beaucoup seront déçus !

 

La première désillusion viendra de la forte abstention malgré la victoire socialiste qui se confirme de sondages en sondages avec quelques variantes, l’Alsace resterait à droite, perdant aussi le Languedoc Roussillon au profit du maintien de Georges Frêche ce qui relativiserait l’espérance socialiste d’imprimer un changement de politique gouvernementale. Sarkozy le sait bien et il joue au poker menteur, d’un coté, il proclame que sa politique ne changera pas puisque ce sont des élections locales et que la forte abstention relativise le succès, et de l’autre, il s’engage en allant soutenir ses candidats et, en cela, rien ne peut l’en empêcher. N’a-t-il pas déclaré le 25 janvier sur TF1 que le rôle du président de la république n’est pas de s’engager pour des présidents de région, et il le fait malgré cet engagement, c’est donc un aveu de faiblesse.

Il joue ainsi sur les deux tableaux certain que cette logistique, bien que désavouant son engagement lui sera profitable. Tenant les ficelles il peut intervenir sur les médias comme l’a fait François Fillon le 09/03 sur France 2 au journal de 20 heures. Le samedi 13, veille du scrutin, Sarkozy donnera une interview au «Figaro magazine» après avoir parcouru la Réunion, la Corse, la région Centre, la Martinique, la Vendée et la Charente-Maritime ou il refusa que la présidente de la région Ségolène Royale assiste à la réunion de travail à la préfecture, et il reçoit Valérie Pécresse à l’Elysée. A Marignane il rencontre le maire de Marseille, puis il se rend en Franche-Comté dans le département du Doubs ou dans une salle des fêtes à Pontarlier faite à sa main, il serre des mains. Si avec cela il ne s’est pas investi dans cette campagne que faut-il qu’il fasse ?

Il est évident, l’abstention sera forte pourquoi, mis à part que, pour beaucoup, ces élections sont déjà pliées, à force d’annoncer que les socialistes en sortiront vainqueur grand chelem ou pas, ce n’est pas le plus important, ne peut que démobiliser au premier tour nombre de ses électeurs, et quand on connait l’importance du premier tour qui donne la dynamique du second et, qu’en outre, elles ne peuvent changer la politique actuelle puisque locales même si les présidents de régions ont plus de pouvoir qu’avant sur la gestion globale de leur région, le contre pouvoir en quelque sorte, pourquoi aller voter ?

C’est d’autant plus évident que cette abstention sera forte aussi du coté de l’UMP ou bon nombre de ses partisans préfèreront ne pas aller voter plutôt que de voter contre leurs convictions déçus par Nicolas Sarkozy, sa politique en fait n’a rien apporté d’autre qu’un accroissement de la misère, commencée sous Jacques Chirac, enrichissant les banques et les Entreprises du C40 qui font des profits en dizaines de milliards d’euros, la crise ils ne connaissent pas, nos milliards gaspillés…. et j’en passe, et cela, malgré l’obédience à droite de ces personnes, elles préféreront s’abstenir plutôt que de voter pour l’opposition. De plus, le grand cri prématuré de victoire totale de Martine Aubry, même si elle en a relativisé l’importance, peut jouer contre les socialistes par le fait que leur victoire annoncée risque d’être limite dans beaucoup de régions.

Le vote Écologique peut aussi atténuer cette victoire même si au second tour leurs voix se reporteront sur les socialistes, la droite faisant quasiment le plein au premier tour, il n’en reste pas moins vrai qu’un bon score Écologique au premier tour entache le succès socialiste et leur donne du poids. Cela est d’autant plus vrai si l’on prend l’exemple du Poitou-Charentes ou Ségolène Royal avait fait un score supérieur à 46 % en 2004, ce qui ne sera pas le cas cette année créditée de 33 % pour 29 % à Dominique Bussereau malgré les ralliements Écologiques sur sa liste, quand à eux ils seraient crédités de 14 %. Pour l’Île de France ou Valérie Pecresse est donnée en tête à 30 % au premier tour le vote Écologique serait très fort 18 % pour 26 % à Jean-Paul Huchon limitant ainsi la poussée socialiste. La division de la gauche est sa plus grande ennemie d’autant plus que si des partis comme le Front de gauche font également un bon score ils auront des prétentions qui risquent de ruiner la politique socialiste l’obligeant à des concessions incompatibles avec une gestion responsable pouvant entraver, en plus, en 2012 la victoire d’un socialiste.

On sait bien que les surenchères aussi bien à droite qu’à gauche ne sont jamais porteuses de résultats dans une économie mondialisée, et le Front de gauche comme les Verts puisque non responsables dans une gouvernance socialiste exigeront des orientations dogmatiques, qui ne peuvent être pragmatiques. Quand les médias accablent le parti socialiste en l’accusant de n’être qu’un parti local incapable de gagner une élection présidentielle la seule qui compte vraiment, c’est de l’hypocrisie sachant très bien que la gauche est divisée et que quoique que fassent les socialistes, ils ne peuvent rassembler au premier tour l’électorat de gauche, seule une coalition sur un programme pragmatique peut décider les électeurs qui lui reproche, avec juste raison, cette division. Tant qu’elle subsistera la droite sera majoritaire, non pas par sa politique, mais par ce qu’en face la cohérence n’y est pas.

Le parti socialiste local puisqu’il faut bien l’appeler ainsi est bien implanté et gère bien mais il perd depuis 1998 les élections présidentielles et nationales depuis 7 années, il n’est donc qu’un recours bien mince au pouvoir de la droite. Il suffit simplement qu’elle serre le portefeuille des contributions gouvernementales aux communes pour que celles de gauche soient en difficulté de gestion, c’est ce qui peut se passer avec la suppression de la taxe professionnelle, donc, quoique sera le résultat des régionales la puissance socialiste ne pourra modifier la politique actuelle, elle est de second ordre.

Le contre pouvoir qu’elle offre comme porteur de correction sociale fait que malgré sa faible puissance les électeurs seraient attirés pour un vote sanction espérant un fléchissement de la politique gouvernementale. Tel ne sera le cas, Sarkozy n’en tiendra pas compte pour les raisons invoquées précédemment. De ce fait, il risque d’être en difficulté pour 2012 si sa politique au cours de ces deux années qu’ils lui restent n’apporte pas d’améliorations sociales notables.

Pour construire une place nationale en 2012, les socialistes doivent se servir des élections régionales pour peaufiner leur stratégie en favorisant des alliances avec les Verts qui ne demandent que ça en leur accordant des responsabilités, voire la gouvernance d’une région après le premier tour. Mais il faudra, s’il le fait, qu’il fasse très attention par ce que les électeurs socialistes du premier tour pourraient bien s’abstenir voyant le cadeau fait aux Verts qui les ont critiqués, c’est donc une arme à deux tranchants. Il reste le Modem bien bas dans cette élection avec 4 % pronostiqués, que peut-il apporter à la gauche la moitié de son électorat comme d’habitude, comment dans ces conditions les socialistes peuvent les prendre en considération ? Il faut bien comprendre que l’intégration dans une liste de membres d’un autre parti consiste à retirer de la liste des membres de son parti, or pour beaucoup le comportement du Modem mi figue mi raisin n’est pas le bienvenu, il ne mérite pas un tel sacrifice. Quand au front de gauche formé de dissidents socialistes et de communistes de nombreux accords de partenariat dans les communes de gauche ont déjà été conclus.

Même en large victoire des socialistes, ces élections régionales ne peuvent apporter une victoire nationale en 2012 si la gauche ne s’unit pas pour former une grande coalition au premier tour contre la droite, l’expérience l’a déjà démontrée.

Pour rire concours de blagues à Montpellier.

Concours de blagues à Montpellier
LEMONDE.FR | 09.03.10

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