Décidément, Tartuffe a de beaux jours devant lui ! Après les affiches de Gainsbourg exhalant des volutes de fumée retouchées en conséquence pour apparaître dans le métro, la pipe de Jacques Tati remplacée par un moulin à vent, voici venu le temps du « floppage ».
« Flopper », kesako ? C’est retourner les images d’un film documentaire pour que les textes apparaissent à l’envers dans le but de ne pas pouvoir lire les marques : publicité clandestine !
Avant, ils floutaient, mais c’est plus compliqué et plus cher.
Or la loi est assez précise : « la présentation verbale ou visuelle de marques commerciales est répréhensible seulement quand cette présentation est faite dans un but publicitaire. »
On se retrouve avec des films à l’envers ce qui dans certains cas tourne au ridicule.
Les réalisateurs sont mécontents, mais la crainte de voir les annonceurs potentiels jaloux reprocher aux chaines de favoriser des concurrents provoque une autocensure préalable.
Les cameramen chevronnés intègrent cette contrainte dès le tournage en évitant de filmer des marques ou en faisant changer les gens qui portent des vêtements avec des marques visibles.
C’est le délire ! Surtout qu’on sait qu’il est impossible de le faire dans toutes les situations.
Imagine-t-on de montrer un match de foot sans montrer le maillot ou une course cycliste où les marques sont citées sans arrêt ? On a depuis longtemps abdiqué devant les sportifs affichant ostensiblement la marque de leur sponsor.
La maîtrise de la technique autorise bien des abus au mépris du spectateur qui est quand même assez grand pour faire la distinction entre un documentaire et de la pub !