Non, il ne s’agit pas d’un soignant qui maltraite un patient…Mais d’un patient qui manque de tuer une soignante…

 

Maison de retraite, qu’est-ce que cela évoque ? Une structure où les personnes âgées peuvent se reposer ? Bénéficier de soins ? Ne pas sombrer dans la solitude ? A priori, oui ! Mais, pas seulement.

 

Quand un homme de 85 ans, résidant d’un EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) s’en prend au personnel, couteau en main, on se demande si on est bien dans une maison de retraite…C’est un Hulk, a lui tout seul. Pour le neutraliser, il y a besoin de 6 personnes, rien que ça.

 

Ce monsieur, atteint d’une pathologique psychiatrique n’a visiblement pas sa place dans l’établissement, puisque sa violence, quotidienne, et tout à fait incontrôlable par l’équipe soignante. Et cela, pour plusieurs raisons :

 

 

         La structure ne contient pas de chambre d’isolement, comme dans les établissements psychiatriques, qui permettent lors de crises violentes, à la fois de calmer le patient violent, et de protéger les personnes qui l’entourent. Alors quand monsieur pète un plomb, on ne peut rien faire pour assurer la sécurité du personnel comme des résidents. On doit le contenir, avec nos mains, pour ne pas avoir de coups… Dans une maison de retraite, les résidents ont des droits, ils mangent comme vous et moi avec une fourchette, et….un couteau. Dans les établissements psychiatriques, les patients n’y ont pas accès.

 

         Aucun médecin n’est présent dans la structure. L’infirmière doit donc l’appeler et celui-ci, s’il daigne se déplacer, vient examiner le patient. Mais comme souvent, il ne se déplace pas, c’est l’infirmière, qui exécute les prescriptions « téléphoniques », et donc illégales, à savoir, une injection de produit sédatif.

 

                   L’infirmière a donc le choix :

·        ne pas administrer le traitement car il n’y a pas de prescriptions proprement dites au risque que quelqu’un soit gravement blessé par le patient agité (qui peut d’ailleurs vouloir attenter à ces jours)

·        ou l’administrer, au risque de mettre sa carrière en jeu en cas de réaction secondaire au traitement. La responsabilité est engagée. En cas de problème, de toute façon c’est l’infirmière qui prend.

 

 

Ainsi, cet homme risque à tout moment de passer à l’acte…et faire la une des médias : « Une infirmière poignardée… » Ou : « Une personne âgée étranglée dans une maison de retraite… »

 

Devant la gravité de certaines crises, on parvient à faire hospitaliser la personne agressive, mais c’est un parcours du combattant. Il faut montrer patte blanche. Certains services de psychiatrie refusent d’envoyer une ambulance. Pourquoi ? Aucune idée… Et quand un autre service accueille le patient, donc en urgence, il ne constate aucune attitude agressive chez le patient, et le renvoie, sans modification du traitement.

 

Résultat des courses : on recommence tout à zéro, jusqu’à ce qu’il tue quelqu’un. C’est ça ? Il faut attendre que cet homme tue quelqu’un pour réagir ? Pour le soigner ?

 

Les médecins se renvoient la balle. Pendant que les soignantes sont frappées, griffées, parfois étranglées ou menacées au couteau. Quand certaines familles portent plainte contre des soignants pour maltraitance, parfois sans arguments réels, on se demande si les soignants ne devraient pas eux aussi porter plainte, pour se protéger, protéger leur carrière, leur santé physique et morale, et pour faire soigner le patient violent, qui est en souffrance lui aussi. Mais où va-t-on ? On veut soigner…aider, et on risque notre peau…

C’est la trouille au ventre qu’elles vont travailler, les soignantes.

 

Voilà, un coup de gueule de plus…