Insolite créateur qu’Éric Gougelin, que les collectionneurs classent très souvent dans les « singuliers » ou les « visionnaires dissidents », voire improprement dans les « bruts ». Habitué de la galerie Marassa Trois à Paris, il y est revenu pour une exposition « Pouppas et petites toiles » jusqu’au 30 janvier 2009.
Il est pourtant prolixe, affable, et donc, en anglais, congenial (sympathique). Mais au sens français de la congénialité (« qui s’accorde à la nature profonde de… », selon le Grand Robert), même s’il se préserve bien d’imposer ses vues, il incite à la retenue : va-t-on réellement comprendre sa démarche ? Ne risque-t-on pas de mésinterpréter ou surinterpréter son propos ? Comment est-on « interpellé » par ses créations ? Voilà que je sombre dans le jargon du critique d’art, que j’ai feint d’interprêter à ma manière (faute de jeunesse et de totale inexpérience incultivée), de celui que boursouflent des des phrases supposées « ciselées ». Bref, il incite aussi à s’épargner l’impair. Pourtant, il ne faut pas passer, mais tenter de s’imprégner.
« L’artiste, lui, aura fait le voyage dans la plus haute solitude, » considère à son sujet Claude Boyaval dans la page qu’il lui consacre dans un catalogue du musée de la Création franche de Bègles. La galerie Marassa Trois est un point convergent de la culture artistique (mais pas seulement) haïtienne, imprégnée par le vaudou, et un lieu de rendez-vous d’artistes dits singuliers de tous horizons. Bègles, de même, en invitant Éric Gougelin, a convié l’un ces plasticiens ou créateurs illustrant le « refus des références, des modes et des enseignements. Ces univers, dont nous sommes tous en secret porteurs, se croisent, s’interpénètrent parfois, aux lisières du fantastique. » Les références d’Éric Gougelin ont notamment pour points communs avec la galerie Marassa Trois une forte imprégnation de l’ethnologie, l’anthropologie… Mais elles sont bien antérieures à sa fréquentation des lieux. « Les œuvres montrées ici m’inspirent, mais je suis surtout impliqué de longue date dans mes passions, l’archéologie et l’ethnologie, » indique-t-il. Parti de et dans la peinture très tôt, dès l’adolescence, puis dans la céramique et le modelage, il alterne désormais sculpture, peinture, et désormais peuplement de ses tribus de « pouppas ». « Il s’agit de fétiches qu’on pose ou dispose aux murs tel un rituel ; mon travail évoque la mort, les momies, les âmes évanouies mais il tourne autour de la renaissance, donc de la fertilité… ».
Marassa Trois révèle une douzaine de ces pouppas réalisées au cours des dernières semaines de 2009, et des portraits de créatures qui, passé le premier regard, n’ont plus rien de morbides. « Elles sont en effet vivantes, car je travaille avec la vie ; elles sont faites en vue d’un acte propiciatoire, à chacun de trouver lequel, d’en faire des ex-voto de ses vœux muets… ». Éric Gougelin a commencé à structurer son travail, débuté antérieurement, vers 1979 mais il n’a exposé qu’en 1997. « Je n’étais pas prêt, » assure-t-il. Ses bénéfiques succubes ont donc longtemps incubé son imaginaire sous-jacent. Artiste ayant longtemps « échappé » aux influences de l’histoire des arts modernes (du Moyen-Âge, ici), Éric Gougelin, avait auparavant abordé de nombreux genres, dont l’art postal. Il ne cesse en fait d’expérimenter. Mais pour le moment, c’est à vous d’insuffler ses pouppas pour en faire les automates de vos futures gestes.
MR-GOUGELIN-EST-L’INITIER-dans l’univers de ce monde,ou,la symbolique,n’est que lineaire…
j’ai connu ERIC il y a plus de 20 ans maintenant ..il était déjà pasionné .. d’archéologie …je n’oublierais pas son pied de momie qui pronait dans sa chambre du 14 eme arrondissement …… un gars ..venu d’une autre planete me disais je à l’époque .. drole de le revoir aujourd hui
amitiés