On a pu penser à un phénomène passager, quasi climatique, en même temps que les premiers frimats, les langues se fourvoyaient en d’improbables associations. Mais au contraire des sorties de route automobiles qui réclament la présence de verglas, rien ne semble plus nécessiter ou justifier que des hommes politiques de droite comme de gauche se lâchent sans retenue et assument de sortir du droit chemin où dignité, respect et humilité signifient encore quelque chose.

Il semble que le non-débat sur l’identité nationale, non-débat tout simplement car ce thème n’a servi que de faire valoir pour affirmer des idées non négociables, ce non-débat donc a fait ressurgir l’étranger au coeur de tous les maux.
A un Brice Hortefeux qui préfère qu’il n’y ait qu’un auvergnat… arabe, Chirac confie à Juppé que celui-là n’est certainement pas natif de, ou Manuel Valls lui, veut des blancos sur la photo…
Dans cette ambiance délétère à souhait, les papys font volontiers de la résistance à commencer par un bon client du genre, Georges Frêche. Entre Harkis et juif pas catholique son coeur balance d’un excès à l’autre bien vite rejoint comme un écho par le Secrétaire d’Etat aux transports qui voit même des harkis parmi les élus modem de la liste de Ségolène Royal, ou le maire UMP de Franconville qui ne voit de noir qu’en équipe réserve du PSG. Ou . Un peu comme le site de l’UMP qui pour illustrer la délinquance montre trois jeunes…. noirs. Une constante que  relatait déjà Nadine Morano souhaitant que le musulman  ne parle pas le verlan ni ne mette sa casquette à l’envers.
Et je vous passe le déferlement de musulmans à Marseille pour saluer la victoire algérienne.
N’en jetez plus, ma coupe est pleine et pourtant elle ne désemplira pas de sitôt.
Faut-il donc comprendre que sous l’impulsion d’une droite décomplexée, c’est toute la classe politique blanche de notre pays qui marque son territoire ?
Doit-on admettre que dépassés par les effets de la mondialisation, ridiculisés par l’ampleur de crises dont ils ne maîtrisent rien, les politiques n’ont plus que la surenchère verbale comme argument ?
Engagés dans une politique toute axée sur la communication, les voilà prisonniers des médias dont le web, particulièrement friands de petites phrases ?
Au final, de ces mois écoulés, nait un silence assourdissant, celui du Front National dont le dirigeant historique fut jadis un maître dans cet art subtil. Ecrabouillé, laminé, renvoyé à de chers études le FN, les nouveaux rois de l’amalgame du mauvais jeu de mots et de la blague qui pue sont tous à  sa gauche…
Puisqu’il n’est plus possible de parler d’accidents ou de coïncidences, il faut se rendre à l’évidence, ces dérapages résultent d’une volonté, d’une stratégie.
Pour quelle ambition ? je serais tenté d’indiquer que l’ambition de tous ces tintamarres est de  normaliser, banaliser ce discours. Le dernier qui reste aux politiques : ils ne peuvent s’ériger en expert de quelques domaines que ce soit, ni en visionnaire du monde de demain, pas en sauveur non plus, encore moins en rassembleur.
C’est même tout le contraire, ce qui explique d’ailleurs bien pourquoi c’est lorsque l’on évoque la Nation que tout s’emballe, tant cette notion parait bien trop vaste, grande, témoin d’une époque révolue où la politique avait d’autres desseins. Elle n’a plus désormais que la mauvaise langue. Car ces temps d’incertitudes et de changements mettent à mal notre profession la plus conservatrice et la plus cooptée qui soit. Elle fait donc bloc contre tout ce qui contrarie son immobilisme et son souci de durer. Quitte à hisser les français contre d’autres français, à dépecer le territoire pour mieux le partager et garder l’illusion de le maîtriser. En ce sens, la réforme des collectivités n’est elle pas le complément idoine en professionnalisant et en limitant les édiles ? histoire de déraper encore, d’accord, mais de façon toujours contrôlée !