps scolaire n’influe pas sur les niveaux d’attention des élèves d’élémentaire, et que les performances scolaires des élèves au cours de la journée évoluent de la même manière quel que soit leur pays. En revanche, la vigilance des élèves de 6-7 ans n’est pas la même selon les jours de la semaine : elle croît tout au long de la semaine, avec un faible creux le jeudi pour les semaines de cinq jours, et avec un fort creux le vendredi pour les semaines à la française (pas classe le mercredi et samedi après-midi). Ces différences s’estompent pour les élèves de 10-11 ans.
Egalité des systèmes scolaires
Il faut aussi s’interroger sur le caractère plus ou moins égalitaire des systèmes scolaires. Des études sur ce sujet montrent que l’idée que sélection rime avec efficacité est un mythe : les systèmes différenciant plus tôt les cursus (Allemagne, Autriche, Suisse, Luxembourg, Pays Bas) sont à la fois moins efficaces et plus inégalitaires que les autres (pays scandinaves).
Qu’avons-nous appris ?
– que les élèves du primaire travaillent beaucoup ou peu n’a pas d’impact sur leurs performances
– le système allemand ne fonctionne pas
Pourquoi, alors, vouloir changer un système qui privilégie l’excellence pour un système inefficace qui ne peut pas être généralisé sur tout le territoire en raison du manque flagrant d’équipement en zones rurales ?
Encore une fois, l’Education Nationale prend des mesures ridicules qui vont à l’encontre de ce qu’il faudrait faire. Mais quand on voit le manque de bon sens des jeunes professeurs fraîchement recrutés, au moins l’Education Nationale est cohérente avec elle-même !