C’est bientôt la rentrée…
Pas le retour du ski. Celle de septembre. C’est comme les collections, il faut s’y prendre à l’avance. La campagne électorale inexistante ayant l’air de ne semer que de l’indifférence, voyons plus loin.
Chers parents, vous le savez sans doute, mais autant être pédagogue et le répéter, en septembre prochain, pour la première fois, vos enfants auront peut-être la chance, à la place d’une tête grisonnante, au pas las des vacances, de découvrir une jeune femme (c’est son jour) fraîche émoulue du concours et de notre université à la fois. Peut-être saviez-vous que jadis, avant M Darcos, le débutant passait un an stagiaire à raison de 6 heures de cours par semaine et le reste en formation dans un machin intitulé IUFM. Exit le machin et vive son économie.
Désormais, la nouvelle fera 18 heures de cours dès son arrivée au collège ou au lycée.
Je me dois de vous annoncer, le répéter si vous en aviez déjà eu conscience, que cette enseignante aura eu le bonheur de ne jamais avoir vu d’autres élèves que ses camarades de Terminale, 5 ans auparavant.
Prenons le cas d’une enseignante de Philosophie qui aura face à elle, et parfois contre elle, 35 visages de 16 à 18 printemps, pour qui cette matière est un aléa obligatoire de leur scolarité. Elle aura passé, au terme d’études consacrées à étudier les textes des philosophes de Platon à Deleuze en passant par Kant, Hegel, Husserl et j’en passe, un concours où la psychologie de l’adolescent n’a pas figuré. Bon vent dans la cité royale !
On nous dit qu’elle aura droit à un « accompagnant », volontaire ? bénévole ? En Philo par exemple, dans un lycée, ils ne sont pas nombreux. On nous dit aussi qu’un tiers de son temps restera consacré à un « complément de formation ». Il appert donc que le Terminale n’aura pas de cours de Philo 2 semaines sur 3. Ah, mais j’oubliai, on croule sous les remplaçants. Dans un lycée où arriveront 3 Profs de Français, on peut d’ores et déjà prévoir un remplaçant à temps plein…
Après le vide, le trop plein. Il est dit, noble pensée, que les candidats aux concours CAPES et à l’Agrégation feront des stages dans les classes. Sachant qu’il y a souvent 10 fois plus de candidats que de reçus, cela fera du monde en promenade dans les lycées.
Je plains les chefs d’établissements qui auront à insérer ces visiteurs dans l’emploi du temps des élèves. Un casse-tête de plus, après les remplacements fictifs.
Ainsi, et une fois pour toutes, les 16 000 postes supprimés en 2010 n’apparaîtront pas en débours puisqu’ils sont immédiatement remplacés par les débutants qui ne passent pas par la case IUFM.
On nous jure que ces professeurs avec Bac+5 seront mieux formés comme si le talent enseignant dépendait de son érudition. Jadis, encore ! Après le Brevet, on entrait à l’Ecole Normale et nous avons eu d’excellents instituteurs. Pas forcément des puits de science.
En conclusion très provisoire, je ne confierai pas ma voiture à un mécanicien qui n’en a jamais vu. Idem pour les plombiers, les électriciens etc.. Heureusement qu’on ne procède pas ainsi en médecine ! (Ou alors le problème des retraites serait réglé !)
quel super papier,qui exprime bien le malaise ressenti par les ex-enseignants, les futurs, les parents , les étudiants, bref tous ceux que préoccupe non l’avenir du mamouth mais l’avenir des enfants de notre beau pays !
ils avaient déjà beaucoup perdu de leur culture , de leur orthographe, n(en parlons même pas, de leurs valeurs républicaines et citoyennes ( cquoicà ?)voilà maintenant qu’ils n’auront même plus droit à la PEDAGOGIE …Vous connaissez ?
merci Jacques pour votre lucidité et votre plume alerte !!!
[b]Ah, MUM, je savais que je vous aurai retrouvée ici.
je suis passée tout à l’heure, et comme il n’y avait personne sur ce magnifique texte de Jacques Monnet, j’allais repasser déposer mes FELICITATIONS, à l’auteur, pour sa prose, son humour grinçant, et la facilité ave laquelle il construit ses phrases.
L’IUFM n’était pas la panacée en matière d’apprentissage du métier d’Enseignant, mais si maintenant on y met directement des stagiaires sortis de facultés, sans aucune préparation à accueillir et a savoir transmettre son savoir.
Je crois que Nicolas Sarkozy a trouvé la bonne solution pour diminuer le nombre d’enseignants sans trop faire de vagues.
Car je plains ces malheureux, et combien d’entre eux renonceront à devenir enseignant, après avoir été lachés « NUS » dans la cage aux lions , qu’est une classe de 35 élèves ?
Amitiés
SOPHY[/b]
Decidemment, on casse tout depuis quelques temps sans autres raisons qu’economiques
Pauvres enseignants et pauvres eleves; l’éducation peau de chagrin sans moyens régresse, moins d’enseignants , on les remplacera un jour par des webcams des PC et des supports CD; la faute n’en est elle pas aux politiques et aux parents qui ont progressivement sapé l’autorité des profs jusqu’à les rendre …sans voix
On prefere depenser dans un ministere de l’Immigration et dans des pubs de mauvais gout; combien cela nous coute il?
Bien cordialement
eH OUI Sophy, ce texte ne pouvait me laisser indifférente … Le sujet me passionne toujours malgré la retraite et j’aime beaucoup ce qu’écrit en général mr Monnet , je me suis par exemple régalée avec son bouquin « rue des dames indignes »…
mais là n’est pas le triste sujet d’aujourd’hui ….Pour avoir été une normalienne heureuse à l’EN des BATIGNOLLES et avoir profité d’une formation professionnelle de 2 ans ( mi- cours, mi-stages en doublon dans les classes) je mesure la chance que nous avions d’aborder le métier avec un bagage pédagogique correcte nous permettant de répondre à toutes sortes de situations…Comme vous le dites si drôlement, que vont-ils devenir , envoyés TOUS NUS vers des gamins souvent cruels et pleins d’imagination pour pourrir la vie de leurs profs !
démissions, suicides, changement de cap professionnel … ah , ce ne sera bientôt plus qu’un beau souvenir l’école de Jules Ferry !!
Le but non avoué est de détruire l’enseignement public: ils y travaillent admirablement bien depuis deux ans. >:(
Siempre,
Il n’y a pas que l’enseignement public qui est détruit; conditions de travail archaiques et déplorables dans tous les domaines (meme le High Tech); degout des jeunes – avec raison- pour ce que nous avons construit et nos valeurs; je ne suis rentrée en France que depuis 3 ans mais le phenomene me semble exponentiel; on finance l’inutile pour mieux penaliser le necessaire; monstrueux … La France est devenue malade (voir l’interview de M. Marseille dans l’article de SOPHY) de par nos politiques…
:'(
AgnèsB, je ne peux, hélàs, que partager le bilan global que vous faites de notre pays !
Vous rentrez en France au moment où ce pays se fait déchiqueter de toutes parts par les vautours qui nous gouvernent.
La crise n’est même pas terminée que les banquiers recommencent à se remplir les poches grâce à l’ARGENT PUBLIC qui leur a été généreusement offert, tandis que le chômage, la crise du logement, la précarité, le démantèlement de tout le service public se développent à vitesse grand V!!!
Mille mercis à MUM, à Sophy et à chacun. Ce qui me navre le plus c’est bien sûr de l’avoir vu venir et de n’avoir rien pu faire. AUssi bien comme parents que comme enseignants. Nous subissons sans révolte puisque l’on nous a inculqué le bonheur, la réussite de l’individualisme. Je me répète mais je ne connais qu’un auteur, pensuer et écrivain qui nous alerte du haut de sa médiologie. R Debray. Nous dirons un jour AH oui! Mais c’est trop tard. Mes enfants sont à peu près passés à travers cette déroute, ais ce la ne m’empêche pas d’avoir honte de ce que notre génération leur laisse ( en plus de la dette). Enrichissez-vous! Oui mais pour le progrès COLLECTIF. La ruine du communisme (une catastrophe- Furet- ) n’a pas laissé place à un monde plus solidaire grâce au capital. Nous sommes simplement passés du capitalisme public, au privé. Et rien de plus. Que l’on appelle cela totalitarisme ou nationalisme d’état. Je crains que l’on paie un jour en boomerang l’addition sous la forme simple de « dégager les vieux ». Euthanasie, spoliation, abandon. Il est triste de savoir que nous sommes en train de le mériter.