La vie n’a pas de prix, mais il y a des circonstances dramatiques où il faut compenser la douleur des proches d’une victime d’une catastrophe (pretium doloris) par une indemnisation financière. Chaque acteur, juges, médecins, économistes, assureurs a son système d’évaluation !
Quels que soit les lieux des catastrophes, Paris, New York, Toulouse, l’Indonésie, Haïti, la fin d’une existence humaine donne lieu à une réparation financière parfois surréaliste et choquante.
Les méthodes de calcul sont d’un point de vue moral très contestables, car les critères d’évaluation ne sont pas les mêmes pour tous les individus. La valeur humaine varie selon le niveau de développement d’un pays, l’âge, le sexe, la nationalité, le milieu social ainsi que les circonstances de la mort.
Le crash du Concorde en juillet 2000 : 113 victimes Alors que le procès du crash du Concorde vient de s’ouvrir le 2 février 2010, devant le tribunal de Pontoise (Val d’Oise) pour déterminer la responsabilité des prévenus français et américains, le problème des indemnisations refait surface.Dix huit mois après l’accident, le groupement d’intérêt économique des assureurs d’Air France a conclu rapidement des transactions avec les sept cent ayants droit des familles des victimes.Les passagers de ce vol ont payé leur billet au même prix, sans savoir que leur vie n’avait pas la même valeur. Une grande disparité d’indemnisation a été proposée lors des négociations allant parfois jusqu’à soixante dix fois plus. Une enquête révèle qu’une famille aurait touché 115 000 euros et une autre 7,6 millions d’euros. Le problème majeur était de savoir quelle législation était applicable : française en raison du lieu de l’accident, allemande en vertu de la nationalité de certains disparus ou américaine compte tenu du fait que le vol était à destination de New York ? Les assureurs ont tout fait pour convaincre les familles de préférer la transaction financière à un procès très long et peut être moins intéressant au niveau des indemnisations.Les préjudices ont été calculés en fonction des situations de famille, de la profession des victimes, des revenus et du nombre d’ayants droit, ce qui explique autant de disparités.
Le World Trade Center : 3 173 morts et environ 10 000 blessés Dès fin décembre 2001, le plan d’indemnisation des victimes du 11 septembre était connu et laissait apparaître des écarts d’indemnisation qui allant de 1 à 8.Les montants ont aussi été calculés selon l’âge, le salaire des victimes, la taille de leurs familles. En contrepartie, les familles acceptant ces indemnisations, s’engageaient à ne pas porter plainte contre le gouvernement ou les compagnies aériennes. D’une façon générale, quel que soit le sinistre, une loi d’airain guide la profession : une vie qui continue vaut plus cher qu’une vie qui cesse. Une personne qui survit suite à un accident grave, mais qui reste dans un état végétatif le restant de sa vie, coûte en moyenne vingt fois plus que si elle était décédée sur le coup.Autre élément pris en considération, une vie anonyme vaut moins qu’une mort collective retransmise par les medias.Enfin, de nombreux acteurs entrent en concurrence à la suite des catastrophes : les tribunaux, les assureurs et les médecins.
Ces derniers utilisent des indicateurs tels : le taux d’incapacité permanente partielle, préjudice d’agrément, « pretium doloris » (prix de la douleur).
Il y a aussi les économistes, qui évaluent le nombre de vies sauvées avant d’engager des dépenses d’infrastructures, virages, rond-point ou tout simplement le manque à gagner pour l’Etat ( travail, des impôts et des cotisations).Le chiffrage de la valeur d’une vie peut même être calculé au niveau du PIB/habitant. Même si ce constat laisse à penser qu’aucune indemnisation financière ne peut compenser la vie d’un être humain, soyons confiant en notre destin car « rien ne vaut la vie » !
Merci Yolaine de ce très bel article et de son merveilleux hymne à la vie qui ne tien qu’à un fil…